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Maghreb - Histoire d'une animosite.

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  • Maghreb - Histoire d'une animosite.

    Du temps des indépendances, le Maghreb renaissant: Chronologie et faits d'une animosité[1]

    Paul Balta disait: "Ces hommes [les Maghrébins] ont toujours manifesté leur goût de l'indépendance et une farouche volonté de protéger leur identité face à tous les conquérants …"[2]. Ce constat historique prouve à lui seul la complexité du traitement des relations régionales et interrégionales au Maghreb. Ce goût d'indépendance ne se manifeste guère et seulement contre l'occupant étranger, il se manifeste dans plusieurs cas contre le voisin immédiat, contre la tribu limitrophe et même contre le gouverneur reconnu comme tel. L'existence même des Etats en Afrique du Nord ne peut s'expliquer que par la conquête militaire du pouvoir d'une frange de la société contre une autre, la religion ou autre idéologie ne sert que comme point d'appui et de légitimation à l'acte. Prenant le cas du Maroc lequel à connu l'édification des plus grands Etats locaux et indigènes, depuis les Almoravides aux Alaouites les cinq grandes dynasties ( nous faisant fi des autres dynasties minimes supposées intermèdes de l'histoire), qui ont gouverné l'espace en question étaient des Bédouins conquérants généralement venus du Sud. Elles ont été farouchement combattu au début comme elles seront farouchement défendues avant leurs chutes.[3] Les mêmes dynasties en plus d'autres, tel les Fatimides de Tunisie, essayèrent d'établirent des unions vite compromises par ce sentiment d'indépendance.[4]

    Avec la colonisation ce rêve impérial d'union trouva en la France une certaine concrétisation, laquelle démontre vite l'imbroglio de ce Maghreb, solidaire à outrance contre l'étranger, et disloqué la veille de son départ.

    En retraçant l'histoire de cette chimère d'union maghrébine on remarque que depuis le début du XX° siècle ce sentiment a trouvé un terrain de prédilection basé sur la supposition des caractères communs considérés comme "… constantes historiques, facteurs unitaires qui perdurent de nos jours [et] ont, de tout temps, enflammé l'imaginaire maghrébin."[5] De ce fait une vision unitaire moderne se manifesta au Maghreb sous l'influence du mouvement de la Nahda (Renaissance) arabe naît en Orient, ainsi que le mouvement Salafia, en y mêlant un brin de modernisme. Des rassemblements de jeunesse apparaissent dans tout le Maghreb, tel les Jeunes tunisiens en 1907, les jeunes algériens en 1914 et les jeunes marocains en 1919.

    Entre 1915 et 1916 des mouvements algériens et tunisiens préconisèrent et établirent les premières genèses modernes à l'élaboration et au lancement de l'idée d'un Etat nord africain. Suivit des mouvements nationaux qui se formèrent dans la région entre 1920 et 1947; 1920 le Neo-Destour, 1934 L'Etoile nord africaine en Algérie qui précéda le Parti du Peuple Algérien créé par le père du nationalisme algérien Hadj Messali et en 1934 le Comité d'Action Marocain, qui se scinda en 1937 en deux mouvements, d'où naîtront deux grands partis rivaux; L'Istiqlal de Allal el-Fassi en 1943 et le Parti Démocratique de l'Indépendance de Mohammed Ben el-Hassan al-Ouazzani en 1946.

    Tous ces mouvements trouveront leur point commun avec l'évasion et l'installation au Caire en 1947 du leader de la guerre du Rif; Mohammed Ben Abdelkerim el-Khattabi. Avec la création du Bureau du Maghreb Arabe en 1948, les partis marocains et tunisiens adhérèrent à la charte du Caire sans pour autant être de fervents défenseurs de sa ligne politique. En même temps les Algériens qui préconisèrent une action militaire contre l'occupation française virent leur proposition mal acceptée par les Marocains et les Tunisiens, plus aptes à une activité politique souple, basée sur la négociation, en harmonie avec le statut de protectorat qui leurs a été imposé, par opposition à la situation de colonie qui date de 1830 dont soufrait l'Algérie.

