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"La crise des subprimes n’est que la partie visible de l’iceberg".

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  • "La crise des subprimes n’est que la partie visible de l’iceberg".

    INTERVIEW:
    Par Marc Fiorentino, président d’Euroland Finance.

    On pensait la crise des subprimes derrière nous. Or les marchés financiers continuent à chuter. Pourquoi ?
    - Normal. Ce qui s’est passé cet été est extrêmement grave. La crise des subprimes n’est que la partie visible de l’iceberg. Focaliser sur les subprimes permet d’occulter la partie immergée de l’iceberg, celle que personne ne voit, et qui malheureusement est beaucoup plus importante et qui va être à l’origine du prochain Titanic financier.

    C’est à dire ?

    - Ma conviction est que la crise actuelle est la conséquence d’éléments qui se sont mis en place depuis la crise Internet, il y a 6-7 ans.
    Il faut d’abord remonter au mois de mars 2000, avec l’explosion et le début de la chute du Nasdaq. Les Américains qui avaient beaucoup investi en bourse, commencent à s’appauvrir. C’est le premier assaut sur la croissance américaine
    Le deuxième assaut sur une croissance américaine déjà fragilisée survient un an plus tard, le 11 septembre 2001. Pour ne surtout pas donner cette victoire au terrorisme qui souhaitait faire plonger le système financier et l’économie américaine, et éviter la récession, les autorités monétaires américaines ont décidé d’investir massivement des liquidités. Leur objectif : créer une nouvelle bulle qui va permettre aux américains de s’enrichir artificiellement. La Fed a inondé les marchés d’argent à court terme quasiment gratuit, ce qui a favorisé la création d’une bulle de l’immobilier.

    Pourtant, à ce moment, le marché américain de l’immobilier est plutôt sain ?

    - Oui, parce que nous sommes en début de cycle. Les banques prêtent de l’argent aux ménages solvables qui achètent de l’immobilier à des prix raisonnables. Puis on amorce une deuxième vague. L’argent est toujours prêté à des gens solvables mais les prix de l’immobilier ont déjà beaucoup monté, ce qui permet de continuer à alimenter la croissance économique. Les escrocs entrent sur le marché lors de la troisième vague. Ils vendent de l’immobilier à des prix délirants à des ménages insolvables. Voilà l’origine des subprimes.
    Mais au-delà des subprimes, il y a d’autres raisons à la crise. D’abord, la collusion croissante entre les différents acteurs de la vie financière qui ont intérêt à entretenir cette bulle qui enrichit tous les intervenants de la chaîne, du courtier en prêts insolvables qui, lorsqu’il vend son prêt sait déjà qu’il va provoquer la faillite d’une famille, jusqu’au gestionnaire qui rajoute de la dynamite dans des fonds monétaires dynamiques. Leur objectif, quelque soit le prix à payer, est de retrouver en 2007 les niveaux de bonus atteints en 2006.
    Or dès début 2007, tout le monde sait que les conditions économiques ne sont plus là pour alimenter une nouvelle année de hausse sur les marchés financiers. Tout le monde connaît l’existence d’une bulle immobilière. Alan Greenspan, l’ancien patron de la Fed a prévenu plusieurs fois l’imminence d’une crise sur l’immobilier ; dès le mois mars le géant HSBC de mars a provisionné - une première- ses encours sur l’immobilier. Donc personne ne peut se réveiller aujourd’hui en disant qu’il n’a rien vu venir.
    Aujourd’hui, le discours officiel est de réduire la crise de cet été au problème très limité d’emprunteurs insolvables, qui coûtera tout au plus 150 milliards de dollars, et d’expliquer qu’il n’y a pas de problème économique majeur.

    Ce qui n’est pas le cas ?

