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Ponctuation : Menace sur le point-virgule

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  • Ponctuation : Menace sur le point-virgule

    Le signe de ponctuation est de plus en plus rare. Serait-ce le symptôme d'une dégradation de la langue? Le débat déchaîne la passion.

    Le point-virgule se meurt. Et ce sont des légions de puristes qui assistent, navrés, à cette agonie. Il serait trop difficile à utiliser – quand donc puis-je m'autoriser ce signe-là, apanage des auteurs majuscules, Flaubert, Charles Péguy, etc.? Il serait aussi victime de son statut bâtard, ni virgule, ni point. Bref, l'heure de la retraite aurait sonné pour ce petit soldat de plomb dont le défaut est d'avoir toujours été trop distingué. Ça, c'est ce qu'annonçait le journal en ligne français Rue 89 dans son édition du 24 mars. L'article se fondait sur le constat formulé par Sylvie Prioul et Olivier Houdart dans La ponctuation ou l'art d'accommoder les textes (Seuil, vient d'être réédité en poche).

    «La presse le délaisse: dans le numéro du 22 décembre 2005 de L'Humanité par exemple, nous n'en avons, à notre grande surprise, trouvé qu'un seul (réfugié dans l'éditorial)» écrivaient Olivier Houdart et Sylvie Prioul, respectivement correcteur au Monde.fr et secrétaire de rédaction au Nouvel Observateur. L'article de Rue 89 est un pavé jeté dans la mare aux signes. Au dernier pointage, 25000 lecteurs (!) l'avaient parcouru. Les réactions abondent. Bibliobs.com , qui s'empare de l'affaire, connaît lui aussi une affluence record. Patron de la rubrique culturelle du Nouvel Observateur, le journaliste et écrivain Jérôme Garcin constate: «Le nombre de réactions a été stupéfiant. Nous sommes l'un des derniers pays au monde où une histoire de ponctuation fait débat.»

    La loi de la phrase courte

    Outrancier, ce drame? Peut-être pas. Encore qu'il faille se garder de sonner trop vite le glas sur le cercueil miniature du point-virgule. Contacté, Olivier Prioul note qu'il gigote encore. «Rue 89 a forcé le trait. Comment vérifier d'ailleurs l'éradication de ce signe? La seule certitude, c'est qu'il est rare et que c'est un signe propre à l'écriture littéraire. Dans les journaux, la loi est à la phrase courte. Au Monde, elle est fortement recommandée aux rédacteurs. De même, l'usage du subjonctif est mal vu. Alors, vous pensez bien que le point-virgule fait tache!»

    C'est oublier combien il est utile. Le point-virgule est une halte bienvenue quand la phrase se développe en propositions successives. Il clarifie sa construction; permet des effets de style qui sont presque toujours des effets de sens; il est suspens et lien à la fois, le comble de la politesse. Un exemple littéraire, juste pour le plaisir de la pause:

    «Je me rappelle que j'ai joué autour de ces tas de sable; il y a longtemps; j'étais si petit que je me distingue à peine.»

    Cet extrait emprunté à l'écrivain français Henri Calet est cité dans l'ouvrage de Sylvie Prioul et d'Olivier Houdart. Il montre un usage possible du point-virgule, l'isolement d'un élément, comme un zoom, qui n'exclut pas le fondu enchaîné, une façon de glisser du présent au passé et inversement. Caresse d'artiste.

    Trop subtil? Trop artificiel? C'est justement le reproche qu'on adresse au point-virgule. L'écrivain Jacques Chessex n'en est pas friand. «Je l'emploie très peu; dans mon dernier livre à peine deux fois. Je préfère la ponctuation du souffle, le point et la virgule.» Jérôme Garcin, lui, défend son utilité. «C'est un signe littéraire. Dans mes articles pour Le Nouvel Observateur, je ne l'utilise quasiment pas. La phrase doit être courte. Dans mes romans, je ne conçois pas d'écrire une page sans au moins un point-virgule. Il installe un temps de lecture propre à la littérature, pas à la presse.»