    Cette année marqua le début réel des clivages entre les mouvements nationaux maghrébins. Les Tunisiens et les Marocains adoptèrent l'idéal de l'unité du Maghreb sans pour autant décliner le sentiment nationaliste local et même égoïste. Ils ont marqué tous les deux une nette différence à l'encontre de la vision militariste du mouvement algérien, régi à l'époque par le PPA, qui verra sa pleine maturité avec le FLN héritier de ce dernier en 1954.[6]

    A partire de cette date des animosités et des querelles politiques et personnelles envenimeront les relations inter maghrébines jusqu'à nos jours. L'historiographie elle-même ne nous aide guère dans la quête de la vérité. Rare sont les archives disponibles de ces mouvements, le vide et vite comblé par diverses déclarations et narrations chauvines des différents leaders. C'est dans ce contexte par exemple qu'on parle d'un accord secret en 1955 entre les dirigeants du FLN et Allal el-Fassi et Salah Ben Youssef afin de s'engager et de participer activement aux côtés des algériens dans leur lutte armée, accord qui resta lettre morte selon les déclarations de Houari Boumediene; il à seulement omit de spécifier qu'au même moment la Tunisie venait d'accéder à une large autonomie fruit de luttes politiques et nationales acharnés, de même que le Maroc était en phase ou sûrement prés de son indépendance.

    A côté des animosités personnelles, il y avait tant de discordes et de tonalités de perceptions des différents projets d'unification, entre la fédération ou la confédération ou autre conception politique. Au même instant, le Maroc indépendant avec la consolidation de son système monarchique, qui ne faisait q'un avec le mouvement national, ne pu concevoir une unité suivant les conceptions du FLN, de même pour la Tunisie qui s'est vu offrire un système républicain à parti unique avec son leader charismatique Habib Bourguiba. Et même ces deux derniers n'étaient presque jamais sur la même longueur d'ondes.

    Un des plus grands projets d'unification et non des moins discutable en 1956 fut l'idée d'une Confédération Maghrébo-française, ce qui aurait dû mettre fin à la guerre d'Algérie. Idée soutenue d'une "certaine manière" par la Tunisie et le Maroc et mal vue par les Algériens, le doute et même permit concernant l'appui marocain de par sa vision monarchiste, sans pour autant parler de la main mise du parti nationaliste de l'Istiqlal sur la politique étrangère comme interne au Maroc, la Tunisie de Bourguiba, non plus, n'était nullement militante de l'internationalisme.[7]

    [1]Avant tout nous proposons de ne traiter que les trois principaux protagonistes maghrébins: l'Algérie le Maroc et la Tunisie, la Libye et la Mauritanie ne faisaient pas office de grands acteurs déterminant dans la marche historique dont nous proposons l'évaluation.

    [2] Balta Paul, 1990, Le grand Maghreb des indépendances à l'an 2000, paris, la découverte, p. 15.

    [3] Laroui Abdallah, 1982, l'Histoire du Maghreb; un essai de synthèse, Paris, François Maspero, pp. 147 et suiv.

    [4] Laroui, A., 1982, pp. 123-127, 147 et suiv.

    [5] Balta, P., 1990, p. 17.

    [6] Balta, P., 1990, pp. 20-22

    [7] Balta, P., 1990, p. 23
    - Cohen Bernard, 1986, Bourguiba le Pouvoir d'un seul, Flamarion, p. 33.

    A suivre...

  • #2
    Suite I.

    Plusieurs projets semblables restèrent lettre morte. De plus les relations se compliqueront entre les Etats maghrébins automatiquement après leurs indépendances respectives. L'indépendance de la Mauritanie envenimera ses relations avec le Maroc jusqu'en 1971. la Tunisie aura toujours peur de l'hégémonie algérienne et tentera de s'approprier le Constantinois, la guerre des sables en 1963 entre le Maroc et l'Algérie éternisera l'inimitié entre les dirigeants marocains et algériens, la position de la Tunisie au sein du groupe de Monrovia à l'encontre du groupe de Casablanca jettera un froid dans les relations maroco-tunisiennes …etc.

    Il est impérativement important de revenir sur la période coloniale et des indépendances afin de remonter le fil des dislocations du rêve maghrébin. Qu'on ne peut concevoir qu'à travers des paradoxes historiques faisant de la colonisation française, tant combattu par les Maghrébins, l'origine même de l'état moderne, l'état nation qu'ils défendent tous, et cela et plus marqué en Algérie ou l'histoire officielle n'a cessé d'inculquer à la jeunesse le "mythe-réalité" d'un million de martyres. Cette même jeunesse redécouvre chaque jour que la mémoire historique et à redécouvrir en Algérie.

