"Les privatisations ne doivent pas toucher les secteurs stratégiques
Dans cet entretien, le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou répond sans détour aux questions posées. Plusieurs sujets lié à l’actualité ou encore en relation avec le parti sont évoqués. Et comme à son habitude l’interviewé ne se gênera pas pour dire le fond de sa pensé et rappeler le positions de sa formation politique, le FFS.
Le 4ème congrès du FFS a été aussi consacré aux questions sociales et de développement. Mais on n’arrive pas à comprendre votre position à l’égard des privatisations. Êtes-vous foncièrement contre le principe ou exigez-vous plus de transparence ?
Karim Tabbou : Pour le FFS, la privatisation doit être un moyen et non une fin en soi et que cette démarche ne peut être justifiée que dans le cadre d’une politique économique clairement définie et approuvée par des institutions démocratiquement élues et représentant les intérêts légitimes de la population. Les réformes en cours et les politiques mises en œuvre par le pouvoir consacrent le bradage pure et simple de l’économie nationale. Elle intervient en l’absence d’une stratégie industrielle largement concertée qui sauvegarde le développement du pays, son indépendance économique et l’emploi de sa population. Certainement, cette politique provoquerait à très court terme, des conséquences économiques et sociales considérables. Des pans entiers de la société, des milliers de travailleurs et des régions entières en subiraient les frais. Pour nous, la privatisation doit obéir aux règles et aux normes économiques : Une totale transparence, la consultation et l’adhésion des travailleurs directement concernés et de leur représentation syndicale ainsi que de l’ensemble de la population propriétaire du patrimoine national.
Nous considérons que les privatisations ne doivent pas toucher les secteurs stratégiques protégés par la constitution, dont les hydrocarbures et que toute cession de patrimoine national à des étrangers ne doit en aucun cas aboutir à un contrôle extérieur de la production nationale, ni à une dépendance technologique et financière du pays. Je profite de cette occasion pour lancer un appel aux autorités qui exercent actuellement le pouvoir en vue de ne pas désengager l’Etat de ses responsabilités dans le secteur économique, de ne pas déposséder le pays d’un secteur public assaini et d’une base industrielle modernisée, seule à même de valoriser nos matières premières, fournir les équipements et autres biens intermédiaires nécessaires à notre agriculture et aux autres secteurs d’activité, tout en s’appuyant sur une PMI largement ouverte au secteur privé.
Le pouvoir d’achat est complètement érodé et les pénuries de produits alimentaires de premières nécessités sont récursives et ce malgré l’aisance financière dont jouit le pays. Est-ce l’échec des réformes économiques et que pensez-vous aujourd’hui de la situation économique et sociale de l’algérien?
Tout le monde sait que l’Algérie dispose des réserves de changes jamais égalées. Des chiffres qui donnent le vertige, alors que la pauvreté s’accroît dans les villes et les campagnes et s’exprime par l’extension de maux sociaux, la violence urbaine et des émeutes dans de nombreuses communes du pays. Le terrorisme y trouve un terreau social favorable. La mendicité s’est généralisée. Le spectacle de femmes et d’enfants qui fouillent dans des poubelles pour se nourrir est quotidien. Le gouvernement semble dépassé par l’ampleur du phénomène et ne parvient pas à faire face à la situation. Preuve de son impuissance, l’utilisation de la force pour contenir les revendications légitimes des catégories sociales les plus défavorisées qui n’ont pas accès aux services sociaux de base.
Le pouvoir d'achat qui se dégrade a deux origines: la libéralisation des prix et la stagnation des salaires. La libéralisation des prix a entrainé leur augmentation sensible à cause de l'inflation importée. En effet, l'augmentation des prix des produits alimentaires sur le marché international est répercutée sur les prix à la consommation. Les soutiens apportés récemment à certains produits ne compensent pas cette augmentation tout en contrevenant aux règles de l'OMC à laquelle l'Algérie veut adhérer. De plus, les prix des services (électricité, eau, transport) ont grevé sensiblement les budgets des ménages. Quant aux salaires, pour ceux qui travaillent, ils ne suivent pas la même progression à cause de la faible productivité de l'économie. Mais ceux qui souffrent le plus ce sont les chômeurs et les personnes vulnérables (les personnes âgées, les handicapés, les veuves et orphelins sans ressources) faiblement couverts par la protection sociale.
Il faut le dire clairement. Le système actuel a échoué sur le plan économique. Les ressources financières sont gelées dans un fonds dormant au lieu de servir l'investissement productif. Au lieu de défendre le secteur public base de tout développement économique indépendant, on le liquide purement et simplement.
Pour quoi ce tableau sombre de la situation, alors que les performances de l’économie algérienne sont reconnues et le gouvernement a été même bonifié par les instances internationales ?
L'aisance financière ne résulte pas des performances de l'économie algérienne. Ce sont les hydrocarbures qui constituent l'essentiel des revenus d'exportation et des recettes fiscales. Le gouvernement n'est pour rien dans ces ressources quand on sait que le secteur pétrolier est géré en grande partie par les sociétés étrangères de production et de services.
