Le potentiel est prometteur mais les contraintes existent
Le marché algérien des centres d’appels est prometteur, avec 24 prestataires dont 15 activant en offshoring avec les sociétés étrangères et des milliers de postes d’emploi créés. Reste toutefois que ce développement est contraint notamment par un système bancaire à la traîne, l’engouement insuffisant des entreprises opérant en Algérie qui favorise davantage l’offshoring que le local….
Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) - La 2e édition du Salon national des Centres d’appels (call centers) aura lieu en mai prochain, coïncidant avec la Journée des Télécommunications. Ce salon se tiendra sous l’égide de l’Association algérienne de la relation client (AARC) qui regroupe 15 sociétés activant ou en projet dans ce domaine et lancée depuis février 2008 sous le patronage du ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication. Boudjemaâ Haichour qui a effectué hier une visite d’inspection des locaux de trois centres d’appels privés fort dynamiques, Vox Algérie, Prospect Solution et Wintel Contacts, ainsi que du call center de Mobilis dédié exclusivement au local. Une inspection qui a permis au ministre des TIC de constater le développement prometteur, rapide, de ces prestataires en matière de réception d’appels, émission d’appels, télémarketing et vente, et offres de services de téléphonie à haute valeur ajoutée. Un domaine où la destination Algérie est appelée à se développer pour paraphraser le directeur général de Vox Algérie, Reda Mehigueni, notre pays étant voué à combler à moyen terme le gap qui le sépare de nos voisins (Maroc et Tunisie).
Les atouts du secteur
Cela grâce à ses atouts dont l’ouverture linguistique et la maîtrise de la langue française, la forte maîtrise technique, des ressources humaines qualifiées et compétentes, jeunes et motivées, des coûts relativement moins chers comparés à ceux du Maroc. Voire une production de 64% moins chère qu’en France, outre un coût de l’heure par rapport à l’agent de 9,9%, plus bas que celui de nos voisins. Un développement réussi également grâce à la mise en place d’une exonération de l’IBS sur 6 ans, l’amendement du décret de 2006 conditionnant l’ouverture d’un centre d’appel par la suppression de la taxe de 5% sur le chiffre d’affaires et la réduction de la redevance annuelle de 10 à 1 million de dinars. Cela aussi grâce à la saturation en moyens humains en France, encourageant le développement de la délocalisation et de l’externationalisation, l’offshoring avec les pays du Maghreb. En relevant que 90% des clients des membres de l’AARC sont des sociétés étrangères et françaises, selon la président de l’AARC et directrice marketing de Vox Algérie, Medina Boulahchiche.
2 000 postes d’emploi à terme dans l’offshoring
Mais aussi grâce à la possibilité évoquée par Boudjemaâ Haichour de développer la formation dans le domaine de la téléphonie en partenariat avec la formation professionnelle. En cours de professionnalisation et de labellisation, un secteur qui compte 24 prestataires autorisés par l’Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (ARPT) dont les 15 membres de l’AARC. Il comporte un nombre global de positions (téléconseillers) de 800 positions (50 000 au Maroc et 20 000 en Tunisie). Parmi ces 800 positions, on compte 350 pour l’AARC (dont 50 télé conseillers et superviseurs actuellement et 120 à la fin 2008 pour la société privée Vox Algérie). En précisant qu’une position représente en fait trois postes d’emploi et donc emploie 3 personnes). Ainsi, ce secteur affiche quelque 2000 postes d’emploi créés à terme dans l’offshoring, sans compter les milliers de postes d’emploi générés par les call centers des opérateurs privés et publics de téléphonie mobile. Soit, un nombre d’emplois de l’ordre de 4000, selon les estimations du ministre des TIC.
Les contraintes du secteur
Il reste toutefois que le développement des call centers au local reste balbutiant, à l’exception des centres spécialisés des opérateurs de téléphonie mobile. Il est contraint, à vrai dire, par un système bancaire national «à la traîne», selon les dires du jeune manager de Wintel Contacts, Hichem Ghoualmi. Ce dernier estimant que le marché algérien n’est pas encore bien développé. Cela même si Wintel Contacts avec 160 positions et 100 salariés affiche un chiffre d’affaires prometteur de l’ordre de 1 million d’euros en seulement deux ans d’existence. Mais aussi par l’engouement insuffisant des entreprises opérant en Algérie, ce qui favorise davantage l’offshoring, au détriment du local. En signalant que la réception d’appels dépend de gros donneurs d’ordres, ce qui n’existe pas encore dans notre pays. Et cela même si les délais de paiement des prestataires algériens par leurs clients français sont très lents, dépassant les 30 jours, obligeant ces prestataires à détenir des fonds de roulement pour 6 mois. Sans rappeler que le coût d’une liaison spécialisée est excessif, de 900 000 dinars, en l’absence d’une convention liant les sociétés de call centers à Algérie Télécom, outre les contraintes du foncier.
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