A plus d'un an de l'élection présidentielle en Tunisie, la fièvre saisit l'opposition et la société civile, qui redoutent de se faire voler le scrutin. "Le président Ben Ali veut désigner ses adversaires", résume la présidente d'une petite formation, le Parti démocrate progressiste (PDP), Maya Djibri. L'émoi est réel : le bureau de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) en a débattu, mercredi 26 mars, tout comme, dans une autre enceinte, des opposants et des personnalités indépendantes.
A l'origine de la fronde, le discours prononcé il y a quelques jours par le chef de l'Etat, Zine El-Abidine Ben Ali, 72 ans, au pouvoir depuis vingt ans et candidat - non encore déclaré - à un cinquième mandat. Dans son intervention, le président a annoncé que la Constitution allait être amendée, à titre provisoire, pour assouplir les conditions de candidature. "Nous inclurons dans le projet d'amendement, et exceptionnellement pour les prochaines élections de 2009, la faculté pour chaque dirigeant officiel de parti politique de se présenter à la présidence", a indiqué le chef de l'Etat.
La loi électorale, qui exige le parrainage de trente députés pour faire acte de candidature, constitue de fait un obstacle insurmontable pour l'opposition, dont la principale formation, le Mouvement des démocrates socialistes (MDS), ne dispose que de 14 sièges au Parlement. En revanche, c'est une formalité pour le parti présidentiel, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), qui contrôle 80 % des sièges de députés et toutes les villes.
Un constat identique lors des deux précédentes élections présidentielles avait déjà conduit le chef de l'Etat à modifier les règles pour ne pas se retrouver seul en lice et essuyer les critiques de la communauté internationale. En 2004, un amendement à la Constitution - également "exceptionnel" - avait ainsi supprimé les parrainages d'élus (députés et maires) et autorisé les partis de l'opposition siégeant au Parlement à présenter un de leurs dirigeants - pas forcément le numéro un. Quoique confronté à trois adversaires, le président sortant l'avait emporté avec plus de 99 % des suffrages.
"DU SUR MESURE"
Pour le scrutin de 2009, le système sera moins souple qu'en 2004 puisque seuls les dirigeants des partis seront autorisés à faire acte de candidature. Sera donc écarté de la compétition Me Nejib Chebby, 64 ans, l'une des figures historiques de l'opposition non islamique. Rendu célèbre par la grève de la faim qu'il a menée en début d'année, l'avocat a été désigné pour porter les couleurs de son parti, le PDP, à la présidentielle de 2009. Les projets du président Ben Ali vont l'en priver.
"C'est du sur mesure et une régression", observe le président de la LTDH, Mokhtar Trifi. "Ben Ali ne peut aller contre la volonté des partis, affirme de son côté Me Chebby. Nous allons poursuivre notre action sur le terrain. A la loyale, je peux gagner contre le chef de l'Etat."
Jean-Pierre Tuquoi
Le Monde 27.03.08
A l'origine de la fronde, le discours prononcé il y a quelques jours par le chef de l'Etat, Zine El-Abidine Ben Ali, 72 ans, au pouvoir depuis vingt ans et candidat - non encore déclaré - à un cinquième mandat. Dans son intervention, le président a annoncé que la Constitution allait être amendée, à titre provisoire, pour assouplir les conditions de candidature. "Nous inclurons dans le projet d'amendement, et exceptionnellement pour les prochaines élections de 2009, la faculté pour chaque dirigeant officiel de parti politique de se présenter à la présidence", a indiqué le chef de l'Etat.
La loi électorale, qui exige le parrainage de trente députés pour faire acte de candidature, constitue de fait un obstacle insurmontable pour l'opposition, dont la principale formation, le Mouvement des démocrates socialistes (MDS), ne dispose que de 14 sièges au Parlement. En revanche, c'est une formalité pour le parti présidentiel, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), qui contrôle 80 % des sièges de députés et toutes les villes.
Un constat identique lors des deux précédentes élections présidentielles avait déjà conduit le chef de l'Etat à modifier les règles pour ne pas se retrouver seul en lice et essuyer les critiques de la communauté internationale. En 2004, un amendement à la Constitution - également "exceptionnel" - avait ainsi supprimé les parrainages d'élus (députés et maires) et autorisé les partis de l'opposition siégeant au Parlement à présenter un de leurs dirigeants - pas forcément le numéro un. Quoique confronté à trois adversaires, le président sortant l'avait emporté avec plus de 99 % des suffrages.
"DU SUR MESURE"
Pour le scrutin de 2009, le système sera moins souple qu'en 2004 puisque seuls les dirigeants des partis seront autorisés à faire acte de candidature. Sera donc écarté de la compétition Me Nejib Chebby, 64 ans, l'une des figures historiques de l'opposition non islamique. Rendu célèbre par la grève de la faim qu'il a menée en début d'année, l'avocat a été désigné pour porter les couleurs de son parti, le PDP, à la présidentielle de 2009. Les projets du président Ben Ali vont l'en priver.
"C'est du sur mesure et une régression", observe le président de la LTDH, Mokhtar Trifi. "Ben Ali ne peut aller contre la volonté des partis, affirme de son côté Me Chebby. Nous allons poursuivre notre action sur le terrain. A la loyale, je peux gagner contre le chef de l'Etat."
Jean-Pierre Tuquoi
Le Monde 27.03.08
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