Tlemcen L’art musical: l’odyssée andalouse
par El Hassar Bénali
1ère partie
L’histoire de la musique à Tlemcen est une belle aventure, une odyssée incomparable car très symbolique de l’union des poètes, des musiciens mais aussi des faqihs qui ont exprimé leurs nobles sentiments pour l’art musical andalou et les arts en général et pour qui la recherche et la création dans ce domaine furent un progrès.
L’influence de l’Andalousie et surtout de Grenade est là, présente pendant des siècles, et cela en raison de facteurs historiques qui ont fait que le destin de ces deux villes jumelles s’est croisé à plusieurs moments de l’histoire. Tlemcen rivalisait aussi de près avec ses autres consoeurs, les autres vieilles capitales: Fès, Tunis, avec lesquelles elle entretenait aussi des relations étroites aux plans social, culturel et économique. Si une bonne partie des «Ahl Fès» est originaire de Tlemcen, l’histoire a fait aussi que de nombreux Fassis habitaient Tlemcen, connus surtout parmi les commerçants établis à la Qaïssariya. Avec les Hafsides de Tunis, les Zianides ont cultivé l’amitié et l’entente basée sur les alliances.
Avec l’Andalousie, les relations de Tlemcen étaient encore plus étroites de par les liens de parenté et surtout de par l’histoire. Tlemcen fut certes pendant longtemps, et jusqu’au début du 10ème siècle, inféodée à l’empire omeyyade de Cordoue, ce qui explique la nature des liens sociaux, politiques et défensifs que les Zianides ont longtemps entretenu avec leurs lointains cousins zénètes, les Nasrides de Grenade. Du fait de ces liens et de son site naturel, Tlemcen sera souvent comparée à sa soeur jumelle Grenade, et cela pour lui reconnaître également son âme andalouse. Cette âme est le reflet aussi de traditions partagées de langage, d’art, d’habillement, de cuisine... Honaïne était distant de deux journées seulement de traversée par la mer de Murcie, le pays du grand soufi Mahieddine Ibn al-Arabi, dont l’oncle Yahia Ibn Yaghan gouvernait Tlemcen sous les Almohades, écrivait-il. Peu après, c’est le grand cadi et soufi sévillan Abou Abdellah ech-Choudy, dit al-Halloui, de s’y établir au 13ème siècle, ayant mérité l’honneur d’une belle mosquée construite sous les Mérinides.
La cité des Djidars qui accueillit al-Khidr, selon Abderrahmane Ibn Khaldoun, exerçait certes un attrait particulier non seulement pour les savants, les soufis, mais également les poètes andalous comme Ibn Khafadja, le vizir Lissan Eddine Ibn al-Khatib et bien d’autres attirés par la beauté de son site. C’est à Fès que le poète et grand vizir nasride Ibn al-Khatib fut tué, alors qu’il venait de quitter Tlemcen en compagnie de Yahia Ibn Khaldoun, l’historiographe attaché à la cour des Zianides. C’est auprès des Nasrides, à l’Alhambra, que les rois zianides les plus distingués, Abou Tachfine ou encore al-Moutawakil, firent leur apprentissage du pouvoir. Le destin fit aussi que le grand poète tlemcénien Ibn al-Khamis fut assassiné à Grenade, ville qui verra naître un peu plus tard le médecin et poète zianide Abi Djamaa Talalissi, auteur de nombreux mouwachahs.
L’histoire de la musique
andalouse à Tlemcen : une belle aventure
Dans l’art de l’habillement, l’influence de Grenade est sensible et vice-versa concernant des créations originales locales. Le caftan en tant que costume d’apparat était une vieille tradition partagée des deux villes. Au plan culinaire, elles possédaient en commun de vieilles traditions des plats sucrés, celles par exemple du charbat (sorbet) et aussi de nombreux mets dont al-b’raniya, resté à ce jour plat de cérémonie à Tlemcen. Au plan militaire, les troupes zianides vinrent souvent à la rescousse des Nasrides de Grenade qui subissaient la menace constante des Mérinides et des rois de Castille.
