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La Grande-Bretagne n'est plus si modèle

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  • La Grande-Bretagne n'est plus si modèle

    Magazine Challenges | 27.03.2008
    Alors que les secteurs cruciaux de la finance et de l'immobilier sont menacés, le gouvernement peine à relancer l'emploi.

    Nicolas Sarkozy et Gordon Brown sur un terrain de foot pour raviver l'Entente cordiale ? Plutôt osé, vu la carrure de joueur de rugby du Premier ministre britannique. Mais ainsi l'a voulu le président français ce jeudi 27 mars, pour sa deuxième journée de visite officielle au Royaume-Uni, en réclamant que le sommet franco-britannique se tienne à l'Emirates Stadium, le stade d'Arsenal, son club préféré. Selon la rumeur, Nicolas devait même taquiner la balle avec son ami Gordon. Avec des sondages au plus bas, Brown n'est pourtant guère en meilleure forme que Sarkozy. Le nouveau locataire de Downing Street a beau répéter que tout va bien, que «l'économie britannique est résistante et fondamentalement solide», de gros nuages s'accumulent à l'horizon, laissant entrevoir un modèle britannique plus fragile que prévu. Le nouveau chancelier de l'Echiquier, Alistair Darling, ne l'a pas caché, révisant la croissance pour 2008 (1,75 à 2,25% au lieu des 2,5 à 3% escomptés). En cause, les répercussions de la crise internationale, qui grippent dangereusement les deux moteurs de l'activité du pays : la finance et l'immobilier.

    Situation délicate

    «L'économie britannique est très spécialisée dans les services financiers (21% de l'emploi total et de 10 à 20% du PIB), souligne l'économiste de Natixis, Alexis Garatti. «Avec le ralentissement du marché la situation est délicate, car une moindre richesse immobilière réduit les placements financiers, et une baisse des revenus dans les services financiers diminue la demande d'immobilier.» Selon l'économiste, les répercussions de la crise sur l'emploi vont rapidement se faire sentir. Certains experts estiment déjà à 10 000, voire 30 000, le nombre de postes qui seront supprimés à la City dans les mois à venir. Et ils s'interrogent quant aux effets sur le reste du marché du travail.
    En janvier 2007, le candidat Sarkozy avait tenu à visiter le Jobcenter Plus de Marylebone à Londres, modèle de la réussite britannique du traitement du chômage et du Welfare to Work, dupliqué, en partie, dans la loi Borloo. Mais, depuis, le système connaît quelques ratés : le retour à l'emploi des chômeurs se révèle moins durable que prévu, obligeant le département du Travail et des Pensions (DWP) à offrir une prime aux entreprises de formation pour tout contrat conservé au-delà de six mois. «Nous voulons créer une masse critique de fournisseurs qui puissent apporter une aide personnalisée aux chercheurs d'emploi», justifie James Purnell, secrétaire d'Etat au Travail, dont l'objectif est d'aider 250000 personnes à trouver un emploi d'ici à 2012. Sachant que 4,5 millions de personnes en Grande-Bretagne n'ont toujours aucune qualification.

    Si les statistiques de l'emploi britannique sont flatteuses (5,2% de taux de chômage), la réalité est moins rose. Officiellement, 794 000 demandeurs d'emploi sont répertoriés outre-Manche, mais quelque 2,8 millions d'invalides ne sont pas considérés comme chômeurs, alors que près d'un tiers seulement serait vraiment en incapacité. Plus grave, d'après l'Insee britannique, leur nombre est en hausse constante depuis 2002 (+83 000 en 2007 par rapport à 2006), ce qui a obligé le gouvernement à annoncer le renforcement des vérifications et un alourdissement des sanctions contre les fraudeurs. Avec quel argent ?

    Caisses vides


    Le Trésor n'est guère disposé à augmenter les subsides déjà lourds de la politique du New Deal (1,2 milliard d'euros par an). Et les caisses sont vides. Alors que la réussite économique de Tony Blair reposait en grande partie sur la manne financière accumulée lors de son premier mandat et dépensée lors des suivants, Gordon Brown, lui, se retrouve à sec. Plus question de créer de nouveaux emplois publics comme ceux qui ont déjà tiré le marché du travail depuis 1997. Pas question non plus de plan de relance pour soutenir des contribuables saignés par la hausse de leurs mensualités et leurs factures d'énergie. En asséchant les recettes fiscales de la City, la crise bancaire risque de faire sérieusement déraper le budget de l'Etat.
    Dans ce contexte, les Britanniques devraient être rassurés d'avoir à leur tête l'ancien «chancelier de fer», considéré depuis dix ans comme le meilleur gestionnaire de l'économie du pays. Pourtant, depuis son déménagement du 11 au 10 Downing Street, Gordon Brown s'est mis le milieu des affaires à dos. D'abord en annonçant, en octobre, un toilettage de la fiscalité des plus-values qui pénalise l'investissement à plus de deux ans, et ce «au mauvais moment du cycle économique», grogne Richard Lambert, le patron de la CBI, le Medef britannique. Ensuite en décidant, le mois dernier, de réduire les avantages du régime fiscal dont bénéficient les étrangers qui vivent au Royaume-Uni sans y être domiciliés. A ce compte-là, Brown risque de réconcilier les milieux d'affaires avec les conservateurs. Tony Blair appréciera...
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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