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Le roi Mohammed VI et Sharon ont dialogué au téléphone
By ELIAS LEVY
Reporter
Officiellement, le Maroc et l’État d’Israël n’ont plus de contacts diplomatiques depuis le début de la seconde Intifada palestinienne, il y a presque cinq ans. En guise de solidarité avec le peuple palestinien, le roi Mohammed VI avait alors décidé de fermer le bureau de représentation du Maroc à Tel-Aviv, ouvert par son père, feu le roi Hassan II, dans la foulée des accords de paix d’Oslo signés en 1993 par le gouvernement de feu Yitzhak Rabin et l’O.L.P. Mohammed VI a critiqué avec virulence à maintes reprises la politique d’Ariel Sharon.
Mais, officieusement, les deux pays n’ont pas mis fin à leurs contacts diplomatiques.
Durant le 14e Sommet de la Ligue Arabe, qui a eu lieu à Beyrouth en 2002, Mohammed VI et le Premier ministre Ariel Sharon ont eu une conversation téléphonique de 45 minutes, au cours de laquelle ils ont fait le point sur l’état des relations entre Israël et le monde arabe.
C’est ce qu’a confié l’ex-Ambassadeur d’Israël en France et aux Nations Unies, Yehuda Lancry, à une centaine de membres de la Communauté sépharade qui ont assisté à la conférence qu’il a donnée sur la situation politique en Israël à quelques semaines du retrait de Gaza et de quatre implantations sises dans le nord de la Cisjordanie.
Yehuda Lancry est actuellement le Délégué aux Affaires internationales de l’Alliance Israélite Universelle. Il était de passage à Montréal pour faire la promotion des oeuvres éducatives de cette institution juive française active dans de nombreux pays.
Pendant le Sommet de Beyrouth de 2002, raconta-t-il, le roi Mohammed VI a demandé à son ministre des Affaires étrangères, Mohammed Benaïssa, d’organiser, en aparté des délibérations de ce Forum interarabe, une rencontre avec les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays arabes importants, l’Égypte, la Syrie, la Jordanie…
Le souverain alaouite souhaitait leur faire, par le truchement de Mohammed Benaïssa, une proposition fort audacieuse: envoyer à Jérusalem une délégation de ministres des Affaires étrangères de pays arabes pour rencontrer Ariel Sharon et explorer avec lui les possibilités d’amorcer une normalisation des relations diplomatiques entre Israël et le monde arabe.
C’est Mohammed Benaïssa lui-même qui a relaté à Yehuda Lancry les dessous de cette intrépide intiative politico-diplomatique. Les deux hommes sont de proches amis.
La proposition inopinée de Mohammed VI prit de court les diplomates arabes présents à la rencontre convoquée par Mohammed Benaïssa.
“Personne ne s’attendait à une telle proposition. Décontenancé, le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk al-Sharaa, demanda à son homologue marocain s’il avait bu un verre de trop où s’il venait de fumer du haschich? Les diplomates arabes rejetèrent catégoriquement cette proposition, qu’ils qualifièrent de suicidaire et d’insensée. “Est-ce que tu nous vois aller à Jérusalem pour faire la causette avec Sharon”, lança Al-Shaara”, raconta Yehuda Lancry.
Après cette initiative avortée, le roi Mohammed VI décida d’appeler par téléphone de Beyrouth Ariel Sharon. Les deux hommes conversèrent pendant 45 minutes, précisa Yehuda Lancry.
“Le monarque marocain informa Ariel Sharon des résolutions adoptées dans le cadre du Sommet de la Ligue arabe. Une d’entre elles était de mettre en branle une dynamique de normalisation diplomatique avec l’État d’Israël.”
Au cours de sa conférence, intitulée “Israël entre promesse divine et compromis politique”, Yehuda Lancry analysa les enjeux du Plan de retrait du gouvernement Sharon, qui sera mis en oeuvre à la mi-août.
“Sharon ne fait qu’agir dans l’esprit de ses prédécesseurs. Menahem Begin fut le premier à frayer la voie. Ce retrait est très certainement l’esquisse en pointillés de quelque chose de substantiel. Ça ne va pas résoudre le problème. Mais, bien que partielle, c’est une démarche importante. C’est un pas majeur dans le bon sens.”
Yehuda Lancry reproche au gouvernement d’Ariel Sharon de ne pas avoir pu créer les conditions propices pour entamer un vrai dialogue avec les dirigeants palestiniens.
“Il n’y a pas de dialogue aujourd’hui. Sharon devrait s’adresser directement aux Palestiniens pour leur faire comprendre explicitement qu’il ne pourra y avoir de processus de paix tant qu’ils n’auront pas renoncé définitivement à la terreur. Par ailleurs, Sharon devrait prononcer, comme le fait tous les ans le président George W. Bush, un discours à la nation. Il devrait s’adresser directement aux Israéliens vivant à Gaza pour leur expliquer que c’est douloureux mais nécessaire de les évacuer de cette enclave très fortement peuplée d’Arabes palestiniens.”
Yehuda Lancry regrette qu’il n’y ait plus aujourd’hui en Israël des hommes politiques visionnaires.
“Le seul homme politique ayant une vision vive et perspicace que je connaisse est David Lévy”, dit-il.
Yehuda Lancry a été le plus proche collaborateur et le principal conseiller politique de David Lévy, figure marquante du Likoud pendant de nombreuses années et ancien ministre des Affaires étrangères d’Israël.
Former Israel ambassador to France and the United Nations Yehuda Lancry recently spoke in Montreal about Moroccan-Israeli relationships and Morocco’s attempts to advance the peace process with the Palestinians.