L'économie algérienne, si l'on définit par là les secteurs hors hydrocarbures, ne satisfait pas les besoins du marché national et n'est pas compétitive à l'exportation. Quant aux réformes, elles se limitent à un dossier: une soit disante stratégie industrielle fondée sur la privatisation du secteur public et l'appel à l'investissement direct étranger
Le FFS a publiquement affirmé son soutien aux syndicats autonomes. Votre priorité est qu’ils soient reconnus, donc le pluralisme syndical, ou que le gouvernement finisse par concéder des augmentations de salaires ?
Nous sommes les partisans du respect des pluralismes et de l’indivisibilité des droits de l’homme. Le FFS se solidarise avec l’ensemble des travailleurs qui militent pour la sauvegarde du patrimoine nationale et soutien l’ensemble des collectifs, syndicats et mouvements autonomes.
Il faut absolument sortir du monopole syndical et de la non- reconnaissance des autres syndicats autonomes. L’UGTA créé pour défendre les intérêts moraux et matériels des gens en activité sur leur lieu de travail est devenu un appendice du pouvoir qui ne vise qu’à étouffer les revendications salariales et se soucie très peu de la satisfaction des besoins sociaux des travailleurs. Aujourd’hui, le plus grand nombre ne peut s’exprimer qu’à travers les émeutes et des manifestations souvent réprimés.
Avant même la revendication de revalorisation des salaires, les travailleurs ont besoin d’être respectés dans leur dignité et d’être reconnus comme des humains ayant des droits, des sentiments, des devoirs… C’est pour restituer aux travailleurs le droit d’avoir les droits que le FFS exhorte les travailleurs à s’organiser dans des syndicats autonomes et à s’engager davantage aux cotés des forces politiques crédibles pour la construction d’une alternative démocratique et sociale à la catastrophe nationale.
Le constat est là : l’abolition des libertés d’expression, d’organisation et d’association par la force et la brutalité, constitue la plus grande défiance à l’égard du développement. Les syndicats autonomes, leviers de la démocratie politique et sociale sont réprimés et non reconnus malgré leur légitimité acquise sur le terrain des luttes et de la mobilisation. Le pouvoir s’entête à vouloir imposer un syndicat unique, devenu l’appendice bureaucratique d’un régime anti populaire. L’UGTA, sensée pérenniser le combat pour la conquête des libertés, se voit aujourd’hui transformée, par le biais d’un club de rentiers, en instrument de la domination sociale.
Dans cet entretien, le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou répond sans détour aux questions posées. Plusieurs sujets lié à l’actualité ou encore en relation avec le parti sont évoqués. Et comme à son habitude l’interviewé ne se gênera pas pour dire le fond de sa pensé et rappeler le positions de sa formation politique, le FFS.
Le 4ème congrès du FFS a été aussi consacré aux questions sociales et de développement. Mais on n’arrive pas à comprendre votre position à l’égard des privatisations. Êtes-vous foncièrement contre le principe ou exigez-vous plus de transparence ?
Karim Tabbou : Pour le FFS, la privatisation doit être un moyen et non une fin en soi et que cette démarche ne peut être justifiée que dans le cadre d’une politique économique clairement définie et approuvée par des institutions démocratiquement élues et représentant les intérêts légitimes de la population. Les réformes en cours et les politiques mises en œuvre par le pouvoir consacrent le bradage pure et simple de l’économie nationale. Elle intervient en l’absence d’une stratégie industrielle largement concertée qui sauvegarde le développement du pays, son indépendance économique et l’emploi de sa population. Certainement, cette politique provoquerait à très court terme, des conséquences économiques et sociales considérables. Des pans entiers de la société, des milliers de travailleurs et des régions entières en subiraient les frais. Pour nous, la privatisation doit obéir aux règles et aux normes économiques : Une totale transparence, la consultation et l’adhésion des travailleurs directement concernés et de leur représentation syndicale ainsi que de l’ensemble de la population propriétaire du patrimoine national.
Nous considérons que les privatisations ne doivent pas toucher les secteurs stratégiques protégés par la constitution, dont les hydrocarbures et que toute cession de patrimoine national à des étrangers ne doit en aucun cas aboutir à un contrôle extérieur de la production nationale, ni à une dépendance technologique et financière du pays. Je profite de cette occasion pour lancer un appel aux autorités qui exercent actuellement le pouvoir en vue de ne pas désengager l’Etat de ses responsabilités dans le secteur économique, de ne pas déposséder le pays d’un secteur public assaini et d’une base industrielle modernisée, seule à même de valoriser nos matières premières, fournir les équipements et autres biens intermédiaires nécessaires à notre agriculture et aux autres secteurs d’activité, tout en s’appuyant sur une PMI largement ouverte au secteur privé.
Le pouvoir d’achat est complètement érodé et les pénuries de produits alimentaires de premières nécessités sont récursives et ce malgré l’aisance financière dont jouit le pays. Est-ce l’échec des réformes économiques et que pensez-vous aujourd’hui de la situation économique et sociale de l’algérien?
