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Fonds arabes d’investissement Entre amateurisme et chasse au foncier

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  • Fonds arabes d’investissement Entre amateurisme et chasse au foncier

    Fonds arabes d’investissement



    Un fonds d’investissement n’a, par définition, aucune expertise dans la mise en œuvre,
    la gestion et l’exploitation d’un quelconque projet.
    On entend ici et là de grandes déclarations sur des investissements astronomiques, en milliards de dollars, de fonds d’investissement sur des projets principalement immobiliers. Alors que la nature même d’un fonds est d’investir dans des projets pendant une durée de cinq années au plus et de sortir avec un bénéfice cumulé de plus de 50% sur cette durée, on se demande comment dans les projets choisis ce bénéfice sera réalisé.

    La stratégie des fonds arabes : acquisition
    du foncier
    Emaar et EIIC, deux fonds arabes détenus par des cheikhs rentiers du pétrole, ont longtemps “dragué” les autorités afin d’obtenir des concessions de terrain aux alentours d’Alger dans le but de promouvoir des ensembles immobiliers allant de sites hospitaliers, hôtels de luxe au centre de séminaires. C’est en tout cas ce que le “cahier des charges” liant les autorités à ces fonds prévoit. Mais comment dans une période de cinq années les soi-disant 10 milliards de dollars, investis dans ces projets, deviendront 15 milliards de dollars au bout de ces cinq années ? La prise en possession (location sur 99 années) des terres en est la première étape (les terres n’appartenant pas toujours à l’État, les personnes expropriées sont dédommagées par l’État).

    Attraction des véritables investisseurs-développeurs

    Un fonds d’investissement n’a, par définition, aucune expertise dans la mise en œuvre, la gestion et l’exploitation d’un quelconque projet. Le fonds investit sous forme d’acquisition de parts sociales puis revend ces parts cinq années plus tard à un prix plus élevé que son investissement initial et va voir ailleurs pour refaire la même chose. Or, en Algérie, ce n’est pas le cas. Une fois la terre à l’actif des fonds, ils vont pouvoir attirer des professionnels de chaque secteur pour réaliser et exploiter les hôpitaux, les hôtels, les centres de séminaires et les ensembles immobiliers. Des sociétés spécifiques à chaque entité seront créées. Ces sociétés seront détenues par ces fonds arabes et les investisseurs-développeurs et peut-être ouvertes à d’autres investisseurs. À la maturité de chaque projet, les fonds arabes revendront leurs parts au plus offrant en espérant avoir fait un bénéfice conséquent. Cette plus-value n’étant bien entendu pas taxée.
    Mais comment ces hôpitaux, ces hôtels, ces centres de séminaires et les appartements vont bien pouvoir rapporter à ces investisseurs ? Et combien d’hôpitaux, d’hôtels, de centres de séminaires et d’appartements faudra-t-il construire pour dépenser ces dix milliards de dollars ?

    Les chiffres

    On n’invente rien en disant que le prix de la construction grimpe de manière vertigineuse et que le prix de référence aux alentours d’Alger se situe vers les 2 000 dollars/m2 pour les constructions privées, soit 50 000 nouveaux appartements de 100 m2 pour dix milliards d’investissement (le programme de quelques années du ministère de l’Habitat). Afin d’honorer un niveau de retour sur investissement minimum, le mètre carré construit se vendra au moins 3 000 dollars/m2 et ce, sans compter l’inflation, la hausse des prix des matériaux, etc. De plus, en ce qui concerne la réalisation d’hôpitaux et centres de séminaires, ces derniers ne seront pas érigés pour soigner la masse. Ce seront des centres hospitaliers à la tunisienne pour remplacer des cheveux ou refaire des lèvres gercées. Sérieusement, qui va gérer ces hôpitaux ? Auront-ils l’agrément des autorités pour faire ce qu’ils veulent ? Combien de lits ? Qui est l’investisseur-développeur professionnel assez insensé pour investir dans un hôpital, le gérer, embaucher du personnel localement, facturer les prestations de soins à des prix que l’on ne s’imagine même pas ?
    Les choix stratégiques des autorités

    Quelle est la valeur ajoutée pour l’État de tels investissements ? On a entendu dire qu’il y aura 75 000 créations d’emplois : pour quatre hôtels, des centres de loisirs, des vaches laitières ? L’autouroute Est-Ouest coûte autant et emploie quinze fois moins de personnes. Des rentrées fiscales ? Au titre de l’Andi, ces projets en seront certainement exemptés… de la création de valeurs ? Ce ne sont pas des industries. Il ne manquerait plus que ces projets accaparent le peu de liquidités qui restera dans les banques publiques après financement des grands projets d’infrastructure pour que la saignée soit parfaite.
    Pourquoi les autorités n’ont pas dirigé ces investissements vers des secteurs de production et de services : centrales électriques, projets de transformation industrielle, plus de cimenteries (la capacité de production actuelle ne pourra plus bientôt répondre à la demande) ?
    On espère que les autorités veilleront à se montrer vigilantes à ce type de fonds très amateurs dans l’exploration et la production de pétrole et de gaz ; il existe largement assez d’autres partenaires plus spécialisés dans le secteur et qui sont, eux, véritablement souverains.
    Nous n’avons pas le même cycle économique et industriel que ces pays arabes qui ont fait de l’immobilier leur nouveau moteur de croissance pour une population qui peut se le permettre. On n’est pas encore à ce stade, loin de là !
    Les risques pris par ces fonds en se lançant dans de tels projets en Algérie ne peuvent pas avoir été pris à la légère… ou bien c’est qu’il existe vraiment trop d’argent chez ces cheikhs arabes et ils viennent le dépenser chez nous. Non, on ne peut le croire car ces fonds sont trop bien conseillés et gérés localement pour ne pas savoir où ils vont.
    Safou Djamel

    ... « La douleur m’a brisée, la fraternité m’a relevée, de ma blessure a jailli un fleuve de liberté » Mémorial de Caen .
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