Vos réactions ... Vos avis ... Vos pensées .... tout est le bien venu
Reporter
Officiellement, le Maroc et l’État d’Israël n’ont plus de contacts diplomatiques depuis le début de la seconde Intifada palestinienne, il y a presque cinq ans. En guise de solidarité avec le peuple palestinien, le roi Mohammed VI avait alors décidé de fermer le bureau de représentation du Maroc à Tel-Aviv, ouvert par son père, feu le roi Hassan II, dans la foulée des accords de paix d’Oslo signés en 1993 par le gouvernement de feu Yitzhak Rabin et l’O.L.P. Mohammed VI a critiqué avec virulence à maintes reprises la politique d’Ariel Sharon.
Mais, officieusement, les deux pays n’ont pas mis fin à leurs contacts diplomatiques.
Durant le 14e Sommet de la Ligue Arabe, qui a eu lieu à Beyrouth en 2002, Mohammed VI et le Premier ministre Ariel Sharon ont eu une conversation téléphonique de 45 minutes, au cours de laquelle ils ont fait le point sur l’état des relations entre Israël et le monde arabe.
C’est ce qu’a confié l’ex-Ambassadeur d’Israël en France et aux Nations Unies, Yehuda Lancry, à une centaine de membres de la Communauté sépharade qui ont assisté à la conférence qu’il a donnée sur la situation politique en Israël à quelques semaines du retrait de Gaza et de quatre implantations sises dans le nord de la Cisjordanie.
Yehuda Lancry est actuellement le Délégué aux Affaires internationales de l’Alliance Israélite Universelle. Il était de passage à Montréal pour faire la promotion des oeuvres éducatives de cette institution juive française active dans de nombreux pays.
Pendant le Sommet de Beyrouth de 2002, raconta-t-il, le roi Mohammed VI a demandé à son ministre des Affaires étrangères, Mohammed Benaïssa, d’organiser, en aparté des délibérations de ce Forum interarabe, une rencontre avec les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays arabes importants, l’Égypte, la Syrie, la Jordanie…
Le souverain alaouite souhaitait leur faire, par le truchement de Mohammed Benaïssa, une proposition fort audacieuse: envoyer à Jérusalem une délégation de ministres des Affaires étrangères de pays arabes pour rencontrer Ariel Sharon et explorer avec lui les possibilités d’amorcer une normalisation des relations diplomatiques entre Israël et le monde arabe.
C’est Mohammed Benaïssa lui-même qui a relaté à Yehuda Lancry les dessous de cette intrépide intiative politico-diplomatique. Les deux hommes sont de proches amis.
La proposition inopinée de Mohammed VI prit de court les diplomates arabes présents à la rencontre convoquée par Mohammed Benaïssa.
“Personne ne s’attendait à une telle proposition. Décontenancé, le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk al-Sharaa, demanda à son homologue marocain s’il avait bu un verre de trop où s’il venait de fumer du haschich? Les diplomates arabes rejetèrent catégoriquement cette proposition, qu’ils qualifièrent de suicidaire et d’insensée. “Est-ce que tu nous vois aller à Jérusalem pour faire la causette avec Sharon”, lança Al-Shaara”, raconta Yehuda Lancry.
Après cette initiative avortée, le roi Mohammed VI décida d’appeler par téléphone de Beyrouth Ariel Sharon. Les deux hommes conversèrent pendant 45 minutes, précisa Yehuda Lancry.
“Le monarque marocain informa Ariel Sharon des résolutions adoptées dans le cadre du Sommet de la Ligue arabe. Une d’entre elles était de mettre en branle une dynamique de normalisation diplomatique avec l’État d’Israël.”
Au cours de sa conférence, intitulée “Israël entre promesse divine et compromis politique”, Yehuda Lancry analysa les enjeux du Plan de retrait du gouvernement Sharon, qui sera mis en oeuvre à la mi-août.
“Sharon ne fait qu’agir dans l’esprit de ses prédécesseurs. Menahem Begin fut le premier à frayer la voie. Ce retrait est très certainement l’esquisse en pointillés de quelque chose de substantiel. Ça ne va pas résoudre le problème. Mais, bien que partielle, c’est une démarche importante. C’est un pas majeur dans le bon sens.”
Yehuda Lancry reproche au gouvernement d’Ariel Sharon de ne pas avoir pu créer les conditions propices pour entamer un vrai dialogue avec les dirigeants palestiniens.
“Il n’y a pas de dialogue aujourd’hui. Sharon devrait s’adresser directement aux Palestiniens pour leur faire comprendre explicitement qu’il ne pourra y avoir de processus de paix tant qu’ils n’auront pas renoncé définitivement à la terreur. Par ailleurs, Sharon devrait prononcer, comme le fait tous les ans le président George W. Bush, un discours à la nation. Il devrait s’adresser directement aux Israéliens vivant à Gaza pour leur expliquer que c’est douloureux mais nécessaire de les évacuer de cette enclave très fortement peuplée d’Arabes palestiniens.”
Yehuda Lancry regrette qu’il n’y ait plus aujourd’hui en Israël des hommes politiques visionnaires.
“Le seul homme politique ayant une vision vive et perspicace que je connaisse est David Lévy”, dit-il.
Yehuda Lancry a été le plus proche collaborateur et le principal conseiller politique de David Lévy, figure marquante du Likoud pendant de nombreuses années et ancien ministre des Affaires étrangères d’Israël.
Former Israel ambassador to France and the United Nations Yehuda Lancry recently spoke in Montreal about Moroccan-Israeli relationships and Morocco’s attempts to advance the peace process with the Palestinians.
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