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Le 24 avril 2008 marque le 93e anniversaire du génocide arménien. Malgré les années, la Turquie refuse toujours de reconnaître sa responsabilité dans ce crime, comme le rappelle un député libanais d'origine arménienne dans les colonnes du quotidien francophone de Beyrouth, L'Orient-Le Jour.
"Le négationniste ne peut être un bon orateur, on ne peut pratiquer l'art de la discussion avec lui, car il ment et il le sait bien. Quelles que soient les évidences, il les réfute parce qu'il ne veut pas entendre la vérité mais imposer sa propre fausse version." Par ces simples mots, nous pouvons esquisser une image bien claire de la politique adoptée par l'Etat turc, une politique de négation et de déni absolu du génocide arménien. Le 24 avril 2008 est pour tous les Arméniens un jour de deuil national, et ils commémorent le 93e anniversaire du crime de génocide perpétré à leur encontre par les Turcs en 1915.
Nous assistons chaque année à cette date à des manifestations massives organisées par les communautés arméniennes dispersées partout dans le monde. Ces échos nous incitent à réviser l'histoire funeste et à réorienter nos actions futures en dépassant les limites d'une contemplation simple et stérile. A l'approche de cette date, la Turquie se mobilise et blâme ses alliés des pays européens tout en multipliant ses communiqués négationnistes, et elle accuse la partie arménienne de déformer l'Histoire en avançant des accusations sans fondement. D'autre part, les autorités d'Ankara mettent leurs archives à la disposition des historiens turcs et étrangers, et proposent à l'Etat arménien la création d'un comité commun pour l'étude des faits historiques. Cette mémoire du génocide sensibilise encore une fois la conscience internationale et rappelle l'ampleur de l'injustice historique assignée au peuple arménien au début du XXe siècle.
Grâce à sa culture humanitaire, son âme militante et sa volonté de perpétuer la mémoire arménienne, le peuple arménien réussit à transformer la tragédie en résistance de survie. Et, sans tomber dans le piège du racisme et du chauvinisme, évitant l'isolement et la claustration, il a sensibilisé les instances internationales en vue de mener un combat à dimension universelle pour la reconnaissance du génocide. D'un autre côté, la négation du génocide chez les Turcs est à son paroxysme. Les ministères de la Culture et du Tourisme turcs ont créé un site Internet intitulé : "Allégations arméniennes et vérité". La Turquie emprunte maints faits et données de cette République idéale (laïcité, démocratie, modernité), s'abstenant de toute rationalité démocratique par rapport aux dossiers suivants : négation du génocide arménien, négation de la question kurde, refus de reconnaître Chypre.
"Un million et demi d'Arméniens ont été tués, et personne n'ose l'admettre sauf moi." Ces propos de l'écrivain turc Orhan Pamuk ont été publiés dans un journal suisse, il y a trois ans. "Et si vous essayez d'ensevelir la mémoire, il y en aura toujours une partie qui s'échappera à la surface : je suis cette partie-là", avait-il ajouté. Les autorités d'Ankara seraient mieux avisées de réfléchir sur la contribution qu'elles-mêmes, dans le sillage de "nouveaux historiens" turcs qui commencent à briser les tabous, pourraient apporter à la reconnaissance d'une responsabilité dans les horreurs de 1915. Ce travail de mémoire est douloureux aux yeux des Turcs. Il est d'autant plus délicat qu'il touche aux fondements même de la République kémaliste.
Le génocide a été commis.
Les martyrs sont des Arméniens.
Leur nombre est un million et demi.
La grande partie des terres arméniennes est confisquée par la Turquie.
La reconnaissance avec dommages et intérêts est indispensable.
Il est urgent de ne pas l'oublier.
Par Agop Kassardjian L'Orient-Le Jour, Courrier International
"Le négationniste ne peut être un bon orateur, on ne peut pratiquer l'art de la discussion avec lui, car il ment et il le sait bien. Quelles que soient les évidences, il les réfute parce qu'il ne veut pas entendre la vérité mais imposer sa propre fausse version." Par ces simples mots, nous pouvons esquisser une image bien claire de la politique adoptée par l'Etat turc, une politique de négation et de déni absolu du génocide arménien. Le 24 avril 2008 est pour tous les Arméniens un jour de deuil national, et ils commémorent le 93e anniversaire du crime de génocide perpétré à leur encontre par les Turcs en 1915.
Nous assistons chaque année à cette date à des manifestations massives organisées par les communautés arméniennes dispersées partout dans le monde. Ces échos nous incitent à réviser l'histoire funeste et à réorienter nos actions futures en dépassant les limites d'une contemplation simple et stérile. A l'approche de cette date, la Turquie se mobilise et blâme ses alliés des pays européens tout en multipliant ses communiqués négationnistes, et elle accuse la partie arménienne de déformer l'Histoire en avançant des accusations sans fondement. D'autre part, les autorités d'Ankara mettent leurs archives à la disposition des historiens turcs et étrangers, et proposent à l'Etat arménien la création d'un comité commun pour l'étude des faits historiques. Cette mémoire du génocide sensibilise encore une fois la conscience internationale et rappelle l'ampleur de l'injustice historique assignée au peuple arménien au début du XXe siècle.
Grâce à sa culture humanitaire, son âme militante et sa volonté de perpétuer la mémoire arménienne, le peuple arménien réussit à transformer la tragédie en résistance de survie. Et, sans tomber dans le piège du racisme et du chauvinisme, évitant l'isolement et la claustration, il a sensibilisé les instances internationales en vue de mener un combat à dimension universelle pour la reconnaissance du génocide. D'un autre côté, la négation du génocide chez les Turcs est à son paroxysme. Les ministères de la Culture et du Tourisme turcs ont créé un site Internet intitulé : "Allégations arméniennes et vérité". La Turquie emprunte maints faits et données de cette République idéale (laïcité, démocratie, modernité), s'abstenant de toute rationalité démocratique par rapport aux dossiers suivants : négation du génocide arménien, négation de la question kurde, refus de reconnaître Chypre.
"Un million et demi d'Arméniens ont été tués, et personne n'ose l'admettre sauf moi." Ces propos de l'écrivain turc Orhan Pamuk ont été publiés dans un journal suisse, il y a trois ans. "Et si vous essayez d'ensevelir la mémoire, il y en aura toujours une partie qui s'échappera à la surface : je suis cette partie-là", avait-il ajouté. Les autorités d'Ankara seraient mieux avisées de réfléchir sur la contribution qu'elles-mêmes, dans le sillage de "nouveaux historiens" turcs qui commencent à briser les tabous, pourraient apporter à la reconnaissance d'une responsabilité dans les horreurs de 1915. Ce travail de mémoire est douloureux aux yeux des Turcs. Il est d'autant plus délicat qu'il touche aux fondements même de la République kémaliste.
Le génocide a été commis.
Les martyrs sont des Arméniens.
Leur nombre est un million et demi.
La grande partie des terres arméniennes est confisquée par la Turquie.
La reconnaissance avec dommages et intérêts est indispensable.
Il est urgent de ne pas l'oublier.
Par Agop Kassardjian L'Orient-Le Jour, Courrier International
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