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Deces de Germaine Tillion, savante et militante à la fois

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  • Deces de Germaine Tillion, savante et militante à la fois

    Conjonction exceptionnelle de talents personnels, de hasards de l'histoire et d'expériences extrêmes, la longue vie de Germaine Tillion déborde largement les livres, films et nombreuses émissions qui lui ont été consacrés. Les deux ouvrages aujourd'hui publiés aux éditions du Seuil, grâce à Tzvetan Todorov, président de l'Association Germaine-Tillion, réussissent pourtant à ramasser et éclairer, de manière inédite, l'oeuvre polymorphe de cette aventurière atypique. Cadeau, en guise d'hommage, pour celle qui a fêté, le 30 mai, son centième anniversaire.


    "Savante et militante à la fois", comme le dit Todorov, cette intellectuelle réussit à écrire, tour à tour, en 1939, une étude sur "La morphologie d'une république berbère : les Ah-Abderrahman transhumants de l'Aurès méridional." Puis, rescapée des camps nazis, elle en rapporte un ouvrage de recherche, son fameux Ravensbrück (édité en 1946, réédité en 1973 et en 1988), mais aussi une opérette, Le Verfügbar aux enfers, récemment montée au Théâtre du Châtelet.

    Elle se tourne ensuite de nouveau vers l'Algérie, celle des années 1950, des fellaghas et des bérets rouges, celle de cette guerre "si affreusement intime". Sans lâcher la plume, elle y joue le rôle d'intermédiaire entre le régime gaulliste et les combattants FLN, sauvant des vies quand elle le peut, dénonçant les "singes sanglants" de l'OAS, la torture et le terrorisme - quoi qu'en disent le général Massu ou les belles âmes qui "préfèrent regarder de la rive...".

    Dans la lignée d'Ella Maillart et d'Alexandra David-Neel, l'ethnologue-exploratrice, élève de Marcel Mauss et de Louis Massignon, amie fidèle de Geneviève Anthonioz-de Gaulle (décédée en 2002), a arpenté le XXe siècle avec un extraordinaire appétit de comprendre. Et donc, l'un n'allant pas sans l'autre, d'écrire.

    Combats de guerre et de paix réunit trois ouvrages de Germaine Tillion : un premier ensemble regroupe, sous le titre d'"A la recherche du vrai et du juste", textes et interviews écrits entre 1941 et 2000 ; la deuxième partie de l'ouvrage, "L'Afrique bascule vers l'avenir", reprend les grands textes de Tillion sur l'Algérie des années 1950, qui décrivent en particulier la misère de la population colonisée, à propos de laquelle elle invente le terme de "clochardisation" ; la troisième partie, "Les ennemis complémentaires", est une analyse de la guerre de libération algérienne et de ses protagonistes. C'est que Germaine Tillion, comme le souligne Jean Daniel, dans son introduction à ce grand texte politique, "ne se réfère jamais à la "pensée correcte" de l'anticolonialisme. Elle est, dans l'univers du témoignage intellectuel, aussi solitaire qu'elle l'a été dans la recherche des institutions aurésiennes".

    Militant "non pour des partis, mais pour des causes", cette moderne moraliste avait fait, avant l'heure, une arme politique de la notion de respect des droits de l'homme. "Les causes sacrées ne sont pas éternelles. Ce qui est éternel (ou presque), c'est la pauvre chair souffrante de l'humanité", écrit-elle à une de ses anciennes camarades de camp, devenue, après-guerre, députée communiste en Tchécoslovaquie. C'est pour cet humanisme, bien sûr, que Germaine Tillion a souvent été détestée.

    Par l'avocat Jacques Vergès, par exemple. "Il haïssait en Germaine Tillion celle qui tentait un dialogue là où ne devait parler que la haine", relève l'historien Pierre Vidal-Naquet, dans Le Siècle de Germaine Tillion, deuxième ouvrage publié sous la direction de Tzvetan Todorov, qui rassemble hommages et analyses d'auteurs français et étrangers. L'historien américain Donald Reid, en écho à Vidal-Naquet, souligne, de son côté, l'attachement de Tillion à une certaine idée de la France, qu'elle s'est toujours refusée à considérer comme condamnée à reproduire à l'infini les errements et les crimes d'hier. Aux yeux de Tillion, "le syndrome de Vichy est une obsession du passé, destructrice de la communauté française à laquelle elle tient", remarque l'universitaire américain.

    La liste des signataires de ce deuxième volume est, à l'image de la vie même de Germaine Tillion, extraordinairement diverse : on y trouve les souvenirs de Geneviève Anthonioz-de Gaulle et d'Anise Postel-Vinay, camarades de déportation, mais aussi ceux d'une ancienne étudiante algérienne, rescapée de la guerre, que l'auteur du Harem et les cousins hébergea durant deux années dans son appartement de Saint-Mandé, un mot d'Albert Camus, un hommage de Jean Daniel, et une analyse d'Olivier Mongin. Le Siècle de Germaine Tillion contient également une notice biographique, établie par Nelly Forget et Nancy Wood, à la fois chaleureuse et précise. Une belle introduction à l'oeuvre d'une grande dame du XXe siècle.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    germaine thibieu

    germaine tillion est décédée, celle qui s'est soulevée contre l'ignominie des soldats français en algérie en 1954... celle qui a osé dire non! à la république française que tout homme qui ressemblait à un algérien était systématiquement fouillé... elle avait ouvert un centre pour les berbères qui mourraient de faim...
    oubliée cette époque, c'est oublié ce que nos pères ont subi, mais la tête haute, l'algérien n'a jamais baissé la tête!

    paix en ton âme germaine pour ce que tu as fait pour le peuple algérien
    Dernière modification par takbaylit, 20 avril 2008, 07h13.
    je suis amoureuse...

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    • #3
      Merci Solas pour cet extrait.
      En effet c’est une grande dame qui avait une vision sur l’Homme qui honore les français et toute l’humanité.

      « Militant "non pour des partis, mais pour des causes", cette moderne moraliste avait fait, avant l'heure, une arme politique de la notion de respect des droits de l'homme. "Les causes sacrées ne sont pas éternelles. Ce qui est éternel (ou presque), c'est la pauvre chair souffrante de l'humanité", écrit-elle à une de ses anciennes camarades de camp, devenue, après-guerre, députée communiste en Tchécoslovaquie. C'est pour cet humanisme, bien sûr, que Germaine Tillion a souvent été détestée ».

      Hélas, dire certaines vérités dérangent ceux qui dorment mal, les pervers et les falsificateurs.
      «Résister, c’est d’abord ne pas s’arrêter à la persécution, ni à la calomnie, ni à l’injure… C’est rester semblable à ce qu’on est jusque dans la défaite. »

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      • #4
        Paix à son âme...
        Allah yar'hamha.
        Admirable et grande dame.

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        • #5
          Ton émotion est telle que tu t'es trompée! C'est Germaine Tillion.
          Allah errahma.

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          • #6
            L'année 2008 est une hécatombe , Qui pour les remplacer, qui?

            Que Dieu ait son âme.

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            • #7
              j'ai corrigé mon erreur, merci andaloussia
              je suis amoureuse...

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