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Abandonner le pétrole avant qu’il ne nous abandonne

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  • Abandonner le pétrole avant qu’il ne nous abandonne

    L’économiste en chef de l’Agence International de l’Energie estime que la production pétrole ne pourra suffire à satisfaire l’augmentation de la demande provenant des pays émergents et qu’il est urgent de passer à des énergies alternatives. « Même si nous ne sommes pas encore à court de pétrole, nous sommes à court de temps, » juge-t-il.


    Par Fatih Birol, The Independent, 2 mars 2008

    Nous sommes à la veille d’un nouvel ordre énergétique. Au cours des prochaines décennies, nos réserves de pétrole commenceront à s’épuiser et il est impératif que les gouvernements des pays producteurs et consommateurs se préparent dés maintenant à ce moment. Il ne faut pas s’accrocher au pétrole jusqu’à la dernière goutte. Nous devrions abandonner le pétrole avant qu’il ne nous abandonne. Cela signifie que de nouvelles approches doivent être trouvées rapidement.

    A l’heure actuelle nous assistons déjà à une modification de l’équilibre des forces entre les compagnies pétrolières internationales. Dans des régions telles que la mer du Nord et le golfe du Mexique, la production est en déclin. Les fusions et les acquisitions permettront aux « majors » de reconstituer leurs réserves pendant un certain temps, et les nouvelles technologies vont leur permettre d’allonger la durée de vie des champs existants et d’extraire du pétrole de zones marginales et difficiles à atteindre. Mais cela ne changera pas le problème sous-jacent. La production de pétrole des compagnies d’état atteint son maximum. Elles devront inventer de nouvelles façons de procéder.

    Les niveaux de production seront de plus en plus fixés par un très petit nombre de pays du Moyen-Orient. Cela ne signifie pas nécessairement un retour immédiat à un choc des prix comme dans les années 1970, car les pays producteurs ont compris que la stabilité va dans leur intérêt. Mais même en tenant compte de cela, il n’est pas certain qu’ils soient prêts à augmenter la production pour répondre à l’accroissement de la demande mondiale. La mise en œuvre de nouvelles capacités prend du temps.

    Du côté de la demande, nous voyons deux grandes évolutions. Partout où cela a été possible, les consommateurs ont déjà remplacé le pétrole, notamment pour les usages industriels, le chauffage et la production d’électricité. À l’avenir, le pétrole sera principalement utilisé dans le secteur des transports, où nous n’avons pas de solutions de rechange disponibles.

    L’autre évolution, c’est que l’essentiel de la croissance de la demande vient, et viendra à l’avenir, de la Chine et de l’Inde. Là encore, la possession d’une automobile sera le moteur principal de cette demande accrue. En 2020, l’Inde sera le troisième plus grand importateur de pétrole, et on s’attend à ce que la Chine importe 13 millions de barils en 2030, ce qui signifie l’apparition sur le marché d’un équivalent aux USA. En termes de ventes d’automobiles, on estime que d’ici 2015 au plus tard, il y aura plus de voitures vendues en Chine qu’aux États-Unis.

    Quels effets cela aura-t-il sur le prix de l’essence ? Les projections nous indiquent que si les producteurs ne fournissent pas une grande quantité de pétrole sur les marchés, on assistera à de fortes hausses de prix. Le pétrole coûtera peut-être 150 dollars le baril en 2030. Si les gouvernements n’agissent pas rapidement les problèmes pourraient survenir encore plus tôt.

    Les pays développés et les pays consommateurs de pétrole peuvent faire plusieurs choses pour faciliter la transition vers de nouvelles énergies. L’une d’elle consisterait à augmenter l’efficacité des véhicules. Une autre serait de faire un meilleur usage des biocarburants, mais pour que cela soit utile, ceux-ci devraient être produits à moindre coût dans des pays en développement comme le Brésil, et non pas par les agricultures fortement subventionnées du monde développé.

    Les prix élevés rendent également rentable de produire du carburant à partir de sources non conventionnelles telles que les sables bitumineux. Mais pour ce faire il faut beaucoup d’énergie, principalement du gaz naturel, et le processus émet beaucoup de CO2. Les sables bitumineux sont attrayants, mais comme les biocarburants, ils ne pourront jamais remplacer le pétrole du Moyen-Orient.

    À long terme, il nous faut réfléchir à une énergie alternative de transport, éventuellement les voitures électriques, grâce à l’électricité fournie par les centrales nucléaires.

    Mais l’élément vraiment important, c’est que même si nous ne sommes pas encore à court de pétrole, nous sommes à court de temps.

    Fatih Birol est économiste en chef à l’Agence Internationale de l’Energie
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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