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Barcelone confrontée à la sécheresse

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  • Barcelone confrontée à la sécheresse

    L’agglomération de Barcelone abrite environ 5 millions d’habitants dans une zone géographique qui n’est pas arrosée par un seul fleuve à fort débit. Deux cours d’eaux mineurs l’alimentent, le Ter, surtout, et le Llobregat, dont les réserves sont désormais quasi nulles en raison de la conjonction de deux facteurs : une sécheresse persistante (la plus grave des soixante dernières années) et l’imprévoyance des gouvernements régionaux successifs – à cet égard, Convergence et Union [CiU, la formation nationaliste qui a dirigé la Catalogne de 1980 à 2003], aujourd’hui si prompte aux récriminations, porte une lourde responsabilité. Même si l’on avait opté pour son grand projet, à savoir le transfert d’eau du Rhône, on n’aurait pas évité l’actuel épisode de sécheresse, car il faudrait encore environ quatre ans avant la fin des travaux, en admettant qu’il n’y ait pas eu de retards.

    Le problème de Barcelone, s’il exige des solutions à long terme, se pose aujourd’hui à très court terme. Les réserves actuelles permettent de tenir tout au plus jusqu’à l’automne.

    Reste à savoir que faire après, entre octobre et avril, date d’entrée en service de l’usine de dessalement du Llobregat, au sud de Barcelone, qui fournira 60 millions de mètres cubes par an (l’équivalent de deux mois de consommation). S’il pleut, c’est parfait. Mais un gouvernement responsable ne saurait fonder sa politique sur la météo.

    Le transfert de 20 millions à 45 mil*lions de mètres cubes d’eau d’un affluent de l’Ebre, le Segre, vers le Llobregat n’est pas la plus mauvaise solution, à condition de maintenir le débit écologique de cette rivière. Mais cette option privilégiée par le ministre de l’Environnement régional, Francesc Baltasar, a été discréditée par la politique erratique de ce dernier, faite de dérobades sémantiques. Car, quoi qu’on en dise, il s’agit d’un transfert de ressources hydrauliques proposé par un gouvernement régional qui a fait du refus des transvasements de cours d’eau une question de principe et un enjeu idéologique. [La coalition de gauche au pouvoir depuis 2003 en Catalogne s’était opposée au grand projet de transfert de l’Ebre adopté en 2001 par le gouvernement conservateur de José María Aznar, projet finalement abandonné en 2004 par le gouvernement socialiste de Zapatero.] Baltasar a d’abord nié les faits pour finir par les admettre, mais en jouant sur les mots, estimant qu’on ne pouvait pas parler de transfert si les aménagements n’étaient pas définitifs [il proposait un transfert limité dans le temps avec canalisations démontables.] En outre, il a agi comme si la région était compétente en la matière, alors que la décision est du ressort du gouvernement central [lequel a opposé une fin de non-recevoir à cette solution pour des “raisons techniques, environnementales et socioéconomiques”].

    La consommation d’eau est très déséquilibrée à l’heure actuelle en Catalogne. Le secteur primaire (agriculture et élevage) capte 73 % des ressources, alors que sa contribution au PIB n’atteint pas 2 %. La consommation domestique ne représente que 18 %. Le reste est utilisé par l’industrie, que le paiement de pénalités incite à être économe (contrairement à l’agriculture). Il faudra rééquilibrer tout cela. Mais, dans l’immédiat, il importe d’assurer l’approvisionnement jusqu’à la mise en service des usines de dessalement (sur les trois prévues, deux sont déjà en chantier). L’apport cumulé de ces équipements atteindra 180 millions de mètres cubes par an, soit l’équivalent du déficit annuel de l’agglomération de Barcelone. Après avoir subi des coupures d’électricité à répétition l’été dernier et la perturbation du réseau des trains de banlieue cet automne, les Barcelonais méritent au moins de ne pas manquer d’eau.

    Par El Pais- Le courrier international

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