Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La faim, un début

Réduire
Cette discussion est fermée.
X
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La faim, un début

    Aujourd'hui la mondialisation est effective, la faim ne s'arrête plus à une frontière donnée et ses conséquences non plus


    La révolte des ventres creux

    Et si les Jeux olympiques de Pékin s'ouvraient dans le contexte dramatique d'émeutes de la faim en Chine ? L'hypothèse est de Jacques Attali. Il la formule dans un récent numéro du Figaro-Magazine. L'auteur est trop bien informé de l'état du monde pour avoir tiré ce scénario catastrophe de sa seule imagination. Depuis quelques semaines, les manifestations contre la vie chère se multiplient sur la planète. Souvent violentes, elles sont parfois réprimées dans le sang.

    Après l'Égypte, le Maroc, le Cameroun, la Côte d'Ivoire ou le Sénégal, Haïti est en ébullition. Plus de trente pays du Sud connaissent des troubles politiques et sociaux liés à l'augmentation des prix des produits de première nécessité. Les deux tiers d'entre eux sont africains. Alors que l'inflation devient, chez nous, un sujet majeur d'inquiétude, elle menace directement la survie des populations dans ces zones - les plus pauvres du monde - où, selon un hebdomadaire burkinabé, « vie chère rime avec misère ».
    Ces révoltes de la faim ne sont pas de même nature que celles qui embrasèrent l'Algérie, l'Indonésie, le Vénézuela au tournant des années 1980-1990. Trois éléments se mêlent pour donner à la crise actuelle une dimension originale.

    D'abord un paradoxe : c'est parce que des dizaines de millions d'hommes sortent de la pauvreté que des dizaines de millions d'autres y plongent davantage. Le développement spectaculaire de la Chine, de l'Inde, du Brésil fait émerger des classes moyennes qui accèdent à la société de consommation et se nourrissent de mieux en mieux. L'accroissement de la demande est la première cause de la flambée des prix des matières premières, qu'il s'agisse du fer, du pétrole ou des produits alimentaires de base.

    Ensuite, le réchauffement climatique est à l'origine d'inondations, sécheresse, tempêtes et autres désordres qui affectent la production agricole. La pénurie en est accrue, alors que les besoins augmentent à toute vitesse.

    Enfin, la raréfaction des ressources en hydrocarbures fait bondir les prix de l'énergie. Cela se répercute sur le coût des engrais, donc sur les prix agricoles. À cela s'ajoute la vogue des carburants verts, qui pousse de plus en plus à mettre dans les moteurs les huiles ou céréales qui servaient à nourrir les gens. D'immenses surfaces agricoles sont ainsi détournées des besoins alimentaires.

    Il aura fallu des révoltes populaires pour que le risque que fait courir au monde l'augmentation du prix des céréales soit pris au sérieux. Louis Michel, commissaire européen au développement, redoute, à juste titre, « un vrai tsunami économique et humanitaire » en Afrique.

    Pour l'éviter, il ne suffira pas que l'Union européenne, comme elle l'annonce, double son aide aux pays les plus pauvres. Il faudrait déjà qu'elle remplisse ses engagements passés. Or, son aide publique a baissé l'an dernier. Et la France, qui s'apprête à prendre la présidence de l'Union, est l'une des principales fautives. Encore faut-il aussi revoir de fond en comble les politiques de développement.

    Avant de pousser les Africains à produire des légumes de contre-saison pour les marchés européens, avant de leur vendre des céréales produites chez nous ou aux États-Unis, il ne serait pas si mal de veiller à ce qu'ils soient en mesure de se nourrir eux-mêmes. On s'étonne qu'il ait fallu attendre si longtemps pour préconiser, comme principale solution durable, l'autosuffisance alimentaire.

    Joseph LIMAGNE.
Chargement...
X