    Des visions unionistes aux guerres

    Jusqu'en 1964 l'union n'est entrevue que par les trois principaux Etats: l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. La Mauritanie loin dans l'extrémité saharienne faisait office de trait d'union avec l'Afrique subsaharienne, en plus de sa situation d'état ambigu dont la formation sociologique; tribale et archaïque rendait le problème plus complexe, puisque avant l'indépendance 28 novembre 1961, des supposés relations de vassalité entre les princes des tribus existaient avec le royaume du Maroc, ce qui retardera pour longtemps la reconnaissance de cet Etat par ce dernier. Après 1975 la Mauritanie associée au Maroc faisait son entrée solennelle au club du Maghreb ce qui fut préparé en 1970.

    L'épisode des réclamations marocaines concernant la Mauritanie s'est fait en commun accord entre la monarchie et le parti dominant de l'Istiqlal, qui prédira le grand Maroc de la méditerranée au fleuve Sénégal. En 1958, le roi Mohammed V proclama que la Mauritanie et le Sahara faisaient parti de la famille et de la communauté marocaine.[1] De plus La constitution ethnique et sociologique de la Mauritanie dans sa tranche Beidane (Arabes et Berbères) s'apparente largement à ce qui existe au Maroc, ce qui facilitera l'alignement de grands notables mauritaniens à la thèse marocaine, déçus par la politique française ainsi qu'une certaine peur de l'hégémonie sénégalaise à travers les Sudanes (negro-africain), tel Horma Ould Babana de la grande tribu maraboutique des Ida ou Ali et qui occupa la scène mauritanienne de 1946 à 1950, et le prince des Trarza, Mohammed Fall Ould Oumeir, Deye Ould Sidi Baba, Mohammed Ould Bah, Cheikh Hamadou, tous hommes influents et grands cadres de l'administration en Mauritanie.[2] Cette fuite laissera le champ libre à une jeunesse mauritanienne moderniste sous le leadership de Mokhtar Ould Daddah.

    La Libye, elle, loin vers l'est jouait le même rôle avec l'Orient, en plus son régime monarchique maraboutique d'avant la révolution du 1° septembre, et la main mise des multinationales ne lui laissait guère de liberté de manœuvre. Après 1964 cette dernière adhérera au rêve maghrébin grâce au changement du régime, et l'arrivé du Colonel Kadhafi au pouvoir, lequel n'a cessé jusqu'a nos jours de formuler des concepts et des expériences d'unifications avec presque tout le monde africain et arabe, sans pour autant réussir dans aucune de ses tentatives, ne nous attarderons guère sur son parcours unique.

    1975 fut l'année de la grande discorde avant la création du mort-né de l'UMA (Union du Maghreb Arabe). La récupération du Maroc en association avec la Mauritanie des provinces sahariennes (Sahara Occidental) sous occupation espagnole, sonna le glas à jamais à toutes tentatives de réunification entre les pays du Maghreb. La création de la RASD (République Arabe Sahraouie Démocratique) ne fera qu'envoyer aux calandres grecques ce même projet.

    Ce problème aura le mérite de démonter que le problème maghrébin ne s'oppose pas dans le concret en des termes populaires, il réside plutôt dans la vision personnelle de quelques dirigeants, et principalement les dirigeants marocains et algériens. Problème de nature existentialiste pour deux visions étrangères l'une à l'autre de ce qu'on peut appeler le Maghreb.

