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Une nation, dix mille pays...

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    Une nation, dix mille pays, cent mille versions
    par Kamel Daoud

    En 1962, les Algériens voulaient un pays. Dès 1962, chaque Algérien voulait un pays à lui tout seul, borné par des murs, un acte de propriété, une démonstration de force et beaucoup de barraudages. Cette fin de semaine à Oran, il y a eu une émeute, un concert de Bâaziz, le déplacement de Belkhadem avec deux de ses ministres, un congrès de l'UNJA sur le dos des harraga. Vu à partir de Gdyel où une violente émeute a éclaté, l'Algérie ressemblait toujours à l'Algérie de 1988 : on ne pouvait pas trancher entre la manipulation, la violence spontanée, la raison du chômage et la sociologie. Là où certains parlaient d'un policier qui a giflé des vendeurs de persil et de menthe, d'autres invoquaient la distribution de locaux post-souk El-Fellah et des derniers parlaient d'une manipulation entre deux équipe d'élus. Comme en 1988, la facture est lourde, comme la matraque comme le silence qui y règne depuis le retour au calme.

    Vu à partir du congrès de l'UNJA, l'Algérie est une vieille mère abandonnée par des enfants peu nationalistes, qui lui préfèrent la barque et les yeux bleus à sa vieille peau ridée qui ne raconte plus aucune histoire intéressante. Convaincue de son rôle, l'UNJA, qui n'est plus aussi jeune elle-même si on tient compte de l'âge de ses chefs, s'en occupe, s'occupe de ses avoirs et de ses bijoux ancestraux en lui racontant l'histoire merveilleuse d'un homme nommé Bouteflika, qui va venir sur un cheval moustachu pour lui demander sa main et restaurer sa jeunesse sans passer par le henné ni la fraude. Pour ce faire, l'UNJA a invité à Oran le Chef du gouvernement, deux ministres, pas un seul harrag mort, vivant ou rescapé et repêché, et a réclamé une révision de la Constitution pour solution à ceux qui rament vers la mort et ne veulent pas ramer sur leur propre terre.

    Vu à partir de l'angle des deux ministres et de Belkhadem, l'Algérie est un problème que l'on peut solutionner en se déplaçant, que l'on peut éviter en inaugurant, qu'on peut résoudre en parlant. Les Algériens prennent la mer, l'UNJA prend les devants, les ministres prennent la parole : l'Algérie va s'en sortir. Vu à partir de l'angle de Bâaziz, l'Algérie peut être chantée puisqu'elle ne peut pas être vécue. Les hommes chantent quand le Titanic coule, quand il fait bon, quand ils se marient, quand ils se battent et quand ils n'ont rien à faire que marcher seuls sur leur lune. C'est pour cela qu'il faut continuer à chanter : de l'Indépendance il ne nous reste plus que l'hymne qui est une chanson.
    @Quotidien d'Oran
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…

  • #2
    Il faut de tout pour faire un monde et dans un monde ou beaucoup ne font pas grand chose il suffit de quelqu'un (des entrepreneurs, des scientifiques, des leadres ...) qui font des choses pour faire la difference.

    Un beau article qui dit decrit l'Algerie dans ses contradictions, et comme on dit un algerien ne s'entend pas avec lui meme.

    Commentaire

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