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Les Zénètes du Gourara d’hier à aujourd’hui

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  • Les Zénètes du Gourara d’hier à aujourd’hui

    Rachid Bellil, maître de conférences à l’Inalco, Paris.

    Les Zénètes du Gourara constituent un groupe humain vivant dans une centaine d’oasis situées au sud de l’Atlas saharien et au nord du Twat (sud-ouest de l’Algérie). Ces oasis étaient protégées au nord par les dunes de l’erg occidental et à l’est par le plateau du Meguiden et du Tadmaït. Vers l’ouest, les oasis du Gourara étaient liées à celles qui s’étaient implantées le long de l’oued Saoura et qui étaient peuplées de Zénètes berbérophones. Les ksour de l’oued Saoura étaient quant à eux liés, au nord, avec les ksour de l’Atlas saharien (Aïn Sefra) et au-delà avec la cité de Tlemcen, et à l’ouest avec les ksour berbérophones de Figuig et du Tafilalt qui se trouvent au Maroc.

    == MODERATION ==
    Il est recommandé de poster l'intégralité d'un article pour qu'il soit lisible directement dans le forum : http://www.algerie-dz.com/forums/faq...edaction_topic

  • #2
    Organisation socio-politique des communautés ksouriennes

    Organisation socio-politique des communautés ksouriennes

    La stratification sociale est fortement hiérarchisée et s’appuie sur une superposition de groupes d’origines différentes. Au sommet de cette pyramide, nous avons la strate des agents religieux qui comprend deux groupes nettement différen*ciés au plan du statut social et de l’autorité. Les shurafa qui prétendent descendre du Prophète et les mrabtin qui constituent des lignages rattachés à un ancêtre re*connu par tous comme wali (saint). Ensuite, la strate des hommes libres (hrar) composée aussi de deux entités distinctes : les Zénètes berbérophones, sédentarisés depuis longtemps, fondateurs d’oasis et bâtisseurs de nombreuses forteresses qui ont évolué pour former les ksour, et les descendants de nomades arabes qui se sont pro*gressivement sédentarisés eux aussi. Enfin, la strate des dominés, constituée par deux groupes différents. Les Haratin qui sont de statut libre mais attachés au tra*vail de la terre, sans en être propriétaires. L’autre groupe de dominés est constitué par les esclaves appelés en zénatiyya : ijemjan (sing. ajemj). Ces derniers sont les descendants des noirs ramenés du bilad al-Sudan et qui étaient propriété des maîtres roturiers (hrar) et des agents religieux.

    La structure sociale est composée de trois éléments qui s’emboîtaient l’un dans l’autre : la famille, le lignage et la tribu.

    La famille (taâwa en zénète) constitue la cellule de base plus ou moins élargie, avec une filiation patrilinéaire. Les familles sont regroupées dans le lignage (lqum) net*tement individualisé dans l’espace par son habitat qui peut être soit la forteresse isolée (agham) soit le quartier dans le cas des ksour importants. Le lignage relie les différentes familles à un ancêtre commun. Le sommet de cette pyramide était consti*tué par la tribu (taqbilt) rassemblant plusieurs lignages établis dans des ksour différents.

    Au Gourara, la tribu a évolué au point d’avoir quasiment disparu comme unité si*gnificative. On ne se souvient plus, aussi bien en milieu zénète que parmi les Arabes, des anciennes grandes tribus qui se répartissaient les ksour et les aires de pâturage. Ces grands ensembles ont éclaté en une multitude de lignages dont les traditions orales nous permettent parfois de reconstituer les migrations et lieux d’installations. Il semble que la sédentarisation et le repli sur soi des petites unités lignagères aient provoqué le relâchement de l’identification à des unités plus importantes. Cette éro*sion de l’identité tribale a fait que les Gouraris n’ont pas fixé dans leur mémoire les noms des anciens ensembles tribaux qui (on en verra quelques exemples plus loin) constituaient parfois des branches détachées des grandes tribus Zénètes et arabes nomadisant au Nord du Maghreb.