    La première et une vision historique ancestrale suivant une lignée impériale basée sur le droit divin et l'allégeance et la vassalité, qui fait grande différence entre l'état proprement dite, laquelle est le Makhzen, et la nation. Le cordon reliant les deux entités et la baya (allégeance), contrat légal qui détermine les devoirs et les obligations de chacun, suivant un concept religieux islamique se voulant comme superposition prophétique. L'essence même du pouvoir au Maroc diffère des autres pays, c'est un pouvoir non gouvernant, il se veut plutôt protecteur et paternaliste servant à la protection et la conservation et non à la création, dans un cadre segmentaire basé sur la non-rigidité des alliances entre groupes socio-plitiques, économiques et religieux.[3]

    [1] "Le Monde", 4 septembre 1958, in Marchesin Philippe, 1992, Tribus, ethnies et pouvoir en Mauritanie, Paris, Karthala, p. 96.
    - On retrouve dans ce discours cette intonation paternaliste et protectrice non dominatrice qu'a démontré Waterbury, J. dans son ouvrage, le commandeur des croyants, la monarchie marocaine et son élite.

    [2] Marchesin Philippe, 1992, p. 95-97.

    [3] Waterbury John, 1975, le commandeur des croyants, la monarchie marocaine et son élite, Paris, PUF, p 98

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    • #3
      Suite II.

      La deuxième vision, algérienne, est de nature militariste et militante. Basée sur la légitimité du sang versé pour l'indépendance, d'ailleurs toute la mémoire historique algérienne tournera autour du 1 million de martyres. L'Etat même de l'Algérie vu et constitué par le FLN ne se comprend que par des antagonismes paradoxaux. La même idée peut s'appliquer aux autres états du Maghreb avec moins de conviction:

      Colonisation française = Frontières algériennes
      Algérie française = Algérie arabe


      Le problème même de l'Algérie vis à vis de son voisin le Maroc reste l'histoire, malgré qu'ils aient tous les deux plus ou moins un dénominateur commun lequel est le refoulement provisoire[1] de leur histoire après l'indépendance. L'Etat en générale au sein des pays du Maghreb ne se définie que par son opposition à ses voisins.

      Au Maroc on a vite réglé ce complexe en se projetant dans l'histoire d'avant 1912, l'histoire impériale et dynastique, ce que Benjamin Stora appelle le trop plein d'histoire(s).[2] On a même inondé la scène d'une historiographie ou tous se mélange religion, politique, espace géographique, et ou tout converge vers la légitimité de "l'ancestralité" de l'Etat marocain. Pour ce qui concerne l'histoire de l'après indépendance, elle dépasse le cadre idéologique de légitimation, elle a même dépassé l'idée de refoulement provisoire afin de resurgire en des espaces médiatiques, traitant des années de plomb, facilitant la reconquête de la mémoire, et ce après la mort de Hassan II et l'avènement de l'ère de la nouvelle gouvernance sous Mohammed VI.

      En Algérie le problème et plus complexe l'état moderne et en totale rupture avec le passé d'avant la colonisation française, guère facilité par la période de domination turc. Ce qui pousse à une véritable fragmentation historique. Pour la période contemporaine le tracé ressemble largement au cas marocain, les crises politiques après la mort de Boumediene et le réveil de la jeunesse algérienne naît après 1962, poussa à une réécriture de l'histoire allant même à imposer une grande liberté de choix de sujet et de forme d'écriture, ce qui obligea les tendances dirigeantes à réhabiliter des figures historiques comme Hadj Messali et Mohammed Boudiaf.

      L'Etat au Maghreb
      Etat

      Algérie
      Maroc
      Tunisie
      Nature
      République
      Monarchie
      République Monarchique
      Système
      Militaire
      Religieux
      Civile
      caractère
      révolutionnaire
      Archaïque/ancestrale
      Moderniste



      Et si en tente de résumer les conflits inter maghrébin et surtout entre les plus hégémoniques; le Maroc et l'Algérie et plus ou moins la Tunisie, on trouve plusieurs complexes, le plus important pour les dirigeants du FLN et l'ALN (Armé de libération Nationale), qui ont conquit l'indépendance de l'Algérie avec le sang, fut et demeure la vision marocaine et tunisienne concernant la définition de l'Etat algérien qu'ils considéraient comme étant une entité politique sans racines historiques, dont l'existence, en tant que tel, revient paradoxalement à la colonisation française en 1830. D'autre part les Marocains et les Tunisiens n'ont jamais approuvé les visions hégémoniques du FLN et sa vision de la libération populaire suivant la conception Nassérienne révolutionnaire importée d'Egypte, surtout à l'époque de Benbella, qui sera suivi de l'intransigeance d'un Houari Boumediene ex chef de l'ALN.

