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Les nomades d’Algérie

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  • Les nomades d’Algérie

    Le Sahara semble avoir été gratifié de la plus grande richesse, tout comme l’Arabie s’est octroyé tous les parfums ; il s’exhale de toute la steppe des effluves délicieuses et exquises de «chih» après une ondée.

    Dans les profondeurs du Sahara, mon esprit se rappelle par devoir d’honnêteté les Touareg, ces hommes bleus qui en vérité son les maîtres et rois du désert qui a pour eux toutes les douceurs de la patrie et de la famille. Ces descendants des Garamantes ont conquis depuis l’Antiquité le Sahara sur des chars tirés par les chevaux et ont adopté l’écriture «tifinagh» avant que les peuples d’Europe ne connaissent le blé.

    Devant ces hommes de haute taille, vêtus de noir et masqués de noir, fiers sur les fonds fauves des solitudes qu’ils habitent on reste perplexe. Ces hommes méritent beaucoup de respect, mais ils restent persécutés par les gouvernements de pays voisins, parce que ayant perdu leur «commerce». Cette grande nation berbère et musulmane se doit d’être aidée. Son retour au bercail avec leurs zones de pâturages doit être sérieusement réfléchi en ces temps de mondialisation. La responsabilité de l’Algérie est immense.

    Nous avons parlé des Touareg, il n’est jamais assez d’expliquer leurs mésaventures, leurs désillusions et les vicissitudes du temps, parce que délaissés par tous. Nous vous restons fidèles mes frères en espérant des projets qui ne sont pas des rêves. Des forces puissantes semblent devoir entraîner tout le monde vers des voies nouvelles. Les meilleures chances d’avenir sont dans sa situation stratégique et la mondialisation aura des portées insoupçonnées pour peu que nous ayons la volonté d’ouverture et aussi paradoxal que cela, répéter le geste «rostomide», créer d’autres villes à la manière des Américains, investir dans le tourisme, dans les potentialités agricoles inexploitées en ces temps du «net» et surtout de l’embellie financière. C’est possible.

    Nous évoquons aussi les «Chaambas», nobles, lettrés et anciens caravaniers, maîtres du Sahara central et les nobles «Larbaa», fiers chevaliers dont toutes les tribus cherchent leur alliance…

    Nous nous rapprochons de «Ber sidi Nail» et le désir nous élève vers des sensations sublimes. Ce pays immense, grand oiseau qui étend ses ailes d’est en ouest, du «M’Zab » jusqu’au sud de Tlemcen et du «Tell» jusqu’aux profondeurs du Sahara est habité par les Ouled Nail et leur alliés fidèles, les «Abbaziz Chorfa» et les fiers «Sahari» qui ont adopté la teinte rouge à leur tentes, ont connu leur heure de gloire et qui maintenant se cherchent un «Aguelid» assez sage de la trempe de Rached ben Mourched pour leur dire qu’ils vivent parmi leurs frères et que leurs alliés ne sont pas ailleurs qu’ici…
    Les Ouled Nail sont issus de Sidi Nail, Mohamed ben Abdallah, chérif descendant de Moulay Idris el Kebir, il a été gouverneur de Figuig puis élève de sidi Ahmed ben Yousef. C’était un saint savant, tolérant. Ces quartiers de noblesse sont établis avec précision, tous restent convaincus de cela. Je ne tiens pas à argumenter des faits prouvés par d’éminents spécialistes. C’est peut-être pour cela que nous ne croyons pas tellement aux frontières entre l’Algérie et le Maroc encore moins la Tunisie et le reste du Maghreb…
    Ces descendants forment une lignée noble de la maison du Prophète que le salut soit sur lui.

    «Ber Sidi Nail» est une société, nous le disons brièvement, un ensemble géographique et culturel qui n’a jusqu’ici pas livré ses secrets encore moins ses différentes facettes. Son hospitalité légendaire, sa tolérance sa «nia»…
    Les Ouled Nail forment une confédération de tribus, la plus nombreuse d’Algérie, sans conteste, riche, avec une pléiade d’artistes, d’intellectuels, de «ouléma» de «chioukh», entre autres, les premiers romans de langue française en Afrique du Nord, ont été écrits par un Naili.

    C’est un honneur que des stations de pèlerinage en Arabie saoudite pour tout les Maghrébins appartiennent à un Naili, qui les a placées en «h’bous». Les Ouled Nail, de par leur nombre, de par leur appartenance à la «tarîqa Rahmania», ont participé activement à toutes les insurrections contre l’occupation coloniale.

    En 1936, ils se rangèrent sous l’autorité de l’émir Abdelkader et lui restèrent fidèles jusqu’au dernier moment. A cette époque, les tribus de la région étaient encore armées de fusils à mèche. L’émir introduisit parmi elles le fusil à pierre. Les Ouled Nail fournirent à l’émir de forts contingents de cavalerie, et si pendant l’insurrection des Ouled Sidi Cheikh, si Cherif ben Lahrech ne marcha pas avec eux, par fidélité à l’émir, le reste des Ouled Nail se rangèrent à leurs côtés. Enfin pour mieux appréhender l’engagement des Ouled Nail dans la résistance nationale, à «Zaatcha», Lala N’soumer, Mokrani, si Lala, etc., il faut faire très grande leur part.

