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La Kabylie a marché dans la diversité

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    Le calme et le respect ont, cette année, pris le dessus sur tout, et le printemps n’est évidemment que plus beau et le 28e anniversaire de Tafsut Imazighen, qui constitue le repère le plus important dans les luttes démocratiques en Algérie, a été célébré dans la dignité en Kabylie. Il était 9h à peine, dans la matinée d’hier, lorsque les manifestants commençaient à affluer vers le lieu du rendez-vous, plutôt des trois rendez-vous donnés par les trois organisateurs à savoir le RCD, le MAK et la CLE, devant le carrefour portant le même nom que la date célébrée à savoir le 20-Avril-80. Dans le calme, chacun, selon sa tendance, rejoignait un carré déjà formé par des organisateurs brandissant des banderoles indiquant facilement leur appartenance à telle ou telle autre tendance. 10h, la marche s’ébranle — sous le regard de centaines de policiers en civil dégageant à chaque fois les rues à emprunter —, et à sa tête le carré formé de quelques centaines de militants et militantes du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, MAK, dirigé par Ferhat M’henni qui, lui, a préféré participer à la marche organisée dans la capitale des Hammadites.

    Derrière le carré formé par le MAK, à un intervalle d’une vingtaine de mètres, suivaient les militants du RDC, brandissant des banderoles aux couleurs bleue et jaune du parti et sur lesquelles sont inscrits plusieurs slogans dont “Pour tamazight, langue nationale et officielle”, “Pour le respect des droits de l’Homme”, “Pour le respect du pluralisme politique et syndical”, “Pour un État démocratique et social” et “Solidarité avec les Berbères du Maroc”. Tout au long de l’itinéraire choisi, les militants du RCD, estimés à 10 000 par le président d’APW, Mohand Ikherbane, et à 2 à 3 000 par d’autres observateurs, ne cessaient de scander des slogans hostiles au pouvoir et surtout à Bouteflika et ses chefs du gouvernement successifs, Ouyahia et Belkhadem, tout en dénonçant aussi “la répression et les manœuvres d’un pouvoir hégémonique, violent et corrompu”, comme est-il écrit dans la déclaration du RCD. Comme à son habitude, le président du RCD, Saïd Sadi, accompagné des membres de la direction nationale du parti et de tous les élus de son parti, n’a pas manqué ce rendez-vous de la célébration du Printemps berbère 1980, dont il était l’un des principaux acteurs. À un autre intervalle, d’une même distance que celle qui sépare le RCD du MAK, suivaient encore les étudiants de l’université de Hasnaoua qui ont préféré battre le pavé loin de toute chapelle politique.

    Ces derniers, dont le nombre est estimé à au moins 4 000, ont scandé, outre les revendications identitaires communes à toutes les tendances, d’autres revendications propres à la communauté universitaire. C’est pour eux l’occasion de revendiquer l’arrêt des poursuites judiciaires contre les 26 étudiants traduits devant la justice pour avoir, disent leurs camarades, manifesté pour l’amélioration des conditions de vie dans les cités universitaires. Après avoir traversé la rue Lamali-Ahmed, longeant l’hôpital Nédir-Mohamed, et arrivant au niveau du premier rond-point du centre-ville, baptisé place des Martyrs, les militants du MAK empruntent l’avenue Abane-Ramdane du centre-ville pour se diriger vers l’ancienne mairie de Tizi Ouzou où la foule se dispersera dans le calme.

    Cependant, les militants du RCD choisissent d’emprunter la rue Rabia-Ali, longeant la Maison de la culture de la ville, avant de bifurquer pour faire un détour par le tribunal de Tizi Ouzou où une halte a été marquée en signe de solidarité avec les 26 étudiants et où d’ailleurs des slogans tels que “libérer la justice”, “la justice injuste” ont été scandés à tue-tête par les militants du RCD qui se dirigeront ensuite vers la cité administrative via la rue Houari-Boumediene, à l’issue de laquelle les marcheurs se sont dispersés aussi dans le calme. Les étudiants, qui ont préparé une plate-forme de revendications, dont l’arrêt des poursuites lancées contre leurs 26 camarades, ont tenu à rencontrer le premier magistrat de la wilaya à l’issue de leur marche. Ainsi, une délégation de 8 étudiants a été formée et reçue par le wali, Hocine Mazouz, avant que la foule ne se disperse encore dans le calme le plus total. C’est dire que le caractère pacifique du combat mené en Kabylie depuis des années n’a jamais été aussi respecté qu’hier.

    source : Liberté
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