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La montée des opposants en Algérie

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  • La montée des opposants en Algérie

    Troisième partie.

    L'échec des Etats, la montée des opposant...

    Mais si les relations commerciales sont, imperceptiblement, en train d'évoluer, politiquement le régime algérien a bien du mal à se démocratiser. Et malgré ses ultimes tentatives de séduction, l'Amicale demeure perçue, avant tout, comme une simple officine de surveillance des opposants. Après la mort de Boumediene en 1979, le colonel Chadli a mis des années pour asseoir son pouvoir. S'il entend bien mener des réformes politiques et économiques, ce bourgeois autoritaire veut, avec son équipe de la présidence, en être le principal maître d'oeuvre, face à une opposition qui recommence à s'organiser. Paris devient, en effet, le centre d'une contestation grandissante au pouvoir algérien durant les années 80. La capitale française est une obsession pour la classe politique algérienne. Orphelins d'une coopération ratée avec la France, inscrite pourtant dans les accords d'Evian, les Algériens restent marqués par un tropisme vers la France. Paris est une loupe grossissante pour la vie politique algérienne. Toute information venue des bords de la Seine est analysée, disséquée, décryptée, grossie. Paris et Alger n'ont pas encore appris l'indifférence.

    Plus que tout, l'Etat algérien a craint que la libéralisation de la loi sur les associations favorise l'effervescence kabyle et l'émergence de revendications démocratiques. Dès les années 70, la plus sérieuse contestation du pouvoir algérien est venue du "berbero-communisme". Issus majoritairement de Kabylie, les ouvriers algériens ont été nombreux à s'inscrire dans les syndicats de gauche. Avec le printemps berbère de 1980, une nouvelle génération défend son identité et se bat pour les droits démocratiques. Les militants, autour de la question identitaire, fourbissent leurs premières armes dans des radios berbères ou des associations de juristes. La première Ligue de défense des droits de l'homme, dirigée par un avocat unanimement respecté, M Ali Yahia Abdennour, trouve d'efficaces relais en France. Lorsqu'en 1984 l'ancien président Ahmed Ben Bella, récemment libéré de prison, lance le MDA, il choisit Paris comme rampe de lancement. Bon nombre d'amicalistes, en souffrance avec la centrale, rejoignent les rangs du MDA. Dans ce contexte difficile, le nouveau président de l'Amicale, Ali Ammar, prend ses fonctions en avril 1986. Cet ancien du Parti de la révolution socialiste (PRS) de Mohamed Boudiaf devenu ambassadeur en Libye, s'est toujours acquitté des missions délicates.

    Pour l'heure, sa tâche est de redorer le blason d'une Amicale discréditée, tout en navigant entre l'opposition au régime et les fortes résistances "à l'intérieur même du systèmes", aux ambitions libérales du président Chadli. La tendance nationalo-baassiste dirigée par Mohamed Cherif Messaadia, secrétaire général du FLN jusqu'à son éviction après les émeutes d'octobre 1988, voit d'un très mauvais oeil le rapprochement entre l'Algérie et la France initié par la présidence. Dès l'année 1983, Hedi El Khediri, le ministre de l'Intérieur et l'un des hommes forts du clan Chadli, crée une structure spécialisée dans le suivi des dossiers franco-algériens. C'est dire l'importance de l'enjeu. Les initiatives vont se multiplier tous azimuts en direction de la France. Derrière Ali Ammar, l'Amicale encourage la création d'associations, comme "Repères" ou "Génération 2001", qui sera cautionnée par le maire de Paris, Jacque Chirac, cet ami constant de l'Algérie, candidat naturel du Maghreb à l'élection présidentielle. On verra même un des principaux chanteurs de raï, Cheb Mami, passer au Centre culturel algérien entre 1986 à 1988, ainsi que Sami El Maghribi, artiste juif coiffé de sa kipa, ultime gage de cette ouverture tardive pour un pays qui jusqu'alors s'était évertué à gommer tout ce qui ne lui semblait pas conforme à la culture arabo-musulmane : du raï à l'apport des Juifs arabes ou à la culture arabo-andalouse. L'Amicale défend même le principe de la double nationalité contre la tendance dogmatique du FLN qui considère que l'ensemble des émigrés, même ceux qui sont nés et ont grandi en France, sont exclusivement algériens. "Nous avons bien essayé de nous expliquer avec la direction du FLN, explique Ali Ammar, mais nous n'avons pas réussi à les convaincre."