Voilà qu’en 1492, date de la reconquista, le dernier roi de Grenade, Boabdil, choisit de se réfugier jusqu’à sa mort à Tlemcen, où il fut enterré dans la nécropole royale zianide de Sidi Brahim. La découverte en 1848 de sa pierre tombale, présentée pour la première fois à l’Exposition universelle de Paris en 1889, fut un évènement scientifique important. Au 13ème siècle, Tlemcen et Grenade refusèrent l’hégémonie des Mérinides qui tentaient de renouer l’idée chère à Abdelmoumen Benali, un enfant de Honaïne, fondateur des ports de Murcie et de Mahdia, de réunifier le Maghreb. L’histoire retiendra que les deux soeurs jumelles Grenade et Tlemcen ont énormément apporté à l’art d’une manière générale. Sur le plan architectural, les mosquées et beaux restes de palais et d’autres édifices aujourd’hui disparus (les palais Sourour, Abou-l-Fihr, les médersas Tachfiniya et El-Yacoubiya, les innombrables bassins...) témoignent de la splendeur atteinte par la capitale des Zianides.
Pendant cette période, les traditions d’art et de raffinement avaient rendu cette ville très attractive. Si en matière d’art musical, elle s’impose comme étant un des plus grands réservoirs de la musique citadine traditionnelle dans le Maghreb, ce n’est pas un simple hasard. Les historiens relèvent la grande contribution des poètes et des musiciens de cette vieille cité maghrébine à l’enrichissement de la musique maghrébine dite andalouse. C’est sur le terreau de la sanaa, avec ses formes musicales classiques rigides et de sa poésie inspirée des mouwachahs, née à Cordoue sous les Omeyyades venus d’Orient, qu’au fur et à mesure des siècles se sont greffés d’autres genres du terroir, tels le haoufi, le haouzi, le medh, le zedjal soufi dit «samaa». Ce n’est pas par hasard si la musique à Tlemcen fut depuis au moins le moyen-âge arabe au centre de préoccupations intellectuelles profondes de la part d’hommes de lettres et de l’art, mais aussi de jurisconsultes (faqih). L’exemple est fourni par les auteurs de la vieille mémoire culturelle tlemcénienne, oeuvres léguées par le faqih Abdelouahid al-Wancharissi (15ème siècle), l’encyclopédiste Ahmed al-Maqqari (17ème siècle), ce savant issu d’une ancienne et riche famille de Tlemcen, professeur à la Qaraouyine de Fès, cadi à Jérusalem puis au Caire, où il mourut en 1632; et d’autres qui, jusqu’au 20ème siècle, vont également laisser des oeuvres originales et que les musicologues jugent incontournables pour nos connaissances aujourd’hui sur la musique andalouse. Nous noterons que l’art musical a été toujours à Tlemcen une affaire de faqih ou de cadi, ce qui témoigne de la place qui lui a toujours été accordée par l’Islam à son projet de civilisation. Dans cette vieille cité des arts, il y eut au 20ème siècle d’autres faqihs renommés qui ont également laissé des ouvrages traitant de la musique, et ceci en dehors d’oeuvres de compilation d’auteurs tlemcéniens publiés jusqu’au 20ème siècle: il s’agit du célèbre cadi Choaïb ibn Adeldjelil et de Ghouti Bouali, auteurs respectivement de «Zahratou rihane fi ilmi alane» (la fleur de myrte dans la science des sons), et de «Qachf el-kinaa» (ôter le voile sur les instruments), cités au chapitre de la musique arabe dans les encyclopédies spécialisées du baron d’Erlanger ou de Farmer.
L’influence des foqaha (jurisconsultes)
en faveur de la civilisation du goût et des arts agréables
La forte concentration poético-musicale a donné lieu, dès le moyen-âge à Tlemcen, à une production intellectuelle très riche sur à la fois la poésie mais également l’art musical. C’est ainsi qu’Abdelwahid al-Wancharissi (mort en 955 de l’hégire), qui succéda à son père dans les fonctions d’imam et de muphti à Fès, traitera dans une oeuvre originale consacrée aux modes intitulés «Fi al-taba’i wal-tubu’ wal-uçul» (Les natures, les modes et les principes), qui offre des matériaux encourageants pour les investigations dans le domaine particulier de l’art. Dans cette épître, il donne certes une lecture musico-thérapeutique des modes et il cite: Dhil et ses dérivés, al-Arâq et Raml ad-dhil, le Raçd, Isbahan, al-Hidjaz, al-Haççar, Zurkand, al-Uschâq, al-Maya, ar-Raçd, ar-Raml, al-Husayn, Ghariba al-Husayn, enfin Gheriba al-Muhara.
