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La trachée reconstituée avec succès

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  • La trachée reconstituée avec succès

    Pour la première fois, deux chirurgiens français, le Pr Philippe Dartevelle (centre chirurgical Marie-Lannelongue, au Plessis-Robinson) et le Dr Frédéric Kolb (chirurgien plastique à l'Institut Gustave-Roussy, à Villejuif) ont réussi à reconstruire la trachée chez plusieurs malades, ce conduit indispensable aux échanges gazeux, condition de notre vie aérienne. Ils vont présenter la semaine prochaine à Valence leurs travaux au premier Cours international de chirurgie de la trachée.

    Cet organe fragile, qui peut être déformé par des intubations lors de réanimations ou d'anesthésies, envahies par des tumeurs cancéreuses, ou le siège de fistules entre la trachée et l'œsophage, est le cauchemar des chirurgiens thoraciques. Car ce tuyau revêtu d'un épithélium respiratoire, avec des cils évacuant le mucus et les poussières, armé d'anneaux cartilagineux qui le maintiennent ouvert, est coincé entre les gros vaisseaux du cœur et l'œsophage. S'il était souple, il s'affaisserait sous l'effet de la pression lors de l'inspiration et de l'expiration respiratoires. Or le moindre processus expansif dans la trachée provoque une asphyxie plus ou moins rapide, ou des infections à répétition.

    Et les chirurgiens n'ont pas eu jusqu'à présent de solution vraiment satisfaisante de remplacement. On a proposé de «tuber» le conduit, avec des matériaux divers, des stents, des tubes de silicone, entre le larynx et les bronches, pour rétablir la continuité. L'équipe du Pr Martinod (hôpital Avicenne) a proposé l'an dernier d'utiliser une greffe d'aorte abdominale (d'une banque de tissus) à la place de la trachée malade, chez un patient atteint d'un cancer de la trachée. Il y a un protocole d'évaluation clinique en cours dans plusieurs centres français.

    Depuis dix ans, des transplantations de trachée ont été réalisées avec succès chez le cochon, mais chez l'homme jamais on n'y est parvenu à ce jour. La trachée est très mal vascularisée, par de petits vaisseaux perforants : l'organe n'a ni artère, ni veine propre. Et en cas de greffe de trachée, le risque de nécrose est constant. Pour l'instant les projets de greffe de bloc larynx-trachée-œsophage avec leurs vaisseaux sont encore… des projets.

    La technique dite du lambeau radial


    C'est dans ce contexte que Philippe Dartevelle a vu un jour de 2004 arriver en consultation un ingénieur en travaux publics toulousain de 35 ans, Philippe Soto. Désespéré car aucun chirurgien n'avait de solution à lui proposer : opéré en 2003 de «nodules» de la thyroïde qui s'avérèrent être un lymphome du médiastin (la région de la cage thoracique située entre les deux poumons), le patient avait son œsophage envahi par la maladie. Quelques jours après l'opération, une fistule de 4 à 5 cm de diamètre est apparue entre l'œsophage et la paroi postérieure de la trachée. Impossible de boire, de manger sans faire des fausses routes, impossible même d'avaler sa salive ! Alimenté par sonde gastrique, il subit en plus une lourde chimiothérapie. En juin 2004, des chirurgiens du CHU de Marseille installent un tube dans sa trachée, un autre dans son œsophage. «Un an sans m'alimenter, j'avais perdu 15 kg, un an sans boire, sans dormir à cause de la toux. J'avais 35 ans, je ne me voyais pas continuer comme cela», a expliqué Philippe Soto, très ému, au Figaro.

    Le Pr Dartevelle lui propose, en collaboration avec son collègue de Villejuif Frédéric Kolb, une nouvelle technique : celle dite du lambeau radial. On prélève sur l'avant-bras une large surface de la peau jusqu'à l'aponévrose musculaire ; le tout muni de l'artère radiale et d'une veine a été cousu «en portefeuille» en lieu et place de la trachée.

    «Douze heures d'intervention», explique le Pr Dartevelle «pour transplanter un tissu vascularisé qui va résister à la pression». L'opération réussit : «Deux semaines après, j'ai bu seul mon premier verre d'eau», dit Philippe Soto. Une renaissance. Depuis, plusieurs autres malades ont bénéficié de variantes de cette technique, en «armant» le lambeau en glissant dans son épaisseur des cartilages costaux.

    Par Le Figaro
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