      Le problème frontalier entre les états maghrébins s'éternisera à cause des positions marocaines et tunisiennes de revoir les tracés légués par les colonisations. Lesquelles sont défendues par l'Algérie suivant le principe de l'OUA concernant l'intangibilité des frontières. Nous pourrons même aller plus loin et spéculer sur l'histoire afin de lui faire avouer que le malheur du Maghreb réside dans les différentes façons d'accéder à l'indépendance, la guerre d'Algérie donnera un ton à la nouvelle nation sorti d'un vide historique afin de rechercher le peuple de cette même nation, par opposition à un Maroc qui à toujours vécu un trop plein d'histoire.

      "Le Maroc se conçoit, de longue date, comme une nation. Plus précisément, Etat et Nation sont ici indifférenciés et cet amalgame renforcé par une continuité séculaire. A l'inverse, l'Algérie est une "nation tardive", née, dans sa forme moderne, de la guerre d'indépendance. Cette identité récente et imparfaite explique la poursuite, vaille que vaille, d'un travail national de "consolidation" –dans un contexte pathétique- durant la décennie 1990.
      En Algérie, la construction de l'Etat a précédé celle de la nation …
      La situation diffère au Maroc. Longtemps, l'Etat et la nation ont recouvert des réalités distinctes…"[3].

      [1] Stora Benjamin, 2002, Algérie, Maroc: Histoires parallèles, destins croisés, Tarik édition, p. 75.

      [2] Stora, B., 2002, p. 80.

      [3] Stora, B., 2002, pp. 13-14.

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      • #4
        Suite III.

        La guerre des sables de l'intangibilité des frontières à celle des dirigeants

        Ces conceptions étatiques différentes seront à même d'envenimer les relations inter maghrébines. Ce qui a poussé le Maroc indépendant en 1956 à entamer la préparation à la revendication de certaines contrés appartenant à l'Algérie française, en vue de son indépendance certaine. En 1950 les autorités françaises ont invité les Marocains pour des négociations sur le même sujet, invitation déclinée par Mohammed V préférant attendre l'indépendance de l'Algérie afin de régler le contentieux frontalier, fait qui s'apparente à la vision monarchique marocaine du pouvoir et de son devoir au sein de la Ouma(nation Islamique).[1] En 1961 un accord secret est signé entre le GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne) et le Maroc, il stipula la constitution d'une commission pour régler le problème.

        En mai 1963 l'OUA fond sa création, entre autre, sur le principe d'intangibilité des frontières (art. 3 de la charte). La même année la situation politique en Algérie a connu plusieurs remous qui imposèrent Ben Bella comme véritable décideur du FLN, tout en écartant les membres du GPRA.[2] La nouvelle autorité ne trouva aucune obligation à respecter l'accord précité entre les deux parties.[3]

        Il est à signaler que le sujet du contentieux se trouve dans les marges sahariennes: Tindouf, Bechar et quelques autres zones, ces mêmes territoires étaient à l'origine du retardement de l'indépendance de l'Algérie décidée en 1960, si un accord entre les deux parties concernant l'amputation du Sahara et sa conservation dans le giron français été accepté par les Algériens.[4]

        Le 8 octobre 1963 la première guerre moderne en Afrique indépendante, la guerre des sables, se déclencha par des accrochages entre les deux armés jusqu'au 5 novembre, ponctué par la conférence de Bamako (29-30 octobre 1963) qui instaura un semblant de cessé le feu, grâce à l'intervention du souverain éthiopien Haïlé Selassié. On remarquera l'intervention africaine décisive afin de mettre fin au problème, en comparaison avec l'absence magistrale de la Ligue des Etats Arabes, chose qui s'éternisera dans les autres conflits au Maghreb Arabe, on remarquera aussi les positions mauritaniennes et égyptiennes soutenant l'Algérie..
        "La guerre des sables dissipe les espoirs de ceux qui espéraient voir naître une union maghrébine avec l'indépendance algérienne. Pis, elle trouvera son prolongement dans la crise du Sahara occidental en 1975".[5]

        La guerre des sables ne peut s'expliquer seulement par l'hégémonie marocaine aux vues des algériens ou par l'intransigeance et le revirement des algériens aux vues des Marocains. La situation dans les deux pays à la même époque se rapprochait de la catastrophe, elle faisait resurgire les démons de la dislocation nationale et des remous et des perturbations politiques à même de renverser les équilibres locaux, les deux régimes en places trouvèrent ainsi leur salut dans une guerre qui renouvela l'unité nationale autour de chacun des deux dirigeants.