    «Le clin d'œil de l'esprit»

    Résumons. Le point-virgule aurait tendance à ralentir le lecteur. Et serait, ô sacrilège, l'escorte obligée d'une phrase à rallonge, espèce prohibée dans les médias et la publicité. Mais il survit, protégé par des écrivains. Ainsi le philosophe et professeur de lettres genevois Jean Romain. «Oui, je l'utilise! Il est l'allié de la complexité. Le point-virgule dit que la pensée qui court dans la phrase n'est pas finie; il alerte le lecteur, c'est le clin d'œil de l'intelligence.»

    Faut-il, alors, adopter une politique volontariste à l'égard du point-virgule? Veiller à sa reproduction, comme un certain comité aujour­d'hui disparu a tenté de le faire en France? «Je ne vais pas m'engager pour cela, dit Jean Romain, qui appelle pourtant depuis longtemps l'école genevoise à revenir aux fondements de la langue. Il faudrait déjà que les élèves soient capables de maîtriser la ponctuation élémentaire, la place d'une virgule par exemple.»

    C'est que le problème est aussi là: la ponctuation se dérègle, victime de la désinvolture de ses servants. «Les éditeurs s'en fichent et les enseignants ne la maîtrisent pas», constate Jérôme Garcin. Alarmiste lui aussi, Jacques Chessex déplore la dégradation du français. «J'assiste comme vous à la mort d'une syntaxe classique qui était aussi belle quand elle était parlée. Mes grands-parents utilisaient des relatives. La mort d'une langue, c'est aussi la mort d'un art de vivre. Entre soi et soi. Entre soi et les autres.»

    L'effacement du point-virgule serait-il un symptôme, parmi d'autres, d'un malaise dans la civilisation? Sans céder aux trémolos, constatons que la langue écrite se dépouille de sa subtilité, du luxe du temps suspendu, ce bien inestimable. Mais qu'elle se régénère aussi, comme le note l'écrivain et universitaire lausannois Jérôme Meizoz. «La langue ne laisse pas de trous. Quans un signe disparaît, le vide est rapidement comblé.»


    - Le Temps

  • #2
    Seulement 4 point- virgules dans un texte qui lui est consacré;point virgule c'est peu .point

    Dans une phrase, le point virgule sert à séparer des propositions liées par le sens ou des parties semblables ou propositions d'une certaines longueur.

    ceci dit sur le clavier c'est agaçant d'avoir à mettre CAP lock pour avoir le point... il ne faut pas oublier de l'enlever alors que le point virgule sur la même touche ne demande aucune autre manoeuvre ;;;;;

    il y a un club des défendeurs du subjonctifs ICI ...écrire au subjonctif passé est un de leur plus grand plaisir ...

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    • #3
      La ponctuation est mon point faible.
      Et je pense, c'est ce qu'il y a de plus complexe.
      J'ai pris un cours de 60 heures, rien que pour mieux ponctuer mais j'ai encore bien des efforts à faire.
      Quelqu'un pourrait nous dire si c'est aussi difficile en arabe?

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      • #4
        Il est important de ponctuer ses phrases sinon elles perdent leur sens.
        « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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        • #5
          Quelqu'un pourrait nous dire si c'est aussi difficile en arabe?
          je crois oui! un prof d'arabe au lycée nous a dis un jour "Facila qatalat radjoulan" (une vergule a tué un homme ) mais je me souviens plus de la phrase "témoins"
          Tadjére ouala Hadjére ouala rédjline Madjer...

          Vive Tayri, Vive JSK

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          • #6
            Plus difficile en arabe ?

            Pour ma part je n'ai jamais ressenti de difficultés particulière à ponctuer un texte en arabe par rapport a un autre en francais ou en anglais ... lol
            "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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            • #7
              mimika

              "Tuez , pas gracié "

              C'est cette phrase, qui avait causé la mort du soldat


              Au lieu de "Tuez pas , gracié."

              Si mes souvenirs bons.
              “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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              • #8
                @L'Imprevisible

                "Tuez, pas gracié" ... "Tuez pas, gracié"

                Non, je crois que c'est plutôt la majestcule qui a fait buter le soldat Gracié, pas la virgule ...

                "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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