    Les temps ont changé depuis l'ère Boumediene ; l'Amicale était alors l'interprète du Conseil de la révolution et incarnait un Etat supposé fort, au-dessus des clans. On craignait l'institution, mais on la respectait. Les années 80 voient le retour sur le devant de la scène politique d'un FLN qui a été marginalisé par le régime autoritaire de Boumediene. Mais l'impopularité des dirigeants de ce parti transformé en un véritable appareil bureaucratique et distributeur de privilèges rejaillit sur l'Amicale des Algériens, qui continue à être perçue comme une simple courroie d'intérêts partisans. Plus que jamais, la représentation algérienne est éclatée. Pur produit des Affaires étrangères algérienne, un des fleurons de l'Etat algérien qui a toujours mal vécu la concurrence de l'Amicale, l'ambassadeur Abdelhamid Mehri entend exercer la plénitude de ses fonctions. Le nouveau recteur de la Grande Mosquée de Paris, Cheikh Abbas, soutenu depuis sa nomination en 1982 par le tout-puissant ministre de l'Intérieur algérien Hedi El Khediri, voudrait bien, lui aussi, jouer ses propres cartes. Quant au colonel Hocine Senoussi un ancien militaire algérien reconverti avec succès dans les affaires, il est chargé de vendre dans les milieux parisiens cette nouvelle image d'une Algérie "libérale", "moderne" et "ouverte".

    Lui qui se prend pour le "Jack Lang" algérien a été le principal artisan du centre de Riad El Feth, ce Beaubourg algérois planté sur les hauteurs de la ville qui se voulut le symbole de cette Algérie. En 1985, il organise à Paris une semaine culturelle algérienne, qui sera inaugurée en présence de Jack Lang, alors ministre de la Culture. Si en Algérie le raï continue à avoir mauvaise presse, malgré l'engouement des Algériens pour cette musique de la révolte, le colonel Senoussi ne craint pas de se poser, à Paris, en exportateur du raï et manager de Cheb Khaled. En 1988, cet ami des arts lance à grand frais la revue Dunes, un mensuel sur papier glacé, alors qu'en Algérie les journeaux sont toujours sous haute surveillance. Pour la première fois, un journal algérien en langue française est conçu, préparé et rédigé à Paris.

    "L'audace", "l'efficacité", "le look", "le raï" : voilà les valeurs de ce nouvel hebdo décontracté. Le dossier central est consacré à l'enjeu électoral pour les jeunes issus de l'immigration. On admet enfin dans une publication algérienne - nous sommes en 1988 - que leur avenir pourrait être la France. L'intuition est juste, le luxe qui entoure le premier numéro - qui sera aussi le dernier - ne lui vaut pas que des compliments à Alger. Toutes ces manifestations, banales vues de Paris, constituent à Alger de véritables événements politiques, témoignant de ce tournant dans les relations algéro-françaises voulues par les hommes du président Chadli contre l'héritage du boumediénisme, bâti sur la méfiance de l'ancienne puissance coloniale. Six mois après la sortie du premier et dernier numéro de Dunes, éclatent les émeutes d'octobre 1988.

    Elles révèlent l'ampleur de la crise sociale algérienne et des luttes féroces, bien que sourdes, que se livrent les différentes tendances du "système" algérien. "Système" que l'ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, définit comme cette "chose complexe, faite d'hommes, de clans, de groupes, d'intérêts, de cultures, de visions et de régions". Par ailleurs, la sanglante répression qui s'abat sur les jeunes émeutiers renseigne sur la véritable nature des "modernistes" au pouvoir à Alger. Depuis tombé en disgrâce dans son pays mais resté fidèle à lui-même, le colonel Senoussi à su trouver d'autres centres d'intérêts en se rapprochant d'Abdelaziz Tolbi, propriétaire de la société France-Méditerranée Productions, qui guigne les droits de l'émission de France 2, "Connaître l'islam". Plus récemment, à la tête de l'Association pour le sauvetage des cultures en danger, le colonel a organisé des galas de musique andalouse à l'Institut du monde arabe et à l'Unesco,où il trouve, d'Edgard Pisani, président de l'IMA, à Hervé Bourges, ambassadeur de France auprès de l'organisation internationale, de fidèles appuis. Pour la nomenklatura, la fête continue malgré son échec total à réconcilier les beurs et l'Algérie. Pour Alger, ce divorce n'aurait qu'un responsable, le pouvoir socialiste, dont la politique aurait été constamment malencontreuse : création d'associations étrangères, soutient à SOS-Racisme, volonté d'intégration de la deuxième génération. Seul le Parti communiste trouve encore grâce à ses yeux.

    Nicolas Beau
    source Paris, Capitale, Arabe.

    === MODERATION ===
    Indiquez des titres explicites pour vos sujets de discussions, svp : http://www.algerie-dz.com/forums/faq...edaction_topic
    Dernière modification par zek, 11 avril 2008, 17h10.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Ya oueddi khtina b Nicolas le Beau ta3ek

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