Un article qui vaut ce qu'il vaut. Plein de beaucoup de préjugés et un tas d'âneries inaceptables. Peut-il en être autrement avec Tel Quel ? Pour preuve : peut-on considérer Aknouch comme soussi ? Son père oui, il l'était, mais pas lui qui ne parle pas un mot de tamazight. Les gens du Souss le considèrent plus que comme un parfait étranger, un arabo-makhzenien pur jugs parachuté par ce même Makhzen amazighophobe et raciste pour fructifier ses bonnes affaires.
Pour finir, un mot quand même sur le festival Timitar. Il n'est absolument pas amazigh. Beaucoup d'artistes amazighes et non des moindes n'y sont jamais invités. Par contre, beaucoup de baâthistes y ont leur place de choix. Régulièrement.
Bizarrement, lorsqu'un festival est organisé dans les régions amazighs, on y trouve toujours des Arabes, à gogo. Mais un festival arabe organisé à Rabat dernièrement, aucun artiste amazigh n'y a été invité. Mawazine par exemple....
Fassis vs Soussis. Histoire d’une rivalité
(TNIOUNI / NICHANE)
Ils ont la bosse du commerce, le sens des affaires, l’esprit d’entreprise et une loyauté sans faille à leurs origines. Ils se ressemblent, mais jamais ne s’assemblent. Fassis et Soussis sont au contraire les meilleurs ennemis du monde… ou en tout cas du Maroc.
Qui n'a pas ri de l'avarice supposée des Soussis ? Qui n'a pas plaisanté de la préciosité qu'on attribue aux Fassis ? Ces images d'Epinal ne sont pourtant pas que de simples clichés. En arrière-fond, c'est une rivalité économique qui les a dessinées à gros traits. C'est un clash commercial
qui les fait perdurer… Négociants soussis et fassis se regardent en chiens de faïence depuis toujours. Ils ont chacun son périmètre sacré, où l'autre n'est pas le bienvenu.
“Des commerçants soussis achètent des kissariates entières qu'ils réservent aux commerçants originaires de leur région”, raconte un intermédiaire casablancais. Un fait de guerre, en 2008, dans un conflit déjà bien avancé dans les années 30, époque où les Soussis partaient à la conquête des villes. Un concept de commerce d'un nouveau style dans la besace : l'épicerie. “Les épiceries ont servi de tremplin à une conquête de toutes les branches du commerce moderne. Cette progression s'est faite vers les restaurants, les boulangeries, les hôtels, les magasins de chaussures et de vêtements”, énumère le chercheur Hassan Zaoual, pour résumer la percée des Soussis dans les lignes fassies. Le commerce était chasse gardée, l'offensive a eu le même effet qu'un chien dans un jeu de quilles : “La promotion sociale des Soussis, par le biais du commerce, leur permet de faire bonne figure à côté des grandes familles aristocratiques qui ont exercé de façon presque héréditaire l'administration makhzen et le haut commerce”, écrit l’historien Mohamed Benhlal (Le collège d’Azrou, formation d’une élite berbère civile et militaire, 1927-1959).
Aux origines du conflit, une affaire de négoce. A l'arrivée, quelques coups de canon retentissants : “Une rumeur a circulé après le tremblement de terre d'Agadir en 1960. Elle disait que c'était un châtiment divin pour punir les marchands soussis qui vivaient dans l'opulence”, raconte un historien. Un tsunami avant l'heure, acte de guerre comme un autre, ponctuant la compétition que se livrent Fassis et Soussis à qui sera le meilleur “commercial du Maroc”.
La finance, le dernier bastion
Un premier métier, le négoce, dont chacun s'est éloigné après l'indépendance pour diversifier ses activités vers des secteurs plus lucratifs. Le Maroc était à construire, il y avait des chantiers, des secteurs à conquérir. Tous l'ont été ou presque par le capital soussi. Sauf un, le plus important : la maîtrise des capitaux. “Une Française en mission au Maroc, au siège de Wafabank, était convaincue que Bennani signifiait Monsieur, quand elle a découvert que ce nom précédait le prénom de beaucoup de membres du staff de la banque”.
L'anecdote est presque trop belle pour être vraie, mais racontée par un homme d'affaires soussi, elle est révélatrice d'un dépit face à ce bastion imprenable qu'est la finance. Mais pas de quoi se fâcher à mort entre grands patrons. La CGEM (le syndicat des patrons) n'est plus depuis longtemps un temple inviolable du capital d'origine fassie. Les grands entrepreneurs du Souss y ont voix au chapitre. Pas forcément pour élever le ton. Bien au contraire, les conversations seraient plutôt feutrées car on y cause business avant tout, Selon un ancien de la CGEM, il existerait même une complémentarité entre les deux forces en présence : “Les affaires où s'associent des hommes d'affaires soussis et fassis sont toujours bonnes car ils partagent les mêmes valeurs : le travail et l'idée que l'argent doit faire de l'argent”. Et les mêmes gouvernements aussi.
