En novembre 1996, lors du sommet mondial de l’alimentation, les instances dirigeantes du monde se sont engagées à réduire de moitié le nombre d’affamés dans le monde d’ici 2015. Projet louable… Résultats catastrophiques. Ainsi, le rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) d’octobre 2006 ne traduit aucune amélioration. Au contraire, les disparités régionales en matière de sécurité alimentaire n’ont cessé de croître. En Afrique et au Moyen-Orient, par exemple, les prévisions sont inquiétantes. En 2015, si rien ne change, le nombre de personnes sous-alimentées dans ces régions passera de 24 millions en 1990 à 36 millions 1 .
Pourtant, manger est, historiquement, l’activité centrale de toutes sociétés. Plus qu’une simple satisfaction physiologique, la sécurité alimentaire permet à l’être humain de rencontrer divers besoins humains, culturels, psychologiques ou sociaux 2 .
De prime abord, les néophytes éprouveront quelques difficultés à faire le lien entre sécurité alimentaire et…biocarburant. Ne cherchez plus… Le dénominateur commun, c’est l’agriculture. Si la nourriture n’est pas un bien de consommation comme les autres, l’agriculture n’est pas une simple activité économique. Outre leur fonction alimentaire, les agriculteurs restent les protecteurs de nos terres et de la diversité de nos milieux de vie. Aussi le milieu agricole revendique, à juste titre, d’être traité différemment des secteurs de production et des services industriels. Pourtant, l’activité agricole n’a pas échappé à la mondialisation libérale et à son pendant, la dérégulation des échanges. Les choses pourraient encore être pires avec…les biocarburants.
Les biocarburants, nouvel eldorado des transnationales
Depuis quelque temps, le biocarburant est à la mode. Plébiscité par les gouvernants, adulé par certaines associations agricoles, encouragé par bon nombre d’écologistes, les carburants "verts" sont présentés comme la panacée en cette période où le prix du pétrole grève les budgets étatiques, freine la consommation et, où le réchauffement climatique chatouille les consciences. Ainsi, aux Nations Unies, la FAO, par l’entremise du "Global Bioenergy Partnership", a décidé de promouvoir la production et la commercialisation des biocarburants… en se concentrant sur les pays en développement 3 . L’Union européenne a, dès 2003, adopté une directive qui vise à augmenter annuellement le pourcentage de biocarburants dans les transports (5,75% en 2010). Enfin, en Belgique, la ministre de l’Agriculture a rendu public le nom des entreprises qui produiront du biocarburant sur notre sol 4 . De Wanze à Alost en passant par Feluy, la Belgique suit le mouvement…
Ce mouvement n’est pas nouveau. En effet, en 1906, Henry Ford déclarait : " Il y a de l’essence dans toute matière végétale qui peut être fermentée". C’est au Brésil qu’il faut chercher les premières traces d’éthanol dans les moteurs. En effet, dès 1973 à la suite du premier choc pétrolier, la junte militaire au pouvoir lance un gigantesque plan de subvention de la canne à sucre (base de l’éthanol) afin de réduire la dépendance du pays à l’or noir. En 1984, 94% des voitures fabriquées au Brésil sont équipées pour fonctionner à l’alcool ! Petrobras (entreprise pétrolière nationale) vendait de l’éthanol produit en masse par les paysans brésiliens et… tout allait bien. Pourtant, dès 1986, le pari brésilien s’effondre sous les coups de butoirs des spéculateurs, le prix du sucre dans le pays s’est envolé et le pétrole redevint rapidement "Le" carburant numéro un…
Aujourd’hui, il existe principalement deux types de carburants verts. D’une part, ceux fabriqués à base d’huiles végétales (palme, soja, colza, tournesol,…) et d’autre part, les biodiesels fabriqués à partir de la fermentation du sucre (canne, maïs, betterave ou blé). Ces "biofuels"sont en bonne place dans les programmes énergétiques européens et américains. Le Brésil, quant à lui, compte de nouveau 80% "d’autos bio" et près de 74% de l’éthanol destiné aux transports est produit en Amérique Latine 5 .
Paradoxalement, aux côtés de certaines associations écologiques, on trouve, en rangs serrés, les "majors" des secteurs pétroliers et agroalimentaires. Avant d’être une question d’environnement, de trou dans la couche d’ozone ou d’émission de CO2, le marché des biocarburants, c’est surtout une manne financière qui se conjugue au présent comme au futur. D’ailleurs, de nouvelles "amitiés" se lient dans les hautes sphères du commerce international. Ainsi, sur son site, BP annonce un partenariat avec la transnationale des céréales DuPont, qui contrôle 15% du marché mondial du soja et 27% du marché du maïs 6 … Le "deal" est simple, l’agroalimentaire fournit les matières premières et l’industrie pétrochimique s’occupe des phases de transformation et de commercialisation… tout le monde est content, surtout les actionnaires !