        Cette guerre aura "le mérite", paradoxalement, de démontrer l'importance et l'efficacité de l'OUA, en même temps qu'elle a démontré la faiblesse de la Ligue des Etats Arabes et du monde arabe en général, absorbé par ses conflits moyens-orientaux. Depuis l'OUA sera le terrain de prédilection des luttes et antagonismes maroco-algeriens, ce qui se traduira par le conflit saharien, qui envenimera les relations interafricaines et fera quitter au Maroc sa place de leader dans la dite organisation.

        [1] Balta, P. 1990, p. 201

        [2] Balta, P. 1990, p. 84

        [3] Stora, B., 2002, p. 25-26

        [4] Balta, P. 1990, p. 22
        - Stora, B., 2002, p. 26

        [5] Stora, B., 2002, p. 27

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        • #5
          Suite IV.

          De la guerre du Sahara[1]

          Dans son introduction à son livre "le Sahara occidental enjeu maghrébin", Abdelkhaleq Berramdane présente le problème de la manière la plus simple, loin de l'intrigue politique ou économique, il remet le problème dans son climat historique et géographique:
          "Le royaume chérifien veut retrouver ses racines et sa mémoire. Il refuse de perdre le Sahara occidental alors qu'il a déjà perdu la Mauritanie qu'il avait revendiqué des années durant. Et si l'Algérie et la Libye ont eu leur part du désert, que n'eût-il, lui aussi, l'Empire saharien séculaire son dû de quelques dunes de sable. Ne s'était-il pas opposé, et avec quelle énergie, aux tentatives de démembrement de l'Algérie lorsque le gouvernement du Général De Gaulle avait envisagé de l'amputer de son Sahara? N'avait-il pas non plus abandonné, tardivement certes, ses revendications sur les confins sahariens aux frontières algéro-marocaines? En échange de quoi les dirigeants marocains attendent de l'Algérie, soutien et encouragement à leur irrédentisme.
          Mais l'Algérie n'oublie pas l'histoire. La guerre des frontières algéro-marocaines de 1963 perdue pour elle, est encore là dans les mémoires. Soutenir les adversaires du Maroc n'est-ce pas d'une certaine manière prendre sa revanche sur le royaume? L'Algérie n'ignore pas non plus la géographie. Car la politique d'un pays, selon la formule de Napoléon, est dans sa géographie."[2]

          Le Sahara en Afrique fut de tout temps un espace de convoitise, nous l'avons vu dans l'introduction, qu'il n'était en rien un espace hostile et infranchissable, le commerce ayant fait sa gloire et la richesse des riverains, au Maroc on y ajoute une autre convoitise, celle de la récupération de la mémoire. L'Etat marocain "indigène" et d'origine saharienne par définition, et en général issu du Sud des confins sahariens. De plus la constitution sociale et culturelle de base tribale repose en grande partie sur l'appartenance saharienne. Cela dit-on ne peut comprendre la position marocaine concernant le Sahara sans mettre en évidence une redéfinition de la donne politico-géographique, se n'est pas le Sahara qui est marocain c'est le Maroc qui est Saharien et Sahraoui. Ce qui explique aussi la multitude de prétendants du Sahara au Maghreb[3], car le Maghreb en entier est Saharien par essence.

          Il sera une erreur de traiter le sujet sans faire référence aux anciennes querelles que nous avons évoquées précédemment, lesquelles expliquent mieux qu'autre chose la pérennité des animosités entre les pays maghrébins. Nous pourrons aller même à dire que plus un pays au Maghreb a de frontières il a d'ennemis, et c'est le cas de l'Algérie et du Maroc et de la Mauritanie, et éventuellement de la Libye. Malgré que le cas du Maroc soit plus sensible, de part sa position géographique à l'extrémité nord-ouest du continent africain et du Monde arabe au front de l'Europe à 13 kilomètres, il est condamné à être un Etat frontière; qui stipule la nécessité d'une armée comme l'Espagne au nord et l'Egypte à l'est. En plus le Maroc est un espace de passage obligatoire, comme il est un terminus ou se réunissent les arrivés et d'où on peut préparer les départs vers l'Europe[4] et vers l'Afrique subsaharienne. Tous ça fait du Maroc et du Maghreb général un espace aux multiples antagonismes entre tous les voisins, c'est ce que Parker résume comme une problématique constante au Maghreb et surtout concernant le Maroc:
          "Each sees the other as a threat, and their national stereotypes of each other are much like those shared by the Poles and Russians, with the Moroccans being the Poles."[5]