    - En effet. Nous sommes, sur plusieurs points, dans une situation bien plus dangereuse que celle qu’on veut bien nous décrire. D’abord, nous sommes revenus dans la période post krach des années 87, dans un monde financier devenu tout puissant, autiste, et complètement focalisé sur des rémunérations devenues totalement démentielles. Ajoutez le fait que les victimes sont consentantes, puisqu’elles vont vers le gouffre, alors même qu’elles ont été prévenues. Cette crise est autant celle de l’immobilier que celle de l’avidité. Réduire sa lecture aux subprimes, c’est repartir vers une nouvelle crise puisque les mêmes causes produiront les mêmes effets.
    Ensuite, l’autre réalité que personne ne veut voir, c’est que l’économie américaine est aujourd’hui en crise, et que la croissance mondiale dépend encore beaucoup de la croissance américaine. Surtout, il y a la Chine. Parce qu’elle vit de la croissance américaine, parce que sa croissance dépend beaucoup de ses exportations vers les Etats unis, la Chine ne peut pas aujourd’hui supporter un ralentissement américain.

    On dit pourtant que l’économie chinoise est le principal moteur de la croissance mondiale…

    - On en est loin. Si les Etats-Unis entrent en récession, le vrai visage de la croissance chinoise apparaîtra : celui d’une croissance de bulle, virtuelle. Les taux de la croissance chinoise ne sont pas 12% comme on le dit partout, mais de 5%,4%, voire 3%. Le problème, c’est qu’on continue à faire croire aux gens que la Chine est un Eldorado, on les fait investir dans des usines qui tournent à vide et on construit de plus en plus d’usines pour attirer de l’argent et continuer à prendre des commissions. Un peu comme ce qui s’était passé au milieu des années 80 en Amérique latine. En réalité, les usines chinoises tournent aujourd’hui à moins de 70% de leurs capacités. Pour que les gens ne voient pas la réalité, on raconte que la Chine tiendra au moins jusqu’aux Jeux Olympiques de 2008, qu’elle ne peut pas laisser son économie s’effondrer avant cet événement. La Chine est pour moi la plus grosse mascarade de ces quatre dernières années. Le plus grand danger est l’explosion de la bulle chinoise. On s’en approche puisque la première digue, celle de l’immobilier qui tenait l’économie américaine à bout de bras vient de tomber.

    La Chine est donc un leurre ?

    - Non. Elle deviendra une grande puissance d’ici dix-quinze ans. Mais entre temps il y aura au moins cinq ans de trou noir. Comme cela s’est déjà passé pour Internet. Aujourd’hui, Internet est devenu une formidable machine. Mais entre temps, 80% des entreprises qui se sont lancé sur ce secteur ont fait faillite.

    Le krach chinois sera donc à l’origine du prochain Titanic financier?

    - Non. En Asie certains pays comme le Japon qui sont structurellement solides résisteront. Tout comme l’Europe. Je pense qu’aujourd’hui l’Europe, a les avantages de ses inconvénients. On lui a longtemps reproché ses 2% de croissance quand la croissance mondiale était de 5%. Mais si la croissance mondiale chute, l’Europe continuera à faire ses 2%. Ce sont les 2% de 450 millions d’habitants à très fort taux d’épargne, et avec globalement un endettement très limité grâce à Maastricht. A mon avis, il ne faut pas aller chercher ailleurs ce qu’on a sous la main. Dans les deux à trois ans à venir, les opportunités ne sont pas à chercher en Chine, en Asie, aux Etats-Unis, où dans les produits exotiques. Mais en Europe. Le vrai continent émergent c’est l’Europe, tout comme le vrai pays émergeant est la France. Je suis très positif parce que je sens chez nous une vraie libération des énergies et qu’il y a beaucoup à faire, même si nous sommes déjà bons dans le secteur des services et d’Internet.

    Propos recueillis par Sylvie Hattemer-Lefevre, grand reporter à Challenges.
    Sources : challenges.fr.
    La pire chose pour l'Homme, serait qu'il meurt idiot.
    De grâce épargnez-moi la prolixe, la syntaxe et la chiffrerie à tout va
    .
    Merci.
    " TOUCHE PAS A MA NAPPE ALBIENNE "
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