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Le marché de la corruption en Algérie

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  • Le marché de la corruption en Algérie

    L'échec des Etats, 900 000 tonnes de sucre.

    Plus que tout autre, les marchés agroalimentaires ont fait la fortune de quelques grands intermédiaires. Sucre, café, lait, blé, semoule : autant de produits stratégiques qui ont permis aux puissants dignitaires algériens de se payer sur la bête. Pour chacun de ces produits, quelques sociétés françaises monopolisent l'essentiel des commandes : certaines, pour le blé et la semoule, sont désormais sévèrement concurrencées par des sociétés italiennes ou américaines ; une autre, pour le lait, fit l'objet d'un sévère rapport de la cour des comptes du Luxembourg. Un appel d'offre peut bien être lancé à Alger, les jeux sont truqués : aucunes vraie concurrence ne fonctionne, comme l'explique Abderrahim Zerouali dans "Le Drame algérien" en évoquant "les circuits de l'argent noir" : "La source principale de la corruption vient des commissions illégales prélevées sur les flux extérieurs dont la structure est quasi pathologique." Le marché du sucre est exemplaire des errements algériens. Sucrant plus que de raison leurs cafés et leurs pâtisseries, les Algériens en importent-ils jusqu'à 900 000 tonnes, comme le déclarent les chiffres officiels ? La question mérite d'être posée. Une grande part de ce marché est la chasse gardée de quelques intermédiaires.

    Le drame algérien tient à cette perversion de la rente pétrolière. Contrairement au Maroc et à la Tunisie, les grosses commissions de ces marchés d'import-export sont très peu investies en Algérie. Plus grave, les principaux bénéficiaires de cette manne se sont employés à y empêcher tout investissements industriel qui aurait menacé les importations. Il n'y a jamais eu de véritable délocalisation industrielle européenne comme cela existe pour l'automobile, la construction électrique et le textile en Tunisie ou au Maroc. De telles initiatives, qui auraient menacé la rente des intermédiaire, ont été tuées dans l'oeuf. Depuis octobre 1988, toutes les grandes tentatives de réforme du commerce extérieur ont buté sur la remise en cause de ces privilèges. La première tentative d'assainissement est menée de 1989 à 1991 par le Premier ministre, Mouloud Hamrouche, et son équipe issue d'une jeune génération de technocrates compétents. Leur but est d'établir de nouvelles règles du jeu dans l'attribution des marchés. Au nom du libéralisme et de la concurrence, ces réformateurs luttent contre les monopoles d'importation et tentent de mettre en place un dispositif de partenariat. A ce titre, un certain nombre de sociétés agroalimentaires ont tout fait pour faire échouer l'expérience d'Hamrouche, du fait des bénèfices qu'elles tiraient de l'ancien système.

    En février 1991, le monopole du commerce extérieur est aboli par ce gouvernement réformateur. En juin de la même année, ce dernier tombe sous les coups conjugués des services spéciaux algériens et d'une partie de l'armée : "On avait sous estimé le poids de la rente, tous les rouages de l'Etat sont contaminé", admet aujourd'hui l'ancien Premier ministre Mouloud Hamrouche. Une autre démarche, plus dramatique, émane de Mohamed Boudiaf, le successeur de Chadli Bendjedid en janvier 1991, qui lance une campagne souvent maladroite contre la corruption. Une discrète délégation menée par son chef de cabinet tente d'enquêter à Paris sur les frasques de quelques généraux, Six mois après son accssion au pouvoir, ce héros de l'indépendance algérienne, fondateur du FLN, est assassiné en juillet 1992 à la maison de la culture d'Annaba par un militaire, le lieutenant Mbarek Boumaarafi, dans des conditions mal éclaircies.

    La dernière tentative en date revient à Belaid Abdesselam, chef du gouvernement pendant quinze mois, du milieu de l'année 1992 à la fin de l'année 1993. Pour ce boumediéniste déclaré, la corruption en Algérie n'est possible qu'avec la complicité de l'étranger. Lors d'une conférence internationale contre la corruption en Allemagne, il prône une coopération entre les Etats à l'image de celle qui existe pour lutter contre le commerce de la drogue. Curieusement, c'est à titre privé qu'il participe à cette réunion. Ce Premier ministre est remercié quelque temps plus tard. Sa volonté de lutter contre la corruption, largement passée sous silence, est certainement déterminante dans son départ. Depuis ces tentatives d'éviction, ces sociétés ont repris pied à Alger. Les régimes passent, les présidents algériens se succèdent, les intermédiaires demeurent entre la France et l'Algérie. "Le monopole du commerce extérieur, poursuit Mouloud Hamrouche, permet des liens opaques au profit de certains opérateurs français et algériens. Ces sociétés-écrans et ces revendeurs ont empêché la vraie France industrielle de s'implanter en Algérie."

    Les tords sont largement partagés entre Paris et Alger. Ce vaste marché de la corruption n'est possible qu'avec des appuis et des complices à Paris. La France officielle n'a jamais cessé de prendre aux sérieux les plus "entreprenants" des Algériens.

    A suivre...

    Nicolas Beau
    source extraits "Paris, Capitale, Arabe"

    === MODERATION ===
    Indiquez des titres explicites pour vos sujets de discussions, svp : http://www.algerie-dz.com/forums/faq...edaction_topic
    Dernière modification par zek, 11 avril 2008, 18h09.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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