Démographie, développement économique et nouvelle donne des hydrocarbures au coeur de l'avenir stratégique de l'arc méditerranéen.
La démographie, force ou faiblesse ? Cette vérité du développement humain est particulièrement préoccupante en Afrique de Nord. François Daguzan, chercheur à la FRS, a voulu lors d'une journée- débat consacrée à la stabilité et instabilité de l'Afrique du nord au XXIème siècle, " faire tomber les fantasmes et les idées reçues " sur la démographie du Maghreb.
S'il y a un très grand risque pour que " l'économie ne soit pas au rendezvous de la démographie à l'horizon 2030 ", les pays du Maghreb ont bien entamé leur transition démographique contrairement au voisin égyptien pour qui la pression démographique reste un " problème majeur ". Certes, en trente ans, la population du Maghreb a été multipliée par deux mais la croissance démographique tend à ralentir à cause de la baisse du taux de fécondité due à des politiques de planning familial, à la scolarisation des filles et à la modernisation des modes de vie. Si le taux de natalité est proche de celui des pays européens, la proportion des moins de 15 ans représente 50 % de la population. D'où des problèmes de scolarisation que les gouvernements ont relevés avec plus ou moins de succès. Contrairement aux pays d'Asie qui ont fait le choix de l'ouverture internationale, l'économie des pays d'Afrique du nord, reste encore sous contrôle étatique. Plus grave, la rente pétrolière de l'Algérie et de la Libye a souvent été " un élément paralysant et non un facteur de développement " a insisté François Daguzan. Si la Tunisie, est souvent citée comme un exemple de réussite économique, le pays a lui aussi joué sur une rente touristique dont les retombées économiques ont été maigres pour la population tunisienne.
Au-delà de leurs liens historiques, les deux rives de la méditerranée ont aussi nombres d'intérêts économiques en commun. L'Union européenne est le premier partenaire commercial des pays d'Afrique du nord. Dix ans après le Sommet de Barcelone scellant le partenariat euro méditerranéen, le bilan est plus que mitigé. Les chefs d'Etat européens ont aujourd'hui la volonté de relancer ce processus notamment à travers le programme MEDA qui constitue le cadre financier de la coopération des pays de l'UE avec les pays de l'arc méditerranéen. Fondé sur la mise en place d'une zone de libre-échange et d'actions de soutien à la transition économique, il doit regrouper également des actions destinées à favoriser un développement économique et social ainsi que des actions de soutien à la coopération régionale et transfrontalière. Pour la période 2000-2006, 35 milliards d'euros ont été engagés par l'UE à destination des pays suivants : Algérie, Tunisie, Maroc, Égypte, Jordanie, Liban, Syrie, Chypre, Israël, Malte, Territoires palestiniens, Turquie. Nicolas Sarkis du centre franco-arabe du pétrole a quant à lui estimé que l'interdépendance énergétique des deux rives de la méditerranée ne ferait que " s'accroître dans les décennies à venir " étant donné le contexte mondial d' accélération de la demande énergétique. A l'horizon 2030, la production régionale de pétrole, " devrait passer de 80 à 120 millions de barils par jour ".
La vraie question du développement économique de cette région reste centrée d'après Fouad Benhalla, ancien directeur général de RFI, sur le décalage entre les populations et leurs politiques, " une rencontre entre la société et le pouvoir sera-t-elle possible sans drame ? ".
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