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Brésil: Impact des telenovelas sur la natalité

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  • Brésil: Impact des telenovelas sur la natalité

    L'étrange lucarne est souvent accusée d'inciter à la violence ou d'abrutir notre belle jeunesse. Au Brésil, la télévision fait encore plus fort : elle supprime la jeunesse ! Une très sérieuse étude (1) réalisée par trois chercheurs montre l'influence redoutable des telenovelas sur la natalité.

    Ces séries brésiliennes à très grande audience dégoulinent de bons sentiments et de gens fortunés, mais sont rarement peuplées d'enfants. Près des trois quarts des personnages féminins n'ont aucun enfant et près d'un quart en ont seulement un, selon un recensement établi sur plus d'une centaine de novelas diffusées depuis quarante ans. Autant dire que les familles susceptibles d'avoir la carte famille nombreuse y relèvent de l'aberration.

    Dans la vraie vie, les Brésiliens aimeraient bien vivre comme dans les novelas. Ils commencent donc par le plus facile : ils font moins d'enfants. Les chercheurs ont suivi de près l'extension des zones de diffusion de Globo, la grande chaîne privée championne incontestée du genre. Leur conclusion est claire : quand la chaîne arrive, les naissances chutent. « Les zones atteintes par le signal de Globo ont une fertilité significativement inférieure », d'environ 6 %. La télé pourrait certes provoquer d'autres effets néfastes susceptibles d'entraîner une telle chute. Elle pourrait par exemple tellement fasciner les couples brésiliens qu'ils en oublieraient leurs devoirs conjugaux. Mais les économistes avancent deux indices. D'abord, les novelas exercent bel et bien une influence sur les décisions familiales : les parents qui vivent dans les régions touchées par Globo donnent beaucoup plus souvent à leurs enfants les prénoms des personnages clefs des séries. Ensuite, la grande rivale de Globo, SBT, n'exerce aucun effet sur la fertilité, alors qu'elle ne diffuse que des séries fabriquées au Mexique ou aux Etats-Unis, avec des personnages auxquels ils s'identifient moins.

    Faut-il désespérer de cet impact de la programmation télévisuelle sur la programmation des bébés ? Les auteurs de l'étude veulent voir le bon côté des choses : « Notre travail suggère que les programmes ciblés sur la culture de la population locale peuvent atteindre un nombre impressionnant de personnes pour un coût très faible, et pourraient ainsi être employés pour faire passer des messages essentiels », par exemple sur l'éducation des enfants. S'il en reste !


    (1) « Soap operas and fertility : evidence from Brazil », par Eliana La Ferrara, Alberto Chong, et Suzanne Duryea, Discussion paper n° 6785, CEPR, avril 2008.

    Par Les Echos
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