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Le Panthéon ne va pas s'effondrer

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  • Le Panthéon ne va pas s'effondrer

    Non, contrairement à ce que déclarait à la presse l'architecte en chef des Monuments historiques en fonction à la fin des années 1980, le Panthéon ne va pas s'effondrer si rien n'est fait. Ce diagnostic est aujourd'hui démenti.

    À l'époque, des pierres étaient tombées à l'intérieur de l'édifice. Pour des raisons de sécurité, il avait été partiellement interdit au public. «Le bâtiment est structurellement sûr, même si subsistent des tractions dans la maçonnerie et des risques de chute de pierres», assure aujourd'hui Carlo Blasi, architecte de l'université de Parme (Italie). Il a dirigé en 2005 l'audit du monument où reposent les grands hommes de la patrie, et remis son rapport au ministère de la Culture à la fin de la même année. Un compte rendu de son travail vient d'être publié dans une revue spécialisée (Engineering and Fractures Mechanics, février-mars 2008). Le service national des travaux du ministère de la Culture, à l'initiative de cette étude, présente ses conclusions dans un petit ouvrage non commercialisé.

    La poussée des grands arcs

    Les travaux entrepris dans les années 1990 avaient permis d'éviter de nouvelles chutes de pierres. Mais la controverse larvée sur l'état de santé du Panthéon et la volonté des ministres de la Culture de le rouvrir au public avaient conduit en 2003 le Service national des travaux de l'État à lancer un audit européen afin d'avoir un diagnostic indiscutable. C'était la première fois qu'une contre-exper*tise internationale était conduite pour un monument historique classé appartenant à l'État.

    Carlo Blasi et son équipe ont démontré que les fissures et les chutes de pierres n'ont pas pour cause principale le tassement des fondations, la condensation ou l'oxydation des agrafes de fer (le Panthéon a été le premier bâtiment construit en pierre armée, une technique aujourd'hui abandonnée). Elles sont provoquées pour l'essentiel par la poussée de quatre grands arcs qui supportent le tambour de la coupole centrale. D'une portée supérieure à 30 mètres chacun, ils constituent l'élément structurel le plus important de l'édifice. Cachés sous les combles, ils ne sont pas visibles de l'intérieur.

    Les murs sur lesquels les arcs s'appuient se sont écartés symétriquement de 12 cm en deux cents ans. «Au regard des dimensions de l'édifice, cela ne constitue pas un problème pour la stabilité globale du monument», souligne Carlo Blasi. En effet, un peu comme le bois, les maçonneries anciennes ont une grande plasticité, mais ce n'est que récemment qu'on a pris conscience du phénomène.

    Le problème vient du fait que la pierre armée est beaucoup plus fragile que la maçonnerie traditionnelle, en raison de la rigidité du métal. Chaque pilier sur lequel sont posées les extrémités de deux arcs supporte une charge de 1 520 tonnes. «Les arcs poussent tellement qu'ils provoquent des fractures dans les murs périphériques et déchirent les plafonds», explique l'architecte transalpin. Les arcs constituent le moteur de tous les mouvements du Panthéon. Les infiltrations d'eau et les écarts de températures ne jouent donc qu'un rôle secondaire.

    Une structure très complexe

    La qualité du travail de Carlo Blasi et de son équipe a été saluée par le comité scientifique chargé de contrôler l'audit. En Italie, où les tremblements de terre sont fréquents, la plupart des bâtiments anciens sont soumis à de fortes contraintes sismiques. Les spécialistes de conservation et de restauration sont donc régulièrement confrontés à des problèmes de stabilité. Le sujet est beaucoup mieux étudié qu'en France. Des universitaires de Parme, experts en consolidation de structures historiques, en mécanique des matériaux, en minéralogie et en métallurgie ont participé à l'audit.

    On a relevé les fissures afin de comprendre comment elles se sont formées et de bâtir des modèles des mouvements qui les ont causées. Carlo Blasi a compulsé tous les documents historiques ayant trait à la construction et aux polémiques qui ont accompagné les aménagements consécutifs aux problèmes de stabilité constatés presque aussitôt après la fin des travaux. Il a notamment montré que le Panthéon a une structure très complexe composée de trois systèmes indépendants, les coupoles, les grands arcs et les plafonds, et que tous les désordres de la construction doivent être interprétés à la lumière de cette organisation.

    Des travaux de restauration vont bientôt être décidés par le Centre des monuments nationaux et le Service national des travaux, après les études conduites par le nouvel architecte en chef des monuments historiques en charge du Panthéon, sur la base de l'audit de Carlo Blasi.

    Ce dernier souhaiterait de son côté que des observations supplémentaires soient entreprises afin de suivre sur le long terme l'évolution des mouvements de l'édifice. Il aimerait, par exemple, pouvoir comprendre quelle part le vent joue dans les déformations des grands arcs et quelle technologie utiliser pour consolider les pierres. Carlo Blasi projette aussi d'écrire un ouvrage sur le Panthéon. Il s'est pris de passion pour l'édifice et son histoire.

    Par le Figaro

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