Tout le monde sait que l’Algérie dispose des réserves de changes jamais égalées. Des chiffres qui donnent le vertige, alors que la pauvreté s’accroît dans les villes et les campagnes et s’exprime par l’extension de maux sociaux, la violence urbaine et des émeutes dans de nombreuses communes du pays. Le terrorisme y trouve un terreau social favorable. La mendicité s’est généralisée. Le spectacle de femmes et d’enfants qui fouillent dans des poubelles pour se nourrir est quotidien. Le gouvernement semble dépassé par l’ampleur du phénomène et ne parvient pas à faire face à la situation. Preuve de son impuissance, l’utilisation de la force pour contenir les revendications légitimes des catégories sociales les plus défavorisées qui n’ont pas accès aux services sociaux de base.
Le pouvoir d'achat qui se dégrade a deux origines: la libéralisation des prix et la stagnation des salaires. La libéralisation des prix a entrainé leur augmentation sensible à cause de l'inflation importée. En effet, l'augmentation des prix des produits alimentaires sur le marché international est répercutée sur les prix à la consommation. Les soutiens apportés récemment à certains produits ne compensent pas cette augmentation tout en contrevenant aux règles de l'OMC à laquelle l'Algérie veut adhérer. De plus, les prix des services (électricité, eau, transport) ont grevé sensiblement les budgets des ménages. Quant aux salaires, pour ceux qui travaillent, ils ne suivent pas la même progression à cause de la faible productivité de l'économie. Mais ceux qui souffrent le plus ce sont les chômeurs et les personnes vulnérables (les personnes âgées, les handicapés, les veuves et orphelins sans ressources) faiblement couverts par la protection sociale.
Il faut le dire clairement. Le système actuel a échoué sur le plan économique. Les ressources financières sont gelées dans un fonds dormant au lieu de servir l'investissement productif. Au lieu de défendre le secteur public base de tout développement économique indépendant, on le liquide purement et simplement.
Pour quoi ce tableau sombre de la situation, alors que les performances de l’économie algérienne sont reconnues et le gouvernement a été même bonifié par les instances internationales ?
L'aisance financière ne résulte pas des performances de l'économie algérienne. Ce sont les hydrocarbures qui constituent l'essentiel des revenus d'exportation et des recettes fiscales. Le gouvernement n'est pour rien dans ces ressources quand on sait que le secteur pétrolier est géré en grande partie par les sociétés étrangères de production et de services.
L'économie algérienne, si l'on définit par là les secteurs hors hydrocarbures, ne satisfait pas les besoins du marché national et n'est pas compétitive à l'exportation. Quant aux réformes, elles se limitent à un dossier: une soit disante stratégie industrielle fondée sur la privatisation du secteur public et l'appel à l'investissement direct étranger
Le FFS a publiquement affirmé son soutien aux syndicats autonomes. Votre priorité est qu’ils soient reconnus, donc le pluralisme syndical, ou que le gouvernement finisse par concéder des augmentations de salaires ?
Nous sommes les partisans du respect des pluralismes et de l’indivisibilité des droits de l’homme. Le FFS se solidarise avec l’ensemble des travailleurs qui militent pour la sauvegarde du patrimoine nationale et soutien l’ensemble des collectifs, syndicats et mouvements autonomes.
Il faut absolument sortir du monopole syndical et de la non- reconnaissance des autres syndicats autonomes. L’UGTA créé pour défendre les intérêts moraux et matériels des gens en activité sur leur lieu de travail est devenu un appendice du pouvoir qui ne vise qu’à étouffer les revendications salariales et se soucie très peu de la satisfaction des besoins sociaux des travailleurs. Aujourd’hui, le plus grand nombre ne peut s’exprimer qu’à travers les émeutes et des manifestations souvent réprimés.
Avant même la revendication de revalorisation des salaires, les travailleurs ont besoin d’être respectés dans leur dignité et d’être reconnus comme des humains ayant des droits, des sentiments, des devoirs… C’est pour restituer aux travailleurs le droit d’avoir les droits que le FFS exhorte les travailleurs à s’organiser dans des syndicats autonomes et à s’engager davantage aux cotés des forces politiques crédibles pour la construction d’une alternative démocratique et sociale à la catastrophe nationale.
Le constat est là : l’abolition des libertés d’expression, d’organisation et d’association par la force et la brutalité, constitue la plus grande défiance à l’égard du développement. Les syndicats autonomes, leviers de la démocratie politique et sociale sont réprimés et non reconnus malgré leur légitimité acquise sur le terrain des luttes et de la mobilisation. Le pouvoir s’entête à vouloir imposer un syndicat unique, devenu l’appendice bureaucratique d’un régime anti populaire. L’UGTA, sensée pérenniser le combat pour la conquête des libertés, se voit aujourd’hui transformée, par le biais d’un club de rentiers, en instrument de la domination sociale.
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