    Deux facteurs semblent avoir contribué à cet éclatement des ensembles tribaux ho*mogènes. Tout d’abord, la question essentielle au Gourara de l’appropriation du maximum d’espace qui se matérialise par l’édification des habitats fortifiés. L’identi*fication des propriétaires de ces forteresses permet de se représenter la projection dans l’espace des anciens ensembles tribaux. Ensuite, en raison du phénomène d’en*sablement des jardins et foggara, de l’épuisement de la nappe et des rezzous qui entraînaient destruction et disparition de lignages entiers, les groupes migrent pour s’installer auprès de communautés plus puissantes ou dans d’autres régions. Ainsi, le rapport au territoire, qui conditionne la possibilité de survie, semble avoir primé sur le maintien d’une identité tribale. Les récits portant sur le passé des lignages constituent des reconstructions qui font parfois remonter plusieurs lignages jusqu’à un ancêtre commun ou à une tribu dont on a perdu le souvenir pour n’en conserver que le nom. L’essentiel réside dans l’affirmation d’une solidarité entre ksouriens ré*sidant dans un même espace et unis par la résistance aux dangers communs : les nomades et les partisans du soff adverse. Pour ces raisons, la structure la plus active reste le lignage qui se confondait avec une unité résidentielle matérialisée dans l’es*pace par l’agham, les jardins et la (ou les) foggara. Cette structure lignagère est présente aussi bien chez les Zénètes que chez les Arabes, mais aussi parmi les groupes à statut religieux, surtout les mrabtin. Dans la majorité des ksour, on note la présence de deux ou trois lignages. Seules les grandes cités comme Timimoun, At Sâïd, Charwin et d’autres, se présentent comme des communautés complexes dans lesquelles cohabitent plusieurs lignages de statuts différents. Notons encore que cette structure lignagère n’est perceptible qu’aux membres du ksar, pour les étran*gers de passage, c’est l’ensemble de la communauté du ksar qui apparaît comme une cellule fondamentale.

    L’établissement humain est adapté à l’environnement naturel. Au Gourara deux types d’habitats se présentent. Dans les espaces envahis par les dunes de l’erg occi*dental, c’est-à-dire le Tinerkouk, le Swani et le Taghuzi, les groupes humains se réduisent à la famille et sont dispersés autour de leurs jardins. Ces derniers corres*pondent à la culture en entonnoirs : on déblaie le sable, sur un rayon allant de cinq à dix mètres, jusqu’à ce que l’on atteigne le sol et, à partir de là, on creuse un puits. L’eau n’est en général pas très loin et l’irrigation se fait par le biais du puits à ba*lancier. On cultive donc à l’intérieur de la dépression. Les familles construisent une ou deux pièces en dur et parfois, il n’y a que des huttes (zeriba). Partout, les lignages ont construit en dur un habitat fortifié appelé agham en zénète (pi. ighamawen) et gasba en arabe. Cet habitat fortifié sert de grenier pour le stockage des biens alimentaires (céréales, dattes) et de lieu de refuge en cas d’agression extérieure. L’autre type d’habitat que l’on rencontre est connu sous le terme de ksar. Dans ce cas, l’es*pace cultivé (la palmeraie) est distinct de l’espace habité. Certains ksour du Gourara peuvent être considérés comme de véritables cités en raison de la densité de l’habi*tat et de l’ancienneté de l’installation des lignages qui induisent une tradition dans la gestion des affaires communes et un lien social très fort marqué, entre autres, par une ritualisation très codifiée des échanges et des relations. L’habitat appelé ksar est pourtant relativement récent dans l’histoire du Gourara. Auparavant, le lignage s’établissait sur le lieu même où il cultivait ses jardins. Cet habitat ancien était tou*jours fortifié, du type agham. Ce n’est, selon les traditions recueillies, qu’à partir du XVIe siècle que s’opère la séparation entre espace cultivé et espace habité, par le regroupement des différents lignages éparpillés en un seul lieu à fonction purement résidentielle. Mais ce processus ne s’est pas réalisé partout et on peut rencontrer le cas de lignages qui cohabitent sur un même espace identifié par un nom commun et qui sont liés par des relations fortes mais qui continuent à vivre dans des habitats séparés par des jardins (At Sâïd). La fondation des ksour est liée, dans la tradition orale des Gouraris, à l’action des saints. C’est le saint qui rassemble, unifie des lignages dispersés et souvent engagés dans un processus de rivalité permanente. Le saint fixe, délimite, l’espace de la future cité ; ce faisant, il trace la limite entre la communauté qu’il prend sous sa protection et le reste de l’espace d’où peut venir l’en*nemi. C’est donc lui qui préside à la fondation de la cité.

