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Ibn Zuhr: «Le Sage célèbre»

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  • Ibn Zuhr: «Le Sage célèbre»

    cet immense médecin arabe d’Andalousie du xiie siècle est connu en Occident sous le nom d’Avenzoar.

    En publiant La Médecine arabe dans l’Espagne musulmane (*), Fadila Bouamrane, qui est spécialiste en médecine interne et enseigne depuis 1980 à la Faculté de Médecine de l’Université d’Alger, fait en quelque façon oeuvre pie, pédagogique et pertinente en ce temps d’interrogations chicaneuses, sectaires et de jugement sommaire où l’on constate que certains hommes de sciences, à travers le monde, ont la mémoire oublieuse de l’apport universel des sciences arabes dans le passé.
    Et tout aussi particulièrement dans le domaine de la médecine, alors que l’Occident, et évidemment les sciences européennes, en ont pu jouir à satiété, - ce qui a pourtant donné une vigoureuse chiquenaude à «l’humanité nouvelle» dont on a parlé avec admiration et passion. Au reste, la Renaissance en avait pris le relais en en donnant la caractéristique grâce à l’oeuvre considérable d’Ibn Roshd (Averroès pour les Latins) de Cordoue qui a largement inspiré l’averroïsme latin, démontrant ainsi la qualité historique et scientifique de la pensée arabe, en dehors de toute vie spéculative de l’islâm traditionnel.

    Si peu à l’aise soit-on aujourd’hui en Orient, devant tant de progrès dans la recherche médicale, il reste incontestable que la médecine traditionnelle arabe, basée sur la médecine grecque et enrichie et promue par celle d’Andalousie, reste essentielle à reproduire dans une analyse descriptive de l’histoire de la médecine en général. Fadila Bouamrane a justement choisi de nous rappeler Abû Marwân ‘Abd al-Malek Ibn Abî al-‘Alâ’ Zuhr (464-557/1072- 1162), un des plus grands médecins cliniciens, parasitologues du Moyen Âge depuis le Baghdâdî er-Râzî (Razès) surnommé par son ami Ibn Roshd «Galien des Arabes» et que, par ailleurs, sept siècles après, Gabriel Constant Colin (1825-1896), professeur de physiologie de l’Académie de médecine (Paris), reconnaît aisément, en 1911, comme le «monument du savoir humain». De cet important héritage dans le domaine de la recherche médicale, laissé à l’humanité par Ibn Zuhr de Séville, Fadila Bouamrane, médecin et universitaire, s’est tout naturellement intéressée à son traité médical Kitâb at-Taysîr fî al-Mudawât wa et-Tadbîr (Le livre de la simplification des traitements et régimes) qui, dit-elle, «est parvenu en Occident sous forme de versions latines, via l’hébreu, assez peu fidèle à l’original. [...] À ce propos, il faut rappeler que, comme le latin était la langue savante de l’Europe, la langue arabe constituait la langue scientifique de l’ensemble du monde arabe.»

    De même, elle explique avec simplicité, et je cite par bribes, que

    «L’objectif de cette étude est de tenter de donner une idée de ce que fut la médecine arabe dans l’Espagne musulmane à travers la présentation de l’oeuvre d’un des plus célèbres médecins de cette époque Abû Marwân Ibn Zuhr. [...] Les savants et médecins arabes ont apporté une contribution dont témoigne la somme considérable d’ouvrages médicaux qu’ils ont légués mais dont, malheureusement, un grand nombre est perdu. [...] La médecine arabe a commencé à se développer à partir du 8e siècle ap. J.-C. dans la partie orientale du monde arabo-musulman recouvrant l’Iraq, la Syrie, la Palestine, l’Iran, l’Égypte.»

    Descendant d’une famille hautement versée dans le fiq’h et dans la médecine, Abû Marwân Ibn Zuhr (né et mort à Séville) a reçu de son père «l’essentiel du savoir et de l’éthique dans ce domaine», tout en étudiant à l’Université médicale de Cordoue. Ensuite, il est un temps stagiaire à Bagdad et au Caire puis de retour en Espagne, il est médecin au service des Almoravides. Sous le prince Ali Ibn Youcef, il est emprisonné près de dix ans à Marrakech. À l’avènement des Almohades, il est médecin et vizir auprès d’Abd el-Moumen. C’est alors qu’il lui est permis de se consacrer à ses écrits de médecine fondée sur l’observation et l’expérience, élargissant et diversifiant ses recherches médicales: chirurgie, étude des maladies internes et dermiques, épanchements péricardiques, etc. De son vivant, il est classé parmi les plus grands médecins andalous, et longtemps jusqu’au xviie siècle, grâce à la traduction de ses ouvrages en latin et en hébreu, son influence sur la médecine européenne est restée entière. Ses oeuvres sont donc nombreuses, - Kitâb at-Taysîr, écrit à la demande de son ami et patient le grand juriste et philosophe Ibn Roshd (Averroès) et que nous propose aujourd’hui Fadila Bouamrane, en est la principale.

    À la lecture de cette oeuvre, on comprend l’intérêt qu’elle est capable de susciter encore de nos jours dans les milieux de la médecine scientifique.

    Aussi bien, le travail méthodique, analytique et judicieusement commenté de Fadila Bouamrane, mérite tous les éloges: elle a traduit de l’arabe vers le français Kitâb at-Taysîr à partir des manuscrits de Paris (édition de Damas, 1983) et de Tamegrout (édition de Rabat, 1991, testée, authentifiée et mise au point par le professeur Mohamed Ben Abdallah Roudani). Mais, ainsi que le souhaite le Dr Fadila Bouamrane, laissons le temps de lire aux «lecteurs francophones intéressés par la littérature médicale de langue arabe, voire de l’étudier» cette oeuvre exceptionnelle d’un savant arabe.


    - L’Expression
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