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    Les Cubains découvrent hôtels et téléphones mobiles
    Arnaud Rodier
    16/04/2008 | Mise à jour : 10:38 |

    Dans les rues de La Havane, ils étaient plusieurs centaines, lundi, à faire la queue pour acheter un téléphone mobile. Crédits photo : AP
    Raul Castro a supprimé plusieurs interdictions, dont celle d'acquérir un ordinateur.
    «Nous, les cubains, nous avons une nouvelle sainte : elle est petite et s'appelle clé USB», ironise sur son blog Potro Salvaje, en montrant la photo d'un torse d'homme en tee-shirt rouge avec son gadget autour du cou.

    Ils étaient cependant plusieurs centaines à faire la queue, lundi, dans les rues de La Havane pour acheter un téléphone mobile et l'abonnement qui va avec. Les prix, 120 dollars américains pour l'abonnement seul, alors que le salaire moyen d'un Cubain ne dépasse pas 17 dollars par mois, ne semblaient pas les rebuter. Pas plus que les files d'attente.

    L'accès libre au téléphone mobile, officiel depuis le début de la semaine, est la dernière mesure d'une série d'assouplissements de la loi qui ont conduit le gouvernement à supprimer en moins d'un mois l'interdiction d'acquérir des ordinateurs, des téléviseurs à écran large, des magnétoscopes, des DVD et des fours à micro-ondes…

    Plus symboliquement, le nouveau président, Raul Castro, le frère de Fidel, a levé le 6 avril la loi qui interdisait depuis 1996 aux Cubains de loger dans les hôtels qui accueillent les touristes. Or, contre toute attente, les réservations ont démarré immédiatement pour des chambres dont les prix varient entre 135 dollars et 430 dollars américains !

    «Aujourd'hui, les Cubains sont nombreux à avoir accès au dollar, soit parce qu'ils travaillent dans le tourisme soit parce qu'ils sont employés par des firmes étrangères», observe une expatriée. Ils ne sont donc plus exclusivement obligés de faire leurs achats avec un peso non convertible, dont la valeur est 24 fois moindre que celle du peso convertible (1,08 dollar). En outre, ajoute un homme d'affaires français, «ils reçoivent de l'argent de l'étranger. Les sommes envoyées chaque année par les expatriés dépassent le milliard de dollars. Et, il existe aussi à Cuba une économie souterraine beaucoup plus présente qu'on ne le dit.» Une économie qui explique que, parmi les Cubains qui faisaient la queue lundi, nombreux étaient ceux qui avaient déjà un téléphone dans leur poche et ne souhaitaient que l'abonnement !

    Pas de toasters en vente libre
    Sur Internet, ils en plaisantent ouvertement. «Le gouvernement ne fait aucune ouverture, il ne fait que légaliser un commerce qui existait au noir et qu'il ne pouvait pas contrôler. C'est comme s'il disait : “Tant qu'à acheter, autant acheter chez moi !”, c'est tout», écrit Dago Torres. Et, Yoani Sanchez de préciser sur son site Generacion Y, l'un des plus célèbres à Cuba, souvent inaccessible d'ailleurs : «Les changements que l'on nous apporte me font penser que, si l'interdiction d'acheter des ordinateurs est levée, c'est plutôt parce qu'elle disparaissait derrière son inefficacité.» Avant d'ajouter : « À ce rythme, les antennes paraboliques nous parviendront au milieu du siècle et mes neveux connaîtront le GPS à leur adolescence.»

    Tous n'ont pas le même sens de l'humour. «Ça suffit, ce ne sont pas les toasters, les DVD ou les PC qui vont changer le destin de mon pays. Tout cela n'est qu'une manière de faire croire que l'on relâche un peu la pression sociale (…) Ce n'est qu'illusion quand on sait qu'il faut 20 ans de travail pour se payer un ordinateur», critique Juanito. Pourquoi les toasters ? Parce que, aussi surprenant que cela paraisse, ils ne sont toujours pas en vente libre. Pas plus que les climatiseurs. Selon le gouvernement, ils consomment trop d'électricité.

    «Ces ouvertures sont des ouvertures timides, mais il ne faut pas les prendre à la légère. C'est un premier pas. Il faudra voir si d'autres suivent. La prochaine brèche réellement significative serait à mes yeux l'introduction, dans le pays, d'un salaire différencié selon les responsabilités, car aujourd'hui un gardien de parking qui reçoit des pourboires en dollars gagne davantage qu'un chirurgien», résume un observateur sur place.
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