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Les dribbleurs de l'indépendance: Quand le FLN recrutait des footballeurs

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    Quand le FLN recrutait des footballeurs




    Rachid Mekhloufi n'avait rien demandé. Le 11 avril 1958, il y a cinquante ans de ça, la vie de l'attaquant de Saint-Etienne a basculé lorsque deux footballeurs, originaires comme lui de Sétif, sont venus le voir à la veille d'un match du championnat de France contre Béziers pour lui annoncer tout de go : "Rachid, demain on part en Tunisie."

    Rachid Mekhloufi fait partie des dix joueurs professionnels qui, entre le 12 et le 14 avril 1958, ont quitté clandestinement la France pour constituer l'équipe du Front de libération nationale (FLN). Jusqu'en 1962, cette sélection d'une nation sans Etat a servi de porte-voix au gouvernement provisoire de la République algérienne.

    "Quand Mokhtar Arribi (ex-Lensois) et Abdelhamid Kermali (Olympique lyonnais) sont venus à ma rencontre, ils m'ont juste dit que nous partions pour jouer au football, se souvient l'ancien espoir stéphanois, âgé aujourd'hui de 72 ans. A partir du moment où deux Sétifiens me rendaient visite, cela signifiait que l'affaire était importante. Je leur faisais d'autant plus confiance que ces footballeurs comptaient parmi mes idoles."


    La date du 12 avril n'a pas été choisie par hasard. Le match Monaco-Angers programmé ce jour-là rassemble cinq candidats au départ : quatre côté monégasque (Mustapha Zitouni, Abdelaziz Ben Tifour, Abderrahmane Boubekeur et Kadour Bekhloufi), et un côté angevin (Amar Rouaï). Mais Rachid Mekhloufi se blesse pendant la partie et perd connaissance. Le 14 avril au petit matin, c'est en pyjama, couvert d'un imperméable et un pansement sur la tête, qu'il quitte l'hôpital de Saint-Etienne en compagnie d'Arribi et de Kermali. Direction Lyon, où le trio doit retrouver le footballeur toulousain Abdelhamid Bouchouk avant de filer en voiture vers la frontière suisse. Un autre joueur de Toulouse, Saïd Brahimi, a préféré prendre le train pour Lausanne, l'un des deux lieux de rendez-vous fixés par le FLN, avec Rome.

    "La disparition soudaine de Mustapha Zitouni, l'arrière central de l'équipe de France, à quelques mois de la Coupe du monde en Suède, et celle de Rachid Mekhloufi, le buteur de Saint-Etienne sélectionné lui aussi chez les Bleus, ont provoqué un bruit énorme", témoigne le journaliste Michel Naït-Challal, qui vient de sortir un livre sur cette épopée politico-footballistique (Dribbleurs de l'indépendance, Editions Prolongations). C'est comme si, aujourd'hui, Lilian Thuram ou Karim Benzema disparaissaient tout d'un coup de la planète foot !" A 19 heures, Paris Inter annonce la fuite des quatre Algériens, mais les douaniers qui contrôlent leur véhicule n'ont apparemment pas écouté la radio. Ils reconnaissent le buteur stéphanois et l'interrogent... sur son parcours chez les Bleus. La voiture repart, les fugitifs s'envolent bientôt pour la Tunisie. Deux autres joueurs seront stoppés dans leur fuite, le Monégasque Hacène Chabri et le Rémois Mohamed Maouche. Dix hommes réussissent finalement à rejoindre Tunis. Ces footballeurs sans histoire dans leurs clubs deviennent, sur l'autre rive de la Méditerranée, "des militants de la cause algérienne en mission pour le FLN", selon Abderrahmane Meziane Cherif, l'actuel consul général d'Algérie à Paris et ami d'enfance d'Amar Rouaï. "Les Algériens étaient heureux d'apprendre cette nouvelle, les sportifs du monde arabo-musulman étaient surpris, les Français étaient frappés de stupeur, raconte le diplomate algérien. Des footballeurs de haut niveau qui ne manquent de rien et décident de partir : la preuve était faite qu'ils souffraient malgré tout, parce que leur pays était meurtri."

    Rachid Mekhloufi, qui vit aujourd'hui entre Alger et Tunis, se souvient : "Les gens qui avaient un père ou un fils en Algérie savaient qu'une guerre s'y déroulait, mais une grande majorité de Français ne connaissait rien de la situation sur place. C'est en apprenant notre engagement aux côtés du FLN qu'ils ont pris conscience de la gravité de la situation", estime l'ex-international.

    Outil de propagande, l'équipe a vocation à populariser l'insurrection algérienne partout dans le monde. Entre mai 1958 et juin 1962, en dépit des pressions de la France et de la Fédération internationale de football (FIFA), les joueurs du FLN disputent 91 matches (dont 65 victoires) dans les pays arabes, en Europe de l'Est et en Asie.

    A leur arrivée sur le sol tunisien, les footballeurs découvrent les conditions matérielles que leur a réservées l'organisation du FLN : prise en charge des loyers et des salaires ; fourniture de costumes et des équipements sportifs nécessaires ; présence permanente d'un commissaire politique, Mohamed Allam. C'est lui qui, par exemple, alerte les joueurs, avant le match contre l'Etoile rouge de Belgrade en mars 1961, de la présence dans les tribunes de l'ambassadeur de France. "Il était affolé. On est rentré sur le terrain et on a fait un match terrible : le FLN l'a emporté 6-1", sourit Rachid Mekhloufi.

    "Lors du premier tournoi que le FLN a disputé, la Tunisie, pour ménager la FIFA, n'a pas hissé le drapeau algérien. Le président Bourguiba, à son arrivée dans le stade, a exigé de voir les couleurs de l'Algérie", raconte l'écrivain Rachid Boudjedra, alors étudiant à l'université de Tunis. Scénariste du film inspiré de cette histoire prévu pour la fin de l'année, l'écrivain ajoute que "jamais une équipe n'avait eu une telle mission d'ambassadrice". Les "Diamants bruns", surnom donné aux joueurs algériens pendant leur première tournée en Europe de l'Est en avril 1959, brilleront jusqu'en Chine populaire et au Vietnam.

    "Ces années m'ont fait connaître des peuples et des chefs d'Etat de premier plan, Ho Chi Minh, Tito, le roi de Jordanie. Moi, le Sétifien marqué par les violences de 1945, le dernier d'une famille de huit enfants, le petit footballeur qui avait posé ses valises à Saint-Etienne à 18 ans dans l'espoir d'intégrer un club pro", raconte Rachid Mekhloufi. Il sera le premier à demander et obtenir d'Ahmed Ben Bella, en juin 1962, l'autorisation de rentrer en France. "A 25 ans, ma carrière n'était pas terminée", se justifie le joueur, qui retrouva les Verts dès la saison suivante.

    Simon Roger LE MONDE | 12.04.08
    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

  • #2
    C'était le temps ou les Algeriens se faisaient confiance mutuellement,
    et la solidarité entre Algeriens etaient sans limite.

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    • #3
      hikaya kdima hadhi, khlas, y en marre du FLN, il l'ont utilise pour grimper au pouvoir, c'est du passe !

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      • #4
        hikaya kdima hadhi, khlas, y en marre du FLN, il l'ont utilise pour grimper au pouvoir, c'est du passe !
        c'etait de grands joueurs, des hommes ......pas des simples d'esprit
        « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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