    Les Ouled Nail ont beaucoup souffert de la colonisation. Il est pénible d’avoir à raconter les détails de tant de méfaits. Il faut savoir rester digne et lever sa plume. (…) La France libre a foulé au pied les cadavres et provoqué les horreurs du pillage, du génocide, du mensonge. Réduire un peuple à la mendicité et à toutes sortes de fléaux, semer le doute sur sa probité (…) voilà l’œuvre civilisationelle … O mes frères, Ber Sidi Nail est beau, il est des sensations que le regard seul peut procurer, les beaux gestes, la parole, les paysages féeriques qui permettent l’évasion.

    Entre autres, la région des «dayates», tellement particulière par sa beauté, fut il y a quelques années l’habitat des autruches mais la frénésie destructrice des Européens les a fait disparaître (les chasses de marguerite). Peut-être un soir, dans une des nombreuses dayates au sud de Messaâd, où se font les «hadrates» où les gens vont prier, danser, manger de la «rouina» ou même du méchoui et du «chnin» et se purifier de toutes les tentations… Je n’entreprendrai pas ici de décrire chacun de ces gestes, il faut les vivre. Mer Harzli, ambassadeur de la paix et célèbre «globe trotter», en connaît un rayon, c’est un digne fils des dayates.

    Les sources millénaires se trouvant dans l’axe des «ksour» et qui alimentent les jardins encore existants des villages. Ce chapelet de vieux ksars qui ceint le piémont sud de l’atlas saharien, naquit vers le 6e siècle avec l’apparition des Zénètes et l’introduction du chameau. Chaque village était autonome dans son équilibre séculaire avec ses jardins potagers et ses vergers de pêches, de grenades et de coings muris au soleil. C’est à cette époque que naquit Laghouat, perle de l’oued Jeddi, appelé ici «m’zi» ainsi que les villages de Demmed, Zaccar, Tadmit, etc. L’habitat très écologique utilisait des matériaux sobres qu’on dit appartenir à l’architecture «bort». Ces villages-greniers vivaient en symbiose avec la population nomade.

    A l’époque du grand nomadisme, ils formaient des forteresses et des centres de culture pour l’aristocratie nomade. Ces villages étaient habités par des cultivateurs fort urbanisés dont les techniques agricoles étaient certainement influencées par les Egyptiens, voire même les Nabatéens.

    Voila donc brièvement quelques aspects de l’Algérie profonde que nous avons essayé de peindre avec toute nos imperfections mais avec honnêteté et cœur, nous gardons à l’esprit que nous appartenons à la grande famille de l’humanité. Si ton frère trébuche, pardonne-lui, les pieds de tous peuvent trébucher mais si le cœur s’endurcit, là est le regret et ne regrette surtout pas ce qui est perdu. Nous avons parlé de nomades, par passion, par nostalgie peut-être, nous avons rêvé un peu, nous nous sommes souvenus d’un mode de vie, d’une idée, d’un passé certes, glorieux mais révolu. Voilà donc aujourd’hui un autre point de vue, un espoir que quelque chose évolue vers un confort tant espéré…

    Restons dans la poésie et essayons de ne pas perdre à la croisée des chemins le sens profond de notre peuple et sa mémoire qui reste enfouie dans les décombres de l’histoire. Reconnaissez dans cette anomalie, le malaise de toute idée en mal d’espace, une introduction à quelque chose de plus grand. Faire abstraction de ces groupuscules minables qui font l’événement, parce que fidèles à une ligne aussi tordue que leur morale. Nous nous permettons d’écrire des consciences d’équivoques, nous restons en quête de stabilité et d’aisance et comme des funambules nous errons de proche en proche vers des solutions illusoires (…) En vérité, nous le disons aujourd’hui, la clé se trouve non par miracle dans notre genèse même mais il suffit de déterrer de nos profondeurs, le vrai sens de la vie et travailler pour accéder à la victoire. Faisons donc les choses avec simplicité. Nous effleurons à peine les mots et même si des fois notre muse nous rapproche un peu de l’extase, nous restons quand même superficiels et ce n’est que soulerie au lieu d’être envoutement et magie. Que l’en comprenne…

    Une société qui stagne, qu’il faut faire bouger et lui apporter les mécanismes de mutations capables de la faire évoluer vers des objectifs définis dès le départ. Ancré dans ce peuple, la simple idée de relever des défis, que ces défis ne sont pas fortuits mais imposés par l’histoire qu’il reste indispensable de connaître et éviter la bêtise… Nous pouvons avec une facilité extrême aller vers le progrès et assurer un avenir prospère à notre peuple. Que notre peuple mange, qu’il soit libre, qu’il soit capable de se soigner, de se cultiver, qu’il soit à l’abri des épidémies, qu’il soit fort. Nous disons aujourd’hui avec toute la responsabilité qu’il faut, que le jour où nous maîtriserons convenablement la charrue, ce jour-là nous aurons maitrisé le monde…


    Par A. Chouiha, La Nouvelle République
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