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Barcelone: Dessaler l’eau, c’est pas écolo

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  • Barcelone: Dessaler l’eau, c’est pas écolo

    L’organisation écologiste WWF/ Adena [section espagnole du Fonds mondial pour la nature] vient de mettre en garde le gouvernement espagnol du risque d’infraction au protocole de Kyoto qu’il court si toutes les stations de dessalement prévues par le Programa Agua [programme eau] sont construites. Celles-ci devraient permettre la production de quelque 600 millions de mètres cubes d’eau dessalée sur tout le littoral méditerranéen espagnol, dont 150 millions pour la région de Murcie.

    Une telle production exigerait une énergie équivalente à 2,4 milliards de kilowattheures (kWh), provenant pour l’essentiel de centrales thermiques à cycle combiné [gaz et vapeur], qui rejettent de grandes quantités de CO2. Les écologistes évaluent l’augmentation des rejets de dioxyde de carbone dans l’atmosphère à 1 million de tonnes par an. Il s’agit même d’une estimation prudente, car cette hausse pourrait atteindre 2,4 millions de tonnes en cas d’application du Programa Agua dans son intégralité.

    A l’heure actuelle, il faut 4 millions de kWh aux stations de dessalement pour produire 1 million de mètres cubes d’eau. Cela équivaut à la consommation énergétique annuelle de 1 125 familles. Il suffit de quelques multiplications pour se faire une idée de la quantité d’énergie consommée par le dessalement.

    Si le ministère et l’entreprise publique Acuamed atteignent l’objectif de 600 millions de mètres cubes d’eau dessalée par an, il faudra l’équivalent de ce que consomment 700 000 familles, soit 3 millions d’habitants.

    Selon ces chiffres, les usines de dessalement déjà en service dans la région de Murcie, combinées à celles qui sont en projet dans les deux ans à venir, consommeront autant d’énergie que 800 000 habitants, soit deux fois la population de la capitale régionale. Si l’on étend ces projections à tout le bassin du fleuve Segura (y compris le sud d’Alicante), c’est l’équivalent des besoins énergétiques de toute la population de la région de Murcie qu’il faudra aux stations de dessalement pour fonctionner.

    La facture en CO2 de la totalité du Programa Agua s’élève à un surplus de 2,4 millions de tonnes, reconnaît Horacio Sánchez, directeur général chargé de l’Energie et des Mines au gouvernement de la communauté autonome de Murcie.

    Le ministère espagnol de l’Environnement a couplé son grand programme de dessalement avec un projet de production d’énergies renouvelables (énergie éolienne et solaire, ainsi que centrales à biomasse, essentiellement) visant à freiner les émissions de gaz polluants, mais pour le moment rien de significatif n’est en place. En réalité, chaque station de dessalement mise en service nécessite l’installation d’une nouvelle ligne moyenne tension chargée d’acheminer l’électricité produite dans des centrales conventionnelles. Il est à noter cependant que les coûts du dessalement ont considérablement baissé ces dernières années, et certaines stations, comme celles de Murcie, affichent d’excellents taux de rendement, allant jusqu’à limiter la consommation d’énergie à 3 kWh par mètre cube.

    Ces stations utilisent aussi des substances polluantes

    Parmi les autres problèmes en jeu, le WWF/Adena met aussi en garde contre le rejet de saumure [de l’eau très concentrée en sel] par ces stations dans les eaux littorales. Ces rejets peuvent endommager les herbiers de posidonies, une plante sous-marine, des écosystèmes essentiels à la vie aquatique. Jusqu’alors, les réseaux sous-marins qui évacuent la saumure à 5 kilomètres des côtes ont permis de résoudre ce problème, comme c’est le cas dans le bassin de la Segura, mais ces dispositifs sont coûteux.

    Les écologistes mettent aussi en garde contre d’autres rejets dans la mer, notamment les substances chimiques servant au nettoyage des membranes filtrantes utilisées dans les stations de dessalement (produits biocides, antifouling [revêtement empêchant la fixation d’organismes marins], etc.). “Certains ont des effets négatifs avérés”, insistent-ils. Le ministère balaie toutes ces critiques d’un revers de main en rappelant l’argument sur lequel repose tout le Programa Agua : le transfert des eaux à partir de l’Ebre [prévu par le projet précédent, le Plan Hidrológico Nacional] aurait coûté beaucoup plus cher, d’un point de vue aussi bien financier qu’écologique.

    Par M. Buitrago, ABC- courrier International
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