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Quand le trafic de cocaïne emprunte le chemin tracé par celui du haschich

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  • Quand le trafic de cocaïne emprunte le chemin tracé par celui du haschich

    Une filière d'importation de cocaïne, typique des nouveaux flux qui déferlent en Europe depuis l'Afrique de l'Ouest, a été démantelée, après dix mois d'enquête de la direction interrégionale de police judiciaire (DIPJ) de Lyon, dans le cadre d'une instruction ouverte par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS).

    Selon un commissaire, "plusieurs centaines de kilos de cocaïne" ont été convoyés par un réseau qui transitait par l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry à destination de Londres, pour alimenter le marché britannique. C'est dans cet aéroport que l'affaire débute, en mai 2007, lorsque les douanes détectent sept kilos de cocaïne dans la valise d'un quinquagénaire belge en provenance de Cotonou, au Bénin, via Casablanca.


    La cocaïne est pure à 90 %, d'une valeur marchande évaluée à 45 000 euros le kilo. En recueillant et en recoupant ses déclarations, en étudiant son entourage, la brigade des stupéfiants de la PJ lyonnaise découvre d'autres passeurs, aux liens particuliers. Ils appartiennent à une même famille originaire de Tirlemont, petite ville de la Belgique flamande. Le père, sa femme, son ancienne femme, ses enfants, le grand-père, l'amie de sa fille, des cousins... Tous avaient participé à des voyages au trajet similaire, transportant à chaque fois plusieurs kilos de cocaïne dans leurs valises à double fond. Ils se déplaçaient seul, à deux, à plusieurs, jusqu'à dix dans le même avion, avec une apparence de touristes anonymes éloignée des profils habituellement suspectés par les services des douanes.


    "GRANDS VOYAGES"


    Quatorze membres de la famille, âgés de 25 à 65 ans, sans passé judiciaire marqué, décrits comme socialement modestes, ont été interpellés et écroués, pour la plupart en Belgique. Ils percevaient de 8 000 à 10 000 euros pour des "grands voyages" d'Afrique vers l'Angleterre, 4 000 euros pour un trajet qui s'arrêtait à Lyon. Dans ce dernier cas, une femme surnommée "Yoyo", entourée d'hommes de main, les rétribuait et prenait la drogue.

    Cette Anglaise d'origine togolaise a été identifiée par les limiers lyonnais. Interpellée à Londres, elle a été déférée à la juridiction spécialisée de Lyon en vertu d'un mandat d'arrêt européen. Mise en examen et écrouée le 28 janvier, elle est suspectée d'avoir animé le réseau. Un autre membre présumé de la filière, un Français âgé d'une trentaine d'années, a été arrêté à Nantes dès son retour du Bénin, en possession de sept kilos de cocaïne. Il a été lui aussi déféré à Lyon et écroué.

    Après plusieurs commissions rogatoires internationales, une réunion d'enquêteurs et de magistrats français, anglais et belges, s'est tenue au début du mois de mars 2008 à La Haye, sous l'égide d'Eurojust, l'organe de coopération judiciaire de l'Union européenne, afin de coordonner les poursuites pénales dans les pays concernés.

    La cocaïne provient d'Afrique de l'Ouest, région de stockage privilégiée par les pays producteurs d'Amérique du Sud à la recherche de nouveaux marchés. Une fois acheminée au nord du continent, elle peut emprunter les chemins déjà tracés par le trafic de haschich. Elle prend souvent l'avion, plus direct, "avec des passeurs qui n'ont pas fini de nous étonner", confie un enquêteur lyonnais.

    Richard Schittly (Le Monde)
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