    à suivre..

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    • #3
      L’élément essentiel ici, la condition de l’établissement humain, est bien-sûr la présence de l’eau. Le système des foggara (ifeli en zénète) permet, grâce à des drains reliés par un canal souterrain, de capter les eaux de la nappe et de les canaliser vers les jardins. Le creusement des drains et des galeries souterraines représente un très important investissement en travail réalisé principalement par les Haratin. Il s’agit de ramener l’eau à la surface de la terre, en un lieu qui doit se situer au-dessus des jardins de manière à ce que la pente soit suffisante pour entraîner l’eau dans les ca*naux d’irrigation. Arrivée dans les jardins, l’eau est stockée dans des bassins en attendant le travail d’irrigation. Dans ce système, la propriété des parts d’eau condi*tionne la vivification des terres. La répartition de ces parts obéit à des calculs compliqués que maîtrise un spécialiste appelé kiyal al-ma : celui qui mesure l’eau. De même que pour la fondation des ksour, la tradition orale relie souvent la création d’une foggara (souvent la plus importante) à l’action d’un saint, accentuant ainsi le travail de dépossession de toute action des hommes du commun sur la nature. Mais les récits montrent aussi que certains de ces personnages religieux avaient des connaissances en matière d’hydraulique et qu’ils ont certainement dirigé des tra*vaux de creusement de foggara et amélioré les techniques d’irrigation. L’organisation des ksour s’appuie sur deux institutions civiles : la jemâa et les soff. La jemâa est présente uniquement dans les ksour où les Zénètes forment la majorité de la population. Les femmes en sont exclues et contrairement à la Kabylie où tous les hommes adultes peuvent participer aux délibérations en constituant l’assemblée du village, au Gourara, les réunions sont restreintes et ne regroupent que les délé*gués des différentes familles ou lignages. Ces délégués sont des personnes âgées, pieuses et à la moralité irréprochable. L’assemblée est dirigée par un chef, amghar ou kabir, qui prend les décisions après discussion avec les autres membres. Les agents religieux n’interviennent pas directement dans les affaires quotidiennes, mais uniquement sur demande des ksouriens. Avec l’implantation des zawiya et le rôle important joué par les agents religieux, le droit coutumier ancien a progressive*ment été remplacé par le droit musulman ou intégré à lui.

      L’institution des soff est, elle, plus complexe. Comme un peu partout en Afrique du nord, il en existe deux au Gourara, le soff des Yahmed et celui des Sofyan, et chaque ksar appartient à l’un ou à l’autre. Bien qu’ils ne fassent pas mystère de leur tradi*tionnelle affiliation à un soff, les ksouriens sont plus évasifs lorsqu’il s’agit d’expliquer leur existence et les raisons de l’animosité envers les partisans du soff adverse. Les différents auteurs qui se sont penchés sur l’existence de cette institu*tion au Twat-Gourara, relient sa genèse aux conflits qui ont eu lieu, au Nord du Maghreb, entre les Almohades et les Merinides ou encore, plus anciennement, entre partisans des Umayyades d’Andalousie et ceux du pouvoir Fatimide. D’autres chercheurs avancent la thèse d’une opposition locale entre Zénètes regroupés dans le soff des Sofyan et Arabes du soff opposé, Yahmed. Il est cependant plus probable que cette organisation dualiste de la société remonte aux temps les plus anciens (et les plus primitifs) des sociétés berbères.

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      • #4
        Bonsoir


        Tirée dans : Les Berbéres, mémoire et identité, Gabriel Camps, Editions BABEL, P 338 et 339.



        On les voit bien situés sur cette carte, Camps en parle dans son ouvrage, les zénètes sont très connus par leur forteresses impressionnantes, une architecture d'un génie fort intéressant, l'exemple du système d'aération des Ksours, qui sont à même la roche par fois.

        Ce sont des tribus peu peuplées, d'une histoire très chargée.

        Merci MenBerline, l'article est fort intéressant.
        “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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        • #5
          bonsoir l imprevisible

          une architecture d'un génie fort intéressant
          dans l article on l appelel la rchitecture soudanaise! les haratines de l aregion etant originaire de´bilad essoudane

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