Pourtant, manger est, historiquement, l’activité centrale de toutes sociétés. Plus qu’une simple satisfaction physiologique, la sécurité alimentaire permet à l’être humain de rencontrer divers besoins humains, culturels, psychologiques ou sociaux 2 .
De prime abord, les néophytes éprouveront quelques difficultés à faire le lien entre sécurité alimentaire et…biocarburant. Ne cherchez plus… Le dénominateur commun, c’est l’agriculture. Si la nourriture n’est pas un bien de consommation comme les autres, l’agriculture n’est pas une simple activité économique. Outre leur fonction alimentaire, les agriculteurs restent les protecteurs de nos terres et de la diversité de nos milieux de vie. Aussi le milieu agricole revendique, à juste titre, d’être traité différemment des secteurs de production et des services industriels. Pourtant, l’activité agricole n’a pas échappé à la mondialisation libérale et à son pendant, la dérégulation des échanges. Les choses pourraient encore être pires avec…les biocarburants.
Les biocarburants, nouvel eldorado des transnationales
Depuis quelque temps, le biocarburant est à la mode. Plébiscité par les gouvernants, adulé par certaines associations agricoles, encouragé par bon nombre d’écologistes, les carburants "verts" sont présentés comme la panacée en cette période où le prix du pétrole grève les budgets étatiques, freine la consommation et, où le réchauffement climatique chatouille les consciences. Ainsi, aux Nations Unies, la FAO, par l’entremise du "Global Bioenergy Partnership", a décidé de promouvoir la production et la commercialisation des biocarburants… en se concentrant sur les pays en développement 3 . L’Union européenne a, dès 2003, adopté une directive qui vise à augmenter annuellement le pourcentage de biocarburants dans les transports (5,75% en 2010). Enfin, en Belgique, la ministre de l’Agriculture a rendu public le nom des entreprises qui produiront du biocarburant sur notre sol 4 . De Wanze à Alost en passant par Feluy, la Belgique suit le mouvement…
Ce mouvement n’est pas nouveau. En effet, en 1906, Henry Ford déclarait : " Il y a de l’essence dans toute matière végétale qui peut être fermentée". C’est au Brésil qu’il faut chercher les premières traces d’éthanol dans les moteurs. En effet, dès 1973 à la suite du premier choc pétrolier, la junte militaire au pouvoir lance un gigantesque plan de subvention de la canne à sucre (base de l’éthanol) afin de réduire la dépendance du pays à l’or noir. En 1984, 94% des voitures fabriquées au Brésil sont équipées pour fonctionner à l’alcool ! Petrobras (entreprise pétrolière nationale) vendait de l’éthanol produit en masse par les paysans brésiliens et… tout allait bien. Pourtant, dès 1986, le pari brésilien s’effondre sous les coups de butoirs des spéculateurs, le prix du sucre dans le pays s’est envolé et le pétrole redevint rapidement "Le" carburant numéro un…
Aujourd’hui, il existe principalement deux types de carburants verts. D’une part, ceux fabriqués à base d’huiles végétales (palme, soja, colza, tournesol,…) et d’autre part, les biodiesels fabriqués à partir de la fermentation du sucre (canne, maïs, betterave ou blé). Ces "biofuels"sont en bonne place dans les programmes énergétiques européens et américains. Le Brésil, quant à lui, compte de nouveau 80% "d’autos bio" et près de 74% de l’éthanol destiné aux transports est produit en Amérique Latine 5 .
Paradoxalement, aux côtés de certaines associations écologiques, on trouve, en rangs serrés, les "majors" des secteurs pétroliers et agroalimentaires. Avant d’être une question d’environnement, de trou dans la couche d’ozone ou d’émission de CO2, le marché des biocarburants, c’est surtout une manne financière qui se conjugue au présent comme au futur. D’ailleurs, de nouvelles "amitiés" se lient dans les hautes sphères du commerce international. Ainsi, sur son site, BP annonce un partenariat avec la transnationale des céréales DuPont, qui contrôle 15% du marché mondial du soja et 27% du marché du maïs 6 … Le "deal" est simple, l’agroalimentaire fournit les matières premières et l’industrie pétrochimique s’occupe des phases de transformation et de commercialisation… tout le monde est content, surtout les actionnaires !
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