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Le chômage des femmes s’accentue en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne

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  • Le chômage des femmes s’accentue en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne

    D’un côté, il y a l’Afrique subsaharienne. « Sur ces territoires, on trouve un taux d’emploi des femmes très élevé et un taux de chômage assez bas », affirme Dorothea Schmidt, coauteur du rapport. Pour mémoire, le taux d’emploi se calcule sur l’ensemble des femmes d’une région alors que le taux de chômage ne prend en compte que celles qui cherchent un emploi. « Pour 100 hommes économiquement actifs, 75 femmes le sont aussi, continue-t-elle. Cela représente un très petit écart ». La région se positionne donc parmi celles aux plus forts ratios de femmes actives. Il ne faut toutefois pas interpréter cette proportion importante comme une donnée positive. « Les taux élevés d’emploi des femmes sont liés aux forts taux de pauvreté. Une personne pauvre doit travailler pour survivre », souligne la spécialiste de l’emploi au féminin.
    Les femmes de la région cherchent ainsi à travailler pour survivre. Elles n’ont donc pas le choix et doivent accepter n’importe quelle tâche. « Là-bas, quand les femmes travaillent, cela ne permet pas de sortir de la pauvreté », déplore Dorothea Schmidt. On constate d’ailleurs en Afrique subsaharienne que plus de huit femmes actives sur dix occupent des emplois vulnérables. La plupart exercent leurs activités dans le secteur de l’agriculture, essentiellement dans une agriculture de subsistance. De plus, les jeunes filles doivent aussi souvent contribuer au revenu familial. « Elles pourraient, à la place, être scolarisées s’il existait des solutions éducatives », ajoute l’experte.
    Meilleure prise en charge éducative
    « En Afrique du Nord, la situation est complètement inverse », compare-t-elle. Les femmes ont davantage accès à des tâches rémunérées, salariées et stables. Selon Dorothea Schmidt, cela s’explique notamment par une meilleure prise en charge éducative qu’il y a dix ans : « Au nord du Sahara, on a investi sur les filles : maintenant, il y a beaucoup plus de femmes qui ont reçu une éducation ». C’est pourquoi on constate une répartition sectorielle de l’emploi des femmes tout autre qu’en Afrique subsaharienne.
    Un peu plus d’une femme active sur deux travaillent dans le secteur tertiaire des services, principalement dans le service public. Si la majorité des femmes actives occupent un emploi plutôt valorisant, le taux d’emploi des femmes reste très bas, et le taux de chômage atteint 16,2 % — le plus élevé dans le monde. Une inactivité professionnelle qui accentue la dépendance à l’égard du mari. Selon Dorothea Schmidt, la faible présence des femmes sur le marché du travail nord-africain « est le résultat d’une tradition culturelle ». L’argument répandu, prétexte à la discrimination à l’embauche faite aux femmes, est que quand les femmes travaillent, cela nuit aux hommes. « Mais cette idée est totalement fausse », s’insurge le coauteur du rapport du BIT.
    Elle est d’autant plus fausse que l’on constate que la région qui observe la plus grosse croissance économique actuellement — l’Asie du Sud-Est — est également celle où les femmes participent le plus au marché du travail. Les pays ont donc tout intérêt à favoriser le travail des femmes. Mais ce n’est toutefois pas le remède à tous les maux. « La participation des femmes n’est pas la solution miracle. Il n’y a pas automatiquement de la croissance économique quand elles sont actives, tempère Dorothea Schmidt.
    Mais ce qui est sûr, c’est que quand les femmes travaillent, elles peuvent contribuer à la croissance et c’est mieux pour toute l’économie ». Alors que faire ? Par la voix de son économiste, le BIT préconise des solutions différentes selon les zones : « En Afrique subsaharienne, il ne faut pas essayer de créer du travail pour les femmes dans les grandes villes. En effet, les hommes sont là et ils ne trouvent déjà pas d’emploi. Il faut plutôt se concentrer sur l’agriculture dans les petits villages. Au contraire, en Afrique du Nord, il y a de la place dans les villes pour que les femmes travaillent. Le défi, c’est de leur ouvrir les professions dans les secteurs modernes, les nouvelles technologies par exemple ».
    Jean-Philippe Chognot (MFI)
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