Abdelwahid est descendant d’une famille de savants, dont son père Ahmed et son grand-père Ali al-Wancharissi ont vécu sous le règne du roi zianide Abou-l-Abbès. Ahmed al-Wancharissi, qui était disciple à Tlemcen de maîtres renommés tels le jurisconsulte l’imam Qassim al-Oqbani et de l’imam-prédicateur al-Kafif Ibn Marzouq, est célèbre pour son oeuvre encyclopédique intitulée «Mi’yar», d’une grande portée juridique et sociologique, regroupant sur plusieurs tomes de fatwas ou consultations juridiques des savants de Tlemcen, de Fès et de l’Andalousie. Trois siècles plus tard, l’encyclopédiste Ahmed al-Maqqari, dans son «Nafh ettib min ghusni al-Andalous arratib» (Exhalaisons), nous donne une idée sur l’exécution des modes: «On avait coutume dans al-Andalous de commencer un concert par le «Naschîd» en mouvement lent, suivi du «Basît», auquel succédaient un rapide «Muharrikât» et un léger «Hazajât»’ dans l’ordre établi par Zyriab. Cette forme est-ce celle qui est employée aujourd’hui dans notre musique ?
Les spécialistes sont par contre plus sûrs à démontrer que cette musique qui fait référence à Zyriab et à son berceau, l’Andalousie, a fini plus tard, en se perpétuant, par puiser dans la littérature d’auteurs du terroir. L’apport des poètes qui ont fait le prestige littéraire de l’ancienne capitale est établi pour aussi bien la catégorie des oeuvres principales que celles adaptées (qiaçate), dont les auteurs restent encore anonymes.
par El Hassar Bénali
1ère partie
L’histoire de la musique à Tlemcen est une belle aventure, une odyssée incomparable car très symbolique de l’union des poètes, des musiciens mais aussi des faqihs qui ont exprimé leurs nobles sentiments pour l’art musical andalou et les arts en général et pour qui la recherche et la création dans ce domaine furent un progrès.
L’influence de l’Andalousie et surtout de Grenade est là, présente pendant des siècles, et cela en raison de facteurs historiques qui ont fait que le destin de ces deux villes jumelles s’est croisé à plusieurs moments de l’histoire. Tlemcen rivalisait aussi de près avec ses autres consoeurs, les autres vieilles capitales: Fès, Tunis, avec lesquelles elle entretenait aussi des relations étroites aux plans social, culturel et économique. Si une bonne partie des «Ahl Fès» est originaire de Tlemcen, l’histoire a fait aussi que de nombreux Fassis habitaient Tlemcen, connus surtout parmi les commerçants établis à la Qaïssariya. Avec les Hafsides de Tunis, les Zianides ont cultivé l’amitié et l’entente basée sur les alliances.
Avec l’Andalousie, les relations de Tlemcen étaient encore plus étroites de par les liens de parenté et surtout de par l’histoire. Tlemcen fut certes pendant longtemps, et jusqu’au début du 10ème siècle, inféodée à l’empire omeyyade de Cordoue, ce qui explique la nature des liens sociaux, politiques et défensifs que les Zianides ont longtemps entretenu avec leurs lointains cousins zénètes, les Nasrides de Grenade. Du fait de ces liens et de son site naturel, Tlemcen sera souvent comparée à sa soeur jumelle Grenade, et cela pour lui reconnaître également son âme andalouse. Cette âme est le reflet aussi de traditions partagées de langage, d’art, d’habillement, de cuisine... Honaïne était distant de deux journées seulement de traversée par la mer de Murcie, le pays du grand soufi Mahieddine Ibn al-Arabi, dont l’oncle Yahia Ibn Yaghan gouvernait Tlemcen sous les Almohades, écrivait-il. Peu après, c’est le grand cadi et soufi sévillan Abou Abdellah ech-Choudy, dit al-Halloui, de s’y établir au 13ème siècle, ayant mérité l’honneur d’une belle mosquée construite sous les Mérinides.