Vox populi, quand tu nous tiens
“Nous avons ressenti la composition du gouvernement Abbas El Fassi comme une continuation de la domination fassie. La nomination d'Akhannouch au ministère de l'Agriculture n'est qu'une caution, une façon de calmer l'agitation politique dans le Souss”, résume, lapidaire, un militant soussi d'Agadir. Un sentiment tenace qui part de la base pour rejoindre les sommets : “Les jours de l'Aïd, les réunions de la famille El Fassi doivent ressembler à un Conseil de gouvernement”, plaisante cet entrepreneur soussi. Le gouvernement est-il trop arabiste pour les militants formés à l'école de la dialectique amazighe ? Ou peut-être tout bonnement trop fassi pour l'épicier du coin ou le chauffeur de taxi. Car un Jettou, par exemple, était presque porté aux nues par la rue soussie alors qu'El Fassi est détesté par les mêmes . Un entrepreneur amazigh ayant fait fortune dans la chaussure contre un politicien nourri au biberon de l'Istiqlal ? Ici, l'origine des deux a retenu l'attention plus que le vieux débat entre ministres technocrates et ministres politiques : “Beaucoup des ministres nommés ont été choisis pour leur maîtrise technique. L'impression d'une représentation excessive de fassis est trompeuse. C'est juste un retour sur investissement dans les études de haut niveau, une constante dans la culture de l'élite fassie”, nuance un membre du parti de Abbas El Fassi. Mais rien n'y fait, la rancœur remonte à loin.
Istiqlal, le grand méchant loup des Soussis
L'inimitié des Soussis pour le parti de Abbas El Fassi trouve son origine à la fin du protectorat : “Dès les premières années de l'indépendance, les commerçants chleuhs de Casablanca se détachent du Parti de l'Istiqlal derrière lequel ils ressentent trop souvent la présence de leurs concurrents fassis”, écrit Rémy Leveau (Le fellah marocain, défenseur du trône). “Ce qu’on présentait comme une opposition entre Fassis et Soussis n’a pris corps qu’après l’Indépendance, et elle cachait en fait les luttes pour l’édification de l’Etat national”, précise l'historien Mustapha Bouaziz. A une époque où les cartes du jeu politique sont redistribuées, les riches soussis investissent à gauche dans l'UNFP de Mehdi Ben Barka, parti sorti des entrailles de l'Istiqlal dans les années 50. C'est une manière pour eux de sublimer leur réussite économique qui trouve porte close à l'Istiqlal. “Agadir était un fief de l'UNFP à cette époque”, signale à ce propos Mustapha Bouaziz.
Sur le plan économique, les entrepreneurs soussis prennent aussi d'assaut les chambres de commerce afin de faire contrepoids aux relais politiques des Fassis.
Pour finir, un mot quand même sur le festival Timitar. Il n'est absolument pas amazigh. Beaucoup d'artistes amazighes et non des moindes n'y sont jamais invités. Par contre, beaucoup de baâthistes y ont leur place de choix. Régulièrement.
Bizarrement, lorsqu'un festival est organisé dans les régions amazighs, on y trouve toujours des Arabes, à gogo. Mais un festival arabe organisé à Rabat dernièrement, aucun artiste amazigh n'y a été invité. Mawazine par exemple....
Fassis vs Soussis. Histoire d’une rivalité
(TNIOUNI / NICHANE)
Ils ont la bosse du commerce, le sens des affaires, l’esprit d’entreprise et une loyauté sans faille à leurs origines. Ils se ressemblent, mais jamais ne s’assemblent. Fassis et Soussis sont au contraire les meilleurs ennemis du monde… ou en tout cas du Maroc.
Qui n'a pas ri de l'avarice supposée des Soussis ? Qui n'a pas plaisanté de la préciosité qu'on attribue aux Fassis ? Ces images d'Epinal ne sont pourtant pas que de simples clichés. En arrière-fond, c'est une rivalité économique qui les a dessinées à gros traits. C'est un clash commercial
qui les fait perdurer… Négociants soussis et fassis se regardent en chiens de faïence depuis toujours. Ils ont chacun son périmètre sacré, où l'autre n'est pas le bienvenu.
“Des commerçants soussis achètent des kissariates entières qu'ils réservent aux commerçants originaires de leur région”, raconte un intermédiaire casablancais. Un fait de guerre, en 2008, dans un conflit déjà bien avancé dans les années 30, époque où les Soussis partaient à la conquête des villes. Un concept de commerce d'un nouveau style dans la besace : l'épicerie. “Les épiceries ont servi de tremplin à une conquête de toutes les branches du commerce moderne. Cette progression s'est faite vers les restaurants, les boulangeries, les hôtels, les magasins de chaussures et de vêtements”, énumère le chercheur Hassan Zaoual, pour résumer la percée des Soussis dans les lignes fassies. Le commerce était chasse gardée, l'offensive a eu le même effet qu'un chien dans un jeu de quilles : “La promotion sociale des Soussis, par le biais du commerce, leur permet de faire bonne figure à côté des grandes familles aristocratiques qui ont exercé de façon presque héréditaire l'administration makhzen et le haut commerce”, écrit l’historien Mohamed Benhlal (Le collège d’Azrou, formation d’une élite berbère civile et militaire, 1927-1959).
