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Bouteflika envoie Ould-Abbès pour discuter avec les harragas

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  • Bouteflika envoie Ould-Abbès pour discuter avec les harragas

    LES HARRAGA A OULD-ABBÈS : "Où sont ces richesses de l'Algérie dont vous parlez ?"

    Après l’émission télévisée diffusée vendredi dernier par l’ENTV sur le thème des harraga, ce fut au tour du ministre de la Solidarité de se rendre dans la wilaya d’Oran dans la journée d’hier pour rencontrer une soixantaine de jeunes ayant vécu l’amère traversée de la mer. La rencontre a eu lieu au niveau du Cras, avec des jeunes visiblement pessimistes sur les éventuelles solutions que pourrait leur apporter le ministre. «Entre la corruption et le chômage, nous choisissons el harga. Encore et toujours ces hauts responsables qui vivent dans le luxe et ne comprennent rien à notre douleur», nous diront-ils.

    Amel B. - Oran (Le Soir) - Prévue à 9h, la rencontre n’a finalement débuté qu’aux alentours de 11h30, un retard imputé à Air Algérie. Ces jeunes, venus discuter avec le ministre de la Solidarité à sa demande, se sont exprimés avec rage, désespoir et parfois refusant de croire aux paroles des officiels. «Ces officiels nous ont trop longtemps marginalisés, oubliés, traités comme des moins que rien, ajoutez à cela leurs subordonnés qui, censés nous aider dans le cadre par exemple de l’emploi de jeunes ou encore dans des projets de micro-crédit, exigent de nous des pots-de-vin.

    Ce ministre que va-t-il nous apporter de plus ? Des paroles ? Des promesses ? On n’y a jamais cru !» Ces jeunes se sont mis à parler de leur misère et de ce qui a motivé leur émigration clandestine, tout en déclarant à qui veut les entendre : «Certains d’entre eux ici présents ont été refoulés et on peut vous assurer qu’ils sont déjà inscrits pour une autre tentative.»

    Comme pour nous prouver leurs dires, l’un d’eux actionnera le haut-parleur de son portable en parlant avec le passeur qui «organise» leur prochain voyage clandestin : «Alors Mohamed, c’est comme convenu, le départ se fera à partir de Aïn Turck ? Tu as atteint le nombre souhaité ?» Son interlocuteur dira : «Justement, j’ai dépassé la trentaine et pour les autres, je passe le relais à un autre ami qui organise un autre voyage.»

    A son arrivée, le ministre de la Solidarité s’est dit désolé pour ce qu’il a vu dans l’émission consacrée aux harraga et très affecté par leur désarroi, tout en précisant : «Aujourd’hui, je suis venu en tant qu’émissaire du président Bouteflika pour vous écouter, et c’est ce qui a manqué jusqu’à présent.

    Nous connaissons parfaitement vos problèmes, vos malheurs, j’étais hors de moi quand j’ai vu de jeunes Algériens musulmans enterrés dans un pays qui ne l’est pas. Ici dans votre pays, il y a des richesses…» Son discours fut interrompu par une seule et même voix : «Où sont ces richesses dont vous parlez ? Nous, nous n’avons rien reçu, rien vu, nous les harraga, nous voulons des actes et non pas des discours !» Seule l’intervention d’un représentant du Cras a pu calmer les esprits pour que le ministre puisse reprendre la parole.

    Djamel Ould Abbès a tenté de reprendre la discussion, tout en reconnaissant : «Oui, je le sais, vous ne pouvez pas dire oui à ce que vous n’avez pas vu, mais moi je ne suis pas venu de ma propre initiative, je suis envoyé par le grand patron, je parle au nom de l’Etat. Sachez qu’en 2005, il y avait 336 tentatives et en 2007, on en compte 1 568, la situation s’est aggravée, d’où ma venue pour vous proposer de communiquer. J’irai également à Tiaret et à Annaba pour le même motif.»

    En prenant la parole, ces jeunes, dignes malgré leur misère, ont su affronter le regard de celui qui se disait l’envoyé du «grand patron», et lui ont dit clairement le fond de leur pensée : «Bouteflika a construit, fait des projets destinés aux catégories défavorisées de la population, mais celles-ci n’ont absolument rien vu venir de tous ces projets. La corruption, la hogra, le chômage, les promesses non tenues, la marginalisation, le refus des banques de nous accorder des prêts, tout ceci nous amène vers une seule destination : el harga ! Vous voulez des revendications ? On en a qu’une : donnez-nous un travail stable, assuré et une paie de 30 000 DA par mois et nous pourrons vivre décemment ici dans notre riche pays !»

    En réponse à ces propos, le ministre de la Solidarité, tout en reconnaissant l’existence de la corruption dont sont victimes ces jeunes, dira : «La corruption, oui, elle existe et depuis neuf ans, le président ne cesse de la combattre et ce n’est pas fini. J’ai une annonce officielle à vous faire : dorénavant, ceux qui n’ont pas le niveau de 9e année pour entamer une formation pourront y accéder, ce qui leur permettra par la suite d’entreprendre des demandes de crédit après avoir proposé un projet, qui sera d’ailleurs encadré sans intermédiaire par le ministère qui pourra avancer jusqu’à 40 millions de centimes, remboursables dans cinq ans !» Une mesure qui n’a pas ravi tous les jeunes présents à cette rencontre, car pour la plupart «l’âge n’est pas à la formation ».

    Une remarque faite par l’un des représentants du Cras à l’intention du ministre en précisant qu’il y a un âge limite à toute formation. Pour précision, les jeunes ayant pris part à la rencontre avec Ouled Abbès et sa délégation ont demandé à ne pas être filmés par les caméras de l’ENTV ni pris en photo, estimant que certains utilisent leur misère pour leur propagande ou encore pour les humilier et les mettre dans le box des accusés.

    Avant même la fin de la rencontre, des jeunes, visiblement déçus par ce face-à-face avec l’envoyé du «grand patron», sont sortis de la salle avec une conviction : «Les paroles sont faciles, le terrain est plus dur, plus compliqué.» Pour sa part, le ministre leur a fixé la date du 15 mai 2008 pour faire le point avec eux. «D’ici là, nous espérons être déjà bien loin», nous diront certains. Cette tentative de l’Etat de nouer le contact avec cette jeunesse désespérée ne semble pas, du moins pour l’instant, avoir eu l’effet souhaité, car ces jeunes attendent beaucoup plus qu’un émissaire. Ils veulent profiter des richesses de l’Algérie dont on ne cesse de leur parler.

    A. B. (Le Soir d'Algérie)

  • #2
    Le travail aurait du être fait il y a bien longtemps, qu'est ce qu'il apporte aux jeunes des paroles d'un ministre?
    Pourquoi on se reveille tard en plus pour juste des paroles?
    Que dieu aide ces jeunes...
    L'ennemi n'est pas forcément celui contre qui l'on se bat Mais celui qui profite des dégâts

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