La cité des Djidars qui accueillit al-Khidr, selon Abderrahmane Ibn Khaldoun, exerçait certes un attrait particulier non seulement pour les savants, les soufis, mais également les poètes andalous comme Ibn Khafadja, le vizir Lissan Eddine Ibn al-Khatib et bien d’autres attirés par la beauté de son site. C’est à Fès que le poète et grand vizir nasride Ibn al-Khatib fut tué, alors qu’il venait de quitter Tlemcen en compagnie de Yahia Ibn Khaldoun, l’historiographe attaché à la cour des Zianides. C’est auprès des Nasrides, à l’Alhambra, que les rois zianides les plus distingués, Abou Tachfine ou encore al-Moutawakil, firent leur apprentissage du pouvoir. Le destin fit aussi que le grand poète tlemcénien Ibn al-Khamis fut assassiné à Grenade, ville qui verra naître un peu plus tard le médecin et poète zianide Abi Djamaa Talalissi, auteur de nombreux mouwachahs.
L’histoire de la musique
andalouse à Tlemcen : une belle aventure
Dans l’art de l’habillement, l’influence de Grenade est sensible et vice-versa concernant des créations originales locales. Le caftan en tant que costume d’apparat était une vieille tradition partagée des deux villes. Au plan culinaire, elles possédaient en commun de vieilles traditions des plats sucrés, celles par exemple du charbat (sorbet) et aussi de nombreux mets dont al-b’raniya, resté à ce jour plat de cérémonie à Tlemcen. Au plan militaire, les troupes zianides vinrent souvent à la rescousse des Nasrides de Grenade qui subissaient la menace constante des Mérinides et des rois de Castille.
Voilà qu’en 1492, date de la reconquista, le dernier roi de Grenade, Boabdil, choisit de se réfugier jusqu’à sa mort à Tlemcen, où il fut enterré dans la nécropole royale zianide de Sidi Brahim. La découverte en 1848 de sa pierre tombale, présentée pour la première fois à l’Exposition universelle de Paris en 1889, fut un évènement scientifique important. Au 13ème siècle, Tlemcen et Grenade refusèrent l’hégémonie des Mérinides qui tentaient de renouer l’idée chère à Abdelmoumen Benali, un enfant de Honaïne, fondateur des ports de Murcie et de Mahdia, de réunifier le Maghreb. L’histoire retiendra que les deux soeurs jumelles Grenade et Tlemcen ont énormément apporté à l’art d’une manière générale. Sur le plan architectural, les mosquées et beaux restes de palais et d’autres édifices aujourd’hui disparus (les palais Sourour, Abou-l-Fihr, les médersas Tachfiniya et El-Yacoubiya, les innombrables bassins...) témoignent de la splendeur atteinte par la capitale des Zianides.