Aux origines du conflit, une affaire de négoce. A l'arrivée, quelques coups de canon retentissants : “Une rumeur a circulé après le tremblement de terre d'Agadir en 1960. Elle disait que c'était un châtiment divin pour punir les marchands soussis qui vivaient dans l'opulence”, raconte un historien. Un tsunami avant l'heure, acte de guerre comme un autre, ponctuant la compétition que se livrent Fassis et Soussis à qui sera le meilleur “commercial du Maroc”.
La finance, le dernier bastion
Un premier métier, le négoce, dont chacun s'est éloigné après l'indépendance pour diversifier ses activités vers des secteurs plus lucratifs. Le Maroc était à construire, il y avait des chantiers, des secteurs à conquérir. Tous l'ont été ou presque par le capital soussi. Sauf un, le plus important : la maîtrise des capitaux. “Une Française en mission au Maroc, au siège de Wafabank, était convaincue que Bennani signifiait Monsieur, quand elle a découvert que ce nom précédait le prénom de beaucoup de membres du staff de la banque”.
L'anecdote est presque trop belle pour être vraie, mais racontée par un homme d'affaires soussi, elle est révélatrice d'un dépit face à ce bastion imprenable qu'est la finance. Mais pas de quoi se fâcher à mort entre grands patrons. La CGEM (le syndicat des patrons) n'est plus depuis longtemps un temple inviolable du capital d'origine fassie. Les grands entrepreneurs du Souss y ont voix au chapitre. Pas forcément pour élever le ton. Bien au contraire, les conversations seraient plutôt feutrées car on y cause business avant tout, Selon un ancien de la CGEM, il existerait même une complémentarité entre les deux forces en présence : “Les affaires où s'associent des hommes d'affaires soussis et fassis sont toujours bonnes car ils partagent les mêmes valeurs : le travail et l'idée que l'argent doit faire de l'argent”. Et les mêmes gouvernements aussi.
Vox populi, quand tu nous tiens
“Nous avons ressenti la composition du gouvernement Abbas El Fassi comme une continuation de la domination fassie. La nomination d'Akhannouch au ministère de l'Agriculture n'est qu'une caution, une façon de calmer l'agitation politique dans le Souss”, résume, lapidaire, un militant soussi d'Agadir. Un sentiment tenace qui part de la base pour rejoindre les sommets : “Les jours de l'Aïd, les réunions de la famille El Fassi doivent ressembler à un Conseil de gouvernement”, plaisante cet entrepreneur soussi. Le gouvernement est-il trop arabiste pour les militants formés à l'école de la dialectique amazighe ? Ou peut-être tout bonnement trop fassi pour l'épicier du coin ou le chauffeur de taxi. Car un Jettou, par exemple, était presque porté aux nues par la rue soussie alors qu'El Fassi est détesté par les mêmes . Un entrepreneur amazigh ayant fait fortune dans la chaussure contre un politicien nourri au biberon de l'Istiqlal ? Ici, l'origine des deux a retenu l'attention plus que le vieux débat entre ministres technocrates et ministres politiques : “Beaucoup des ministres nommés ont été choisis pour leur maîtrise technique. L'impression d'une représentation excessive de fassis est trompeuse. C'est juste un retour sur investissement dans les études de haut niveau, une constante dans la culture de l'élite fassie”, nuance un membre du parti de Abbas El Fassi. Mais rien n'y fait, la rancœur remonte à loin.
Istiqlal, le grand méchant loup des Soussis
L'inimitié des Soussis pour le parti de Abbas El Fassi trouve son origine à la fin du protectorat : “Dès les premières années de l'indépendance, les commerçants chleuhs de Casablanca se détachent du Parti de l'Istiqlal derrière lequel ils ressentent trop souvent la présence de leurs concurrents fassis”, écrit Rémy Leveau (Le fellah marocain, défenseur du trône). “Ce qu’on présentait comme une opposition entre Fassis et Soussis n’a pris corps qu’après l’Indépendance, et elle cachait en fait les luttes pour l’édification de l’Etat national”, précise l'historien Mustapha Bouaziz. A une époque où les cartes du jeu politique sont redistribuées, les riches soussis investissent à gauche dans l'UNFP de Mehdi Ben Barka, parti sorti des entrailles de l'Istiqlal dans les années 50. C'est une manière pour eux de sublimer leur réussite économique qui trouve porte close à l'Istiqlal. “Agadir était un fief de l'UNFP à cette époque”, signale à ce propos Mustapha Bouaziz.
Sur le plan économique, les entrepreneurs soussis prennent aussi d'assaut les chambres de commerce afin de faire contrepoids aux relais politiques des Fassis.
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