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La grande peur du «Peak Oil» revient hanter le marché du brut

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  • La grande peur du «Peak Oil» revient hanter le marché du brut

    ENERGIE. Le baril a touché les 117,60 dollars lundi. En dépit des assurances de l'OPEP, les marchés craignent de plus en plus un déficit des approvisionnements pétroliers dans les mois à venir.


    Pierre-Alexandre Sallier
    Mardi 22 avril 2008



    Toutes les digues à même d'enrayer l'appréciation du prix du pétrole semblent submergées. Chaque jour, le cours d'un baril de light sweet crude - le prix de référence - bat de nouveaux sommets sur le marché new-yorkais. Record de clôture de 116,69 dollars, vendredi soir. Record en cours de journée, lundi après-midi, à 117,60 dollars. «Les 120 dollars ne sont plus qu'une étape dans cette inexorable marche en avant, et la zone des 125 dollars apparaît comme le prochain objectif», annonce déjà John Kilduff, responsable des risques énergétiques chez MAN Financial à New York.

    Cette effervescence sur les marchés des hydrocarbures a noyé les appels à la raison du gotha de l'or noir, réunis hier à Rome pour le Forum international de l'énergie. Président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole - une entente contrôlant 40% des approvisionnements mondiaux -, Chekib Khelil a répété que, même si l'OPEP produisait plus, «elle ne trouverait personne pour acheter ces barils supplémentaires». Peu avant le sommet, le ministre du Pétrole saoudien, Ali al-Naimi, avait indiqué, de son côté, que les capacités de production du Royaume demeuraient «substantielles» et que «les dernières prévisions indiquent que [le monde] n'aura pas davantage besoin [de pétrole saoudien] jusqu'en 2020». Peu importe. Le «Peak Oil», théorie selon laquelle la production de pétrole a atteint un pic, semble s'immiscer dans tous les esprits sur les marchés décidant des prix mondiaux du brut.

    L'obsession du «pic pétrolier»

    La volonté des dirigeants saoudiens de ne pas envisager de nouveaux plans d'accroissement de leur production? Peak Oil! L'essoufflement de la production en Russie? Peak Oil!
    Une conclusion en partie nourrie par les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie, la voix des pays industrialisés en matière d'énergie. Selon l'AIE, les besoins des pays émergents dépasseront cette année pour la première fois ceux des Etats-Unis. Le directeur général de l'Agence, Nobuo Tanaka, a en outre martelé, lui aussi à Rome, que les besoins en énergie de la planète allaient doubler d'ici à 2030. Cela alors que les capacités excédentaires de production - ce matelas à même d'absorber tout sursaut de la demande - «ont chuté sous les 3 à 4 millions de barils par jour - le niveau de la précédente décennie». Ces capacités excédentaires «ne se sont pas améliorées en un an», soutient Harry Tchilinguirian, spécialiste de BNP Paribas (BNP.PA) à Londres. L'OPEP ne disposant plus guère de marge de manœuvre - à en croire l'AIE -, la seule variable d'ajustement proviendrait des pays ne faisant pas partie du cartel. Or «l'augmentation de la production de [ces derniers] ne suffira pas à satisfaire les besoins supplémentaires de la planète sur le premier semestre», prévient Harry Tchilinguirian. Avec un matelas aussi fin, «le marché est sensible à la moindre déception touchant à la production». Et les cours mondiaux de réagir de façon épidermique à une attaque contre des oléoducs au Nigeria, comme hier.

    C.Q.F.D.? Pas sûr. Car certains s'interrogent sur ce retour opportun du Peak Oil sur les marchés.

    En s'appuyant sur les mêmes données que l'AIE, Olivier Jakob, responsable de Petromatrix à Zoug, observe ainsi que «sur l'ensemble de 2008 [ndlr: et non plus seulement le premier semestre], l'accroissement de la production des pays n'appartenant pas à l'OPEP - qui n'a jamais été aussi forte depuis quatre ans - dépassera les besoins supplémentaires en brut de la planète, du jamais vu depuis six ans». Une différence qui proviendrait du fait que le message des prévisions de l'AIE - qui ne concernent pas l'OPEP - apparaît brouillé par l'entrée de pays comme l'Angola ou l'Equateur au sein du cartel, qui semble ainsi «disparaître des prévisions».

    Reste que si cette absence immédiate de pénurie s'avérait exacte, une grande partie de l'explication de la hausse des cours serait reportée sur l'influence des fonds d'investissement, qui affluent sur les marchés des hydrocarbures.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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