          Le Maghreb ainsi fait, ne peut être aussi comprit qu'en faisant référence à son histoire de conquêtes et de conquérants de tous parts, ce qui a produit une société guerrière, au sens historique du terme, dont les états locaux ne se sont constitués que par la force des armes, et jusqu'à maintenant tous les régimes au Maghreb à un moment de leur histoire, ont conquis le pouvoir par l'acte et la force militaire, sauf la Tunisie qu'on considère comme le seul Etat civil de la région jusqu'à l'évection de Bourguiba, est même si Ben Ali l'actuel président est un militaire, le fait ne change rien à ce qu'on peut considérer comme une simple révolution de palais.

          En analysant la donne politique, économique et sociale au Maroc on arrive à déterminer que le problème n'est nullement lié à l'institution régnante et dirigeante[6]. Il serait plutôt lié à une conception historique et culturelle, d'un Maroc qui a su préserver une nette différence avec le Machrek Arabe[7]. Nous remarquons cela dans sa constitution ethnique: Amazigh, Arabe et Negro Africaine, dans ses langues, Tamazight, l'Arabe classique et dialectale, le Hassania, et l'Hébreux, le Français et l'Espagnole plus récemment avec la colonisation, et dans sa constitution religieuse, l'Islam malikite sunnite et le Judaïsme. Le problème sera même politico-culturel et non économique comme certains le prétendent, bien sûr les phosphates et autres minerais seraient un bonus pour tous les prétendants, mais le Sahara pour les nationalistes et le peuple marocain est une affaire sacrée.[8]

          On peut aussi définir le problème comme une lutte pour la domination de la côte atlantique, chose importante pour l'Algérie et pour ses minerais du sud[9], mais pas au point de déclencher une guerre. Par cette interposition algérienne, en plus du background historique (guerre d'indépendance, frontières avec le Maroc, 1963) l'Algérie cherche plutôt à créer un état faible et vassale, capable de l'aider à réglementer la politique maghrébine en sa faveur, et à recréer l'histoire de l'Etat d'Algérie tant discuté et renié par ses voisins.[10]


          [1] Nous limiterons nos propos à une présentation du conflit dans une autre dimension qu'événementiel, pour plus d'informations sur les étapes et les faits du conflit. cf. Berramdane Abdelkhaleq, 1992, Le Sahara occidental enjeu maghrébin, Paris, Karthala; Collectif, 1999, Hassan II présente la marche verte, Paris, Plon; Parker Richard, B., 1984, North Africa; Regional Tensions and Strategic Concerns, New York, Praeger.

          [1] Nous limiterons nos propos à une présentation du conflit dans une autre dimension qu'événementiel, pour plus d'informations sur les étapes et les faits du conflit. cf. Berramdane Abdelkhaleq, 1992, Le Sahara occidental enjeu maghrébin, Paris, Karthala; Collectif, 1999, Hassan II présente la marche verte, Paris, Plon; Parker Richard, B., 1984, North Africa; Regional Tensions and Strategic Concerns, New York, Praeger.

          [2] Berramdane, A., 1992, pp. 11-12.

          [3] Berramdane, A., 1992, pp. 11-12.

          [4] Ce qui explique la pérennité aussi des conflits avec l'Espagne.

          [5] Parker Richard, B., 1984, p. 14

          [6] Il est vrai aussi que l'affaire du Sahara est venue à un moment ou le régime était entrain de rééquilibrer ses bases et ses assises.

          [7] Parker Richard, B., 1984, Introduction.

          [8] Parker Richard, B., 1984, p. 109.

          [9] Berramdane, A., 1992, p. 56.

