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Hommage au Professeur Benaderrahmane Mohammed

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  • Hommage au Professeur Benaderrahmane Mohammed

    Ces deuxièmes journées de diabétologie organisées par l’EHU d’Oran, les 8 et 9 mars derniers, ont permis aux professionnels de la santé et plus particulièrement aux «internistes» de faire l’état des lieux de leur domaine de préoccupation. Des études menées ailleurs, et dont la statistique domine les travaux, révèlent la prédominance des facteurs de risque résultant d’un mode de vie sédentaire et basé sur la surconsommation. Le diabète demeure toutefois cet inconnu qui réduit le plaisir de la vie et contre lequel se mobilisent médecins et chercheurs de tous bords. Les psys révolutionnent une vision devenue trop étroite pour comprendre d’abord, intervenir ensuite. Le patient, la patiente devant cette maladie indolore, mais qui génère des dégâts parfois irréversibles, sont souvent traînés une vie durant. Quoi de plus normal en effet qu’une rencontre où priment débats et échanges d’expériences à propos d’une maladie mieux mais insuffisamment connue.

    La particularité de cette rencontre demeure toutefois dans l’hommage rendu à un homme. Dans l’amphithéâtre, assis face à la tribune, un homme, une vie, un parcours, un voyage. Le Professeur Benaderrahmane Mohammed, fils de Constantine, fils bien sûr de cette Algérie qui espère tant de ses fils. A 77 ans, l’homme est souriant comme un bébé parce qu’il a donné à chaque croisement de sa vie une nouvelle naissance, une raison de vivre, une autre de donner sans attendre de retour. De plus en plus d’assurance sur un chemin difficile. Il est à l’honneur et pour cause. Bien qu’il soit malaisé de résumer son parcours en quelques vers de poésie ou en quelques partitions musicales dont il connaît les moindres dièses, l’humilité de l’homme, sa disponibilité à transmettre la connaissance, tel qu’il ressort des témoignages que lui font ses anciens étudiants, font partie de ses vertus, de ses valeurs. Mais la principale valeur restera la rigueur. Cette rigueur qui définit les gens de l’effort, du sacrifice et qui les fait se hisser au-dessus de tous, pour les éclairer dans les détournements de leurs fleuves. L’atteinte de l’art est à ce prix.

    De son lycée dans la ville des ponts à la faculté de médecine d’Alger en pleine colonisation, il est resté rigoureux dans ses démarches, dans ses études, dans son acquisition du savoir qui allait lui permettre tout simplement de soulager l’Autre de ses douleurs. Ou du moins d’y contribuer. La grève des étudiants de l’UGEMA, la prison coloniale, puis un exil en Suisse ont fait partie de ses «facteurs de risque» qu’il a surmontés grâce à son attachement au seul pays de ses rêves, à son unique rêve, l’Algérie. Pourquoi l’Algérie ? Seul son silence peut le révéler, l’interpréter.

    Lorsqu’en 1973, le docteur Boudjellab, alors ministre de la Santé, le sollicita, il a répondu présent comme un réserviste à l’appel de la mobilisation générale, pour mener une guerre contre le sous-développement et l’ignorance. Il quitta son poste de chef de clinique à l’hôpital cantonal de Genève, où il avait travaillé sous le regard admiratif du Professeur Müller dont il appris le sens de sa mission dans un monde où se perdent les sens des mots. On le retrouvera donc à l’hôpital de Constantine, dont il bâtira des services l’un après l’autre comme un battement de coeur. Avec seulement quelques internes et les moyens du bord, il lance le service de médecine interne qui fonctionnait jusque-là en médecine générale. Un défi ? Non, une croyance en un pays qui lui donnait la force de faire beaucoup avec peu.

    A l’époque, le pays se recherchait et la folie pétrolière n’avait pas encore tué toutes les qualités humaines. L’art de faire n’est évidemment pas aussi aisé que les discours. Son voeux: mieux former. Sa devise: le travail bien fait et la persévérance. Pour ce faire, il fit appel à son relationnel qu’il mit à la disposition de ses étudiants et les fit gravir l’échelle des titres jusqu’à en faire des professeur en médecine. Il les sema dans les rencontres internationales, dans les facultés de médecine européennes où il avait gardé des amitiés. Il ne les priva d’aucune possibilité de revenir forts de leurs titres pour se mettre à leur tour au service du pays. De son passage à la tête de faculté de médecine de Constantine, «le chalet des pins», on retiendra cette pépinière de cadres qu’il a enfantés en s’appuyant sur sa légendaire sagesse, avant de se retirer pour rejoindre ses malades et ses adjoints.

    Puis, l’heure de la retraite a sonné. L’homme a conservé ses réflexes, son sourire et cette noblesse propre aux gens de sa génération. Il est devenu l’exemple sans le réclamer, le symbole sans l’imposer, mais aussi probablement la fragilité devant ce qui se passe sans le dire. Il aurait pu vivre au pays des Helvètes, mais il a fait le choix du retour. Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, pourraient le lui reprocher. Mais comme dit l’auteur dans quelques dires, «lorsque le destin fait la rencontre fortuite d’un homme ou d’une femme, assis au seuil de sa porte, il s’amuse jusqu’à épuisement, puis décide de leur sort, avant de s’endormir à nouveau. Tout dépend alors de son jeu».

    L’homme n’affiche aucun remord ni n’a manifesté de regret. Au contraire, il est heureux. L’hommage qui lui a été rendu n’est que justice sur le chemin de la reconnaissance des gens de sa hauteur, de sa grandeur.


    Par le Quotidien d'Oran

  • #2
    Hommage à tout les scientifiques qui nous ont transmi leurs savoir avec modestie et honnêteté intélectuelle.

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