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Le commerce des nouveaux déchets toxiques explose

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  • Le commerce des nouveaux déchets toxiques explose

    Outre les déchets toxiques, les pays développés exportent de plus en plus d’ordinateurs, téléphones portables et télévisions dans les pays en développement. L’expert de l’ONU sur les déchets toxiques, Okechukwu Ibeanu, a confié à TDH qu’il s’inquiète de ce que ces ''déchets électroniques'' sont souvent présentés comme une forme d’aide au développement.
    Les déchets électroniques des pays riches finissent de plus en plus dans des poubelles électroniques des pays en développement, où il n’y a pas moyen de les entreposer de façon sûre. L’expert de l’ONU sur les déchets toxiques, Okechukwu Ibeanu, affirme que les équipements électroniques usagés, offerts souvent au titre de l’aide au développement, peuvent poser des risques sérieux à l’environnement et à la santé humaine.

    Info Sud : Les déchets toxiques et dangereux posent-ils un grave problème ?

    Okechukwu Ibeanu : Un problème énorme. Cela va probablement être le problème le plus grave que le monde va devoir affronter au cours de ce siècle, surtout dans les pays en développement. Jusqu’à présent, il arrivait que quelques compagnies occidentales isolées déversent quelques tonnes de déchets toxiques dans des régions isolées des pays en développement, mais ce commerce est devenu maintenant plus systématique et il est en train de prendre de l’ampleur.

    Info Sud : Quel est le secteur qui augmente le plus ?

    Okechukwu Ibeanu : L’une des questions qui posent le plus de souci est la décharge de déchets électroniques. Ordinateurs, frigos, téléphones portables, télévisions et autre produits de consommation qui ont été utilisés dans le pays plus riches et finissent comme ''déchets électroniques'' dans les pays en développement. L’un des problèmes les plus préoccupants est qu’une partie de ces déchets se retrouve dans les pays en développement sous forme d’aide au développement.

    Info Sud : Mais les gens donnent sûrement leurs ordinateurs usagés aux pays pauvres en toute bonne fois et ça ne devrait en principe avoir rien en commun avec les décharges illicites.

    Okechukwu Ibeanu : C’est tout le paradoxe. Un ordinateur qui arrive en fin vie, une fois ouvert il contient au moins 21 produits chimiques toxiques différents. Le problème est que beaucoup de pays pauvres ne disposent pas de la technologie et de l’expertise technique pour détruire ou entreposer ces déchets en toute sécurité.

    Info Sud : Il existe des règles internationales qui interdisent la décharge ou le mouvement illicite de déchets dangereux et toxiques, pourtant leur commerce explose. Quelle est la solution ?

    Okechukwu Ibeanu : Beaucoup de pays en développement font du commerce des déchets toxiques à cause de la pauvreté, mais les bénéfices monétaires à court terme sont de loin contrebalancés par les impacts à long terme sur l’environnement, les risques pour la vie, la santé et l’habitat des populations affectées. Les pays qui n’ont pas la technologie ou le savoir-faire technique pour manipuler ces déchets en sécurité et les entreposer devraient se concentrer sur d’autres activités génératrices de revenu.

    Info Sud : Les gouvernements et les entreprises sont souvent réticents à donner des informations, en raison de la sécurité nationale et du secret commercial. Que pouvez-vous faire pour les encourager à être plus ouverts ?

    Okechukwu Ibeanu : On a attiré mon attention sur beaucoup de cas d’Etats et entreprises qui ne partagent pas des informations vitales sur les effets potentiels de la pollution ou sur les dommages environnementaux, tant qu’un accident ne s’est pas produit. Après un accident, ils retiennent aussi souvent l’information, la falsifient ou la retardent. Mais ils doivent prendre conscience que le public a le droit d’être informé et que restreindre ce droit peut créer des problèmes plus graves à long terme.

    Info Sud : Quel genre de droit à l’information ?

    Okechukwu Ibeanu : Les gouvernements doivent vraiment recevoir une information sur les conséquences de ces déchets sur la santé des populations rurales pauvres, qui sont souvent isolées et illettrées. Par exemple, les produits chimiques toxiques devraient être indiqués dans la langue locale. On doit faire plus pour expliquer aux femmes et aux enfants les risques sanitaires qu’implique le fait de travailler dans des industries polluantes ou de fouiller les décharges pour récupérer des matériaux à recycler et à vendre.

    Info Sud : Les pays en développement ont déjà beaucoup à faire avec l’impact du changement climatique sur la santé et l’environnement. Est-ce réaliste de prétendre qu’ils mettent leur peu de ressources dans des campagnes d’information publique sur les déchets toxiques ?

    Okechukwu Ibeanu : Informer le public sur les déchets toxiques est vital car, contrairement au changement climatique, les gens n’en voient pas les effets tout de suite. Ils font l’expérience de la sécheresse, des inondations et des tempêtes qui accompagnent le changement climatique. Mais ça peut prendre des années avant que les gens tombent malades à cause de l’empoisonnement au mercure ou de l’exposition au DDT ou au PCB. Ils doivent être mis en garde contre ces dangers pour pouvoir agir pour diminuer les risques sur la santé.

    Info Sud : Votre mandat est ouvert au renouvellement, avez-vous peur qu’il ne soit pas renouvelé ?

    Okechukwu Ibeanu : Le problème n’est pas son renouvellement, mais comment le renforcer. J’aimerais l’élargir pour y inclure non seulement les mouvements transfrontaliers de déchets toxiques, mais aussi le fait de les entreposer dans un pays. Je voudrais aussi pouvoir me concentrer plus sur les multinationales.
    Claire Doole pour Info Sud (Suisse)
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