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Mille soldats français en renfort en Afghanistan

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  • Mille soldats français en renfort en Afghanistan

    Nicolas Sarkozy n'a pas réservé la primeur de sa décision pour les 25 partenaires de la France au sein de l'Alliance atlantique, qu'il retrouve, du 2 au 4 avril, à Bucarest (Roumanie), à l'occasion du sommet de l'OTAN. L'envoi d'un millier de soldats français supplémentaires dans l'est de l'Afghanistan relève désormais du secret de Polichinelle, le président français l'ayant annoncé aux Américains et au premier ministre britannique, Gordon Brown, lors de sa visite d'Etat à Londres, le 26 mars.

    Cet effet d'annonce à retardement contribue à nourrir l'exaspération des parlementaires, mis devant le fait accompli. La décision du chef de l'Etat a été prise après moult hésitations quant au choix de la région - le sud ou l'est de l'Afghanistan - où ce contingent sera déployé, probablement début juillet. La logique opérationnelle aurait voulu que le Sud soit choisi : c'est dans les provinces d'Helmand et de Kandahar qu'ont lieu les combats les plus intenses contre les "insurgés" talibans, et c'est donc là que le besoin de renforts est le plus pressant.

    Les Canadiens, qui assument le commandement de la région de Kandahar, se sont livrés à une intense campagne de lobbying, ces dernières semaines, notamment auprès des autorités françaises, menaçant de retirer leurs troupes du Sud afghan en 2009 faute de recevoir un renfort d'un millier de soldats. Plusieurs raisons ont poussé la France à opter pour l'Est, où l'action de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) sont limitées, la région étant surtout le théâtre des opérations de contre-insurrection menées par l'opération "Enduring Freedom" ("Liberté immuable"), sous commandement américain.

    Les renforts français ne feront pas partie de "Liberté immuable", à l'exception peut-être des quelque 200 hommes des forces spéciales que Paris devrait déployer dans la région, où elles étaient déjà sous ce commandement de juillet 2003 à décembre 2006. Cette connaissance du terrain est l'une des raisons du choix de l'Est, où la France dispose déjà de quatre équipes d'environ 50 instructeurs chacune chargées de l'encadrement des forces afghanes.

    DÉCLARATION POLITIQUE

    Si l'état-major des armées privilégie l'option de l'Est, c'est pour des raisons de cohérence et d'efficacité : il sera plus facile de ravitailler ce millier d'hommes à partir de Kaboul, d'où la France commande la région Centre, en alternance avec l'Italie et avec la Turquie. Sur le plan politique, l'Est a également l'avantage de conforter le rapprochement franco-américain.

    Paris dispose déjà de 1 600 hommes sur le théâtre d'opérations afghan (avec ceux qui sont basés à Douchanbé, au Tadjikistan) et de près de 2 200 si l'on y ajoute les forces embarquées sur des navires français dans le cadre du volet maritime de "Liberté immuable". Le Canada aura cependant gain de cause : sur les quelque 2 200 marines américains qui sont déployés dans le Sud jusqu'à octobre, un millier d'entre eux devraient rester dans la région à l'issue de ce délai. Bien que la décision d'envoyer un millier de soldats supplémentaires en Afghanistan soit loin de faire l'unanimité dans les milieux politiques français, le choix de l'Est permet de suggérer que les Français seront moins exposés que dans le Sud.

    La position de Nicolas Sarkozy sera en outre facilitée par l'adoption, à Bucarest, d'une déclaration sur la stratégie politico-militaire qui reprend largement les quatre priorités françaises en faveur d'une "approche globale" pour tenter de sortir l'opération militaire occidentale en Afghanistan - forte de près de 60 000 hommes - de son enlisement actuel :

    1. Les Alliés vont réaffirmer leur engagement militaire à long terme dans ce pays.

    2. L'"afghanisation" du conflit va être soulignée, avec la perspective de la prise en charge partielle, par l'armée afghane, de la région de Kaboul dès cet été : le président afghan, Hamid Karzaï, devrait l'annoncer à Bucarest.

    3. L'OTAN va insister sur la nécessité d'une approche "globale", associant l'action militaire aux efforts de développement et de reconstruction.

    4. La dimension régionale du conflit, c'est-à-dire pakistanaise, va être soulignée.

    Cette déclaration politique insistera sur les progrès accomplis par l'Alliance atlantique en Afghanistan. Elle sera complétée par un document plus détaillé mais "classifié" (donc non rendu public) qui, sans modifier le plan d'opération de l'OTAN, fixera les étapes d'un calendrier étalé sur cinq ans, avec des objectifs à atteindre, notamment en ce qui concerne la montée en puissance de l'armée afghane et la lutte antinarcotique. Pour Nicolas Sarkozy, ce processus a l'avantage d'indiquer une perspective de "sortie de crise", même si elle apparaît fort lointaine.


    M. Sarkozy s'expliquera sur le rapprochement avec l'OTAN


    Lors du sommet de l'OTAN à Bucarest (Roumanie), du 2 au 4 avril, Nicolas Sarkozy devrait expliquer le sens de sa démarche consistant à "rapprocher" la France de l'OTAN, c'est-à-dire à envisager un retour au sein de la structure militaire intégrée de l'Alliance atlantique. Paris espère qu'en retour, le président George Bush, jusqu'ici réticent, reprendra à son compte les récents propos positifs sur la défense européenne tenus par son ambassadeur à l'OTAN. La décision française, qui pourrait aboutir au moment du 60e anniversaire du Traité de l'Atlantique nord, en avril 2009, serait hautement symbolique, d'autant que M. Sarkozy et la chancelière allemande, Angela Merkel, devraient annoncer que ce prochain sommet de l'OTAN se tiendra entre Strasbourg et Kehl.

    Chronologie

    26 avril 2007. Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy évoque l'idée d'un retrait des 1 100 militaires français engagés en Afghanistan : "Il était certainement utile qu'on les envoie dans la mesure où il y avait un combat contre le terrorisme. Mais la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive."

    6 septembre. Le ministre de la défense, Hervé Morin, annonce le déplacement à Kandahar d'avions de combat Mirage 2000 D et Mirage F-1 et de 150 personnels de soutien basés à Douchanbé (Tadjikistan).

    26 mars 2008. Devant les parlementaires britanniques réunis à Westminster, M. Sarkozy indique que la France va proposer "de renforcer sa présence militaire" en Afghanistan lors du sommet de l'OTAN à Bucarest.

    Par Le Monde
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