Pendant cette période, les traditions d’art et de raffinement avaient rendu cette ville très attractive. Si en matière d’art musical, elle s’impose comme étant un des plus grands réservoirs de la musique citadine traditionnelle dans le Maghreb, ce n’est pas un simple hasard. Les historiens relèvent la grande contribution des poètes et des musiciens de cette vieille cité maghrébine à l’enrichissement de la musique maghrébine dite andalouse. C’est sur le terreau de la sanaa, avec ses formes musicales classiques rigides et de sa poésie inspirée des mouwachahs, née à Cordoue sous les Omeyyades venus d’Orient, qu’au fur et à mesure des siècles se sont greffés d’autres genres du terroir, tels le haoufi, le haouzi, le medh, le zedjal soufi dit «samaa». Ce n’est pas par hasard si la musique à Tlemcen fut depuis au moins le moyen-âge arabe au centre de préoccupations intellectuelles profondes de la part d’hommes de lettres et de l’art, mais aussi de jurisconsultes (faqih). L’exemple est fourni par les auteurs de la vieille mémoire culturelle tlemcénienne, oeuvres léguées par le faqih Abdelouahid al-Wancharissi (15ème siècle), l’encyclopédiste Ahmed al-Maqqari (17ème siècle), ce savant issu d’une ancienne et riche famille de Tlemcen, professeur à la Qaraouyine de Fès, cadi à Jérusalem puis au Caire, où il mourut en 1632; et d’autres qui, jusqu’au 20ème siècle, vont également laisser des oeuvres originales et que les musicologues jugent incontournables pour nos connaissances aujourd’hui sur la musique andalouse. Nous noterons que l’art musical a été toujours à Tlemcen une affaire de faqih ou de cadi, ce qui témoigne de la place qui lui a toujours été accordée par l’Islam à son projet de civilisation. Dans cette vieille cité des arts, il y eut au 20ème siècle d’autres faqihs renommés qui ont également laissé des ouvrages traitant de la musique, et ceci en dehors d’oeuvres de compilation d’auteurs tlemcéniens publiés jusqu’au 20ème siècle: il s’agit du célèbre cadi Choaïb ibn Adeldjelil et de Ghouti Bouali, auteurs respectivement de «Zahratou rihane fi ilmi alane» (la fleur de myrte dans la science des sons), et de «Qachf el-kinaa» (ôter le voile sur les instruments), cités au chapitre de la musique arabe dans les encyclopédies spécialisées du baron d’Erlanger ou de Farmer.
L’influence des foqaha (jurisconsultes)
en faveur de la civilisation du goût et des arts agréables
La forte concentration poético-musicale a donné lieu, dès le moyen-âge à Tlemcen, à une production intellectuelle très riche sur à la fois la poésie mais également l’art musical. C’est ainsi qu’Abdelwahid al-Wancharissi (mort en 955 de l’hégire), qui succéda à son père dans les fonctions d’imam et de muphti à Fès, traitera dans une oeuvre originale consacrée aux modes intitulés «Fi al-taba’i wal-tubu’ wal-uçul» (Les natures, les modes et les principes), qui offre des matériaux encourageants pour les investigations dans le domaine particulier de l’art. Dans cette épître, il donne certes une lecture musico-thérapeutique des modes et il cite: Dhil et ses dérivés, al-Arâq et Raml ad-dhil, le Raçd, Isbahan, al-Hidjaz, al-Haççar, Zurkand, al-Uschâq, al-Maya, ar-Raçd, ar-Raml, al-Husayn, Ghariba al-Husayn, enfin Gheriba al-Muhara.
Abdelwahid est descendant d’une famille de savants, dont son père Ahmed et son grand-père Ali al-Wancharissi ont vécu sous le règne du roi zianide Abou-l-Abbès. Ahmed al-Wancharissi, qui était disciple à Tlemcen de maîtres renommés tels le jurisconsulte l’imam Qassim al-Oqbani et de l’imam-prédicateur al-Kafif Ibn Marzouq, est célèbre pour son oeuvre encyclopédique intitulée «Mi’yar», d’une grande portée juridique et sociologique, regroupant sur plusieurs tomes de fatwas ou consultations juridiques des savants de Tlemcen, de Fès et de l’Andalousie. Trois siècles plus tard, l’encyclopédiste Ahmed al-Maqqari, dans son «Nafh ettib min ghusni al-Andalous arratib» (Exhalaisons), nous donne une idée sur l’exécution des modes: «On avait coutume dans al-Andalous de commencer un concert par le «Naschîd» en mouvement lent, suivi du «Basît», auquel succédaient un rapide «Muharrikât» et un léger «Hazajât»’ dans l’ordre établi par Zyriab. Cette forme est-ce celle qui est employée aujourd’hui dans notre musique ?
Les spécialistes sont par contre plus sûrs à démontrer que cette musique qui fait référence à Zyriab et à son berceau, l’Andalousie, a fini plus tard, en se perpétuant, par puiser dans la littérature d’auteurs du terroir. L’apport des poètes qui ont fait le prestige littéraire de l’ancienne capitale est établi pour aussi bien la catégorie des oeuvres principales que celles adaptées (qiaçate), dont les auteurs restent encore anonymes.
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