          [10] "The Algerians could conceivably (but improbably) go to war because they wanted a weak Saharan state, but not because of access to the sea. There was no need for them to do so.", Parker Richard, B., 1984, p. 109.
          - Berramdane, A., 1992, pp. 54-56.

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          • #6
            Suite V.

            Concernant la Mauritanie, une nécessité absolus s'imposa à sa politique depuis son indépendance, qui tourne autour de l'hégémonie marocaine. Et si Ould Daddah a su se rallié à Hassan II dans le partage du Sahara, ce n'était que chose normal, du moment qu'historiquement les deux pays ne sont en réalité que le prolongement de l'un et l'autre et de chacun d'eux dans ses extrémités nord et sud. En plus la Mauritanie de l'époque se voulait comme trait d'union entre l'Afrique blanche et l'Afrique noire.[1] Après le revirement de la donne politique, après le coup d'état 10 juillet 1978 et le ralliement à l'Algérie, elle reviendra en arrière afin de détruire le travail tant élaboré par Ould Daddah, qui a réussit à dépasser la phobie du Maroc et à s'imposer comme un Etat souverain sur le même pied d'égalité. Il faut souligner que la période 1974 – 1978 était une lune de miel pour la rencontre maroco-mauritanienne, malgré les soubresauts de la guerre contre le Polisario. Les régimes militaires qui suivirent reconnurent la RASD et replacèrent l'idée sécuritaire[2] avec le Maroc, en permettant l'instauration d'un état tampon aux frontières. Ainsi la position mauritanienne se déterminera par un flottement des alliances entre l'Algérie et le Maroc, essayant de préservé un équilibre entre les deux géants, tout en acceptant les solutions préconisées; le partage, la RASD ou le referendum.[3]



            [1] Balta, P. 1990, p. 145
            - Berramdane, A., 1992, pp. 57-59.

            [2] "The Mauritanian position was motivated as much by fear of Moroccan intentions as by anything else." Parker Richard, B., 1984, p. 109.

            [3] Berramdane, A., 1992, p. 57-58.

            Par Khalid Chegraoui

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            • #7
              Merci Medit

              Quelques extraits significatifs


              , se n'est pas le Sahara qui est marocain c'est le Maroc qui est Saharien et Sahraoui. Ce qui explique aussi la multitude de prétendants du Sahara au Maghreb[3], car le Maghreb en entier est Saharien par essence.


              . .........................................

              Prenant le cas du Maroc lequel à connu l'édification des plus grands Etats locaux et indigènes, depuis les Almoravides aux Alaouites les cinq grandes dynasties ( nous faisant fi des autres dynasties minimes supposées intermèdes de l'histoire), qui ont gouverné l'espace en question étaient des Bédouins conquérants généralement venus du Sud.

              ......................................

              Ce problème aura le mérite de démonter que le problème maghrébin ne s'oppose pas dans le concret en des termes populaires, il réside plutôt dans la vision personnelle de quelques dirigeants, et principalement les dirigeants marocains et algériens.

              ..........................

              Basée sur la légitimité du sang versé pour l'indépendance, d'ailleurs toute la mémoire historique algérienne tournera autour du 1 million de martyres.

              .............................

              Le problème même de l'Algérie vis à vis de son voisin le Maroc reste l'histoire,

              Au Maroc on a vite réglé ce complexe en se projetant dans l'histoire d'avant 1912, l'histoire impériale et dynastique,

              .................................

              En 1950 les autorités françaises ont invité les Marocains pour des négociations sur le même sujet, invitation déclinée par Mohammed V préférant attendre l'indépendance de l'Algérie afin de régler le contentieux frontalier, fait qui s'apparente à la vision monarchique marocaine du pouvoir et de son devoir au sein de la Ouma(nation Islamique

              En 1961 un accord secret est signé entre le GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne) et le Maroc, il stipula la constitution d'une commission pour régler le problème.

              ..............................

              La guerre des sables ne peut s'expliquer seulement par l'hégémonie marocaine aux vues des algériens ou par l'intransigeance et le revirement des algériens aux vues des Marocains
              les deux régimes en places trouvèrent ainsi leur salut dans une guerre qui renouvela l'unité nationale autour de chacun des deux dirigeants.

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              • #8
                ce n est pas un millions de chaids en algerie mais un million et demi .

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