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Des chiffres concernant l'Education en Algérie

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  • Des chiffres concernant l'Education en Algérie

    Youth (15-24 years) literacy rate, 2000-2006*, Hommes
    94
    Youth (15-24 years) literacy rate, 2000-2006*, Femmes
    86
    Nombres pour 100 personnes 2005, Téléphones
    49
    Nombres pour 100 personnes 2005, Utilisation d'Internet
    6
    Taux de scolarisation dans le primaire 2000-2006*, brut, Hommes
    116
    Taux de scolarisation dans le primaire 2000-2006*, brut, Femmes
    107
    Taux de scolarisation dans le primaire 2000-2006*, net, Hommes
    98
    Taux de scolarisation dans le primaire 2000-2006*, net, Femmes
    95
    Taux net de fréquentation dans le primaire (2000-2006*), net, Hommes
    97
    Taux net de fréquentation dans le primaire (2000-2006*), net, Femmes
    96
    % d'enfants entrés en première année atteignant la cinquième 2000-2006*, Données admin.
    96
    % d'enfants entrés en première année atteignant la cinquième 2000-2006*, Données de l'enquête
    95
    Taux de scolarisation dans le secondaire 2000-2006*, brut, Hommes
    80
    Taux de scolarisation dans le secondaire 2000-2006*, brut, Femmes
    86
    Taux de scolarisation dans le secondaire 2000-2006*, net, Hommes
    65
    Taux de scolarisation dans le secondaire 2000-2006*, net, Femmes
    68
    Taux de fréquentation dans le secondaire (2000-2006*), net, Hommes
    57
    Taux de fréquentation dans le secondaire (2000-2006*), net, Femmes
    65

    Source: Unicef

  • #2
    Le préjugé facile selon lequel la lecture n’intéresse personne en Algérie : c’est du passé. Oui, les livres coûtent chers, et pourtant depuis cinq ans les demandes ne cessent de grimper. M. Badach, gérant de la librairie Ibn Khaldoun, à Alger, affirme qu’en deux ans ses ventes ont augmenté de 85%. Certes, les prix restent élevés, mais les lecteurs ne se découragent pas pour autant.
    mercredi 8 septembre 2004.
    Amine Zaoui, directeur de la Bibliothèque nationale, explique qu’en 2 ans le nombre d’adhérents est passé de 15 000 à 70 000. En 2003, la Bibliothèque a prêté 500 livres par jours en moyenne, d’octobre à juin. Les Algériens ont une insatiable envie de lecture et leurs attentes sont grandes. M. Zaoui parle de « gourmandise ... » Le succès revient aux livres d’importation. Les libraires s’approvisionnent en France notamment. La librairie du Tiers-Monde, à Alger, vend environ 90% de livres en français. Ceux en arabe, en particulier les manuels scolaires et universitaires, sont en grande partie importés du Liban et d’Egypte. Depuis 1999, les livres religieux trouvent de moins en moins de preneurs : les romans, l’art culinaire ou les livres pour enfants attirent un public de plus en plus large. Les librairies profitent de cette soudaine soif de lecture. Car l’année 1990 n’a pas été faste. En 1998, la demande des Algériens, trop longtemps ignorée, éclate au grand jour. Mais l’offre a des difficultés à la suivre. Les dernières nouveautés littéraires, dont les lecteurs sont friands, peinent à arriver dans les rayons.
    Ali Bey, le gérant de la librairie du Tiers-Monde estime qu’il a subi une baisse des ventes depuis le début de l’année 2004. Selon lui, les importateurs, qui jouent les intermédiaires entre les maisons d’édition étrangères et les librairies algériennes, limitent sa capacité à proposer les nouveautés étrangères. Il ne peut commander les livres qu’il souhaite, car les quantités sont insuffisantes pour être rentables, affirment les importateurs. Les librairies devraient se rassembler en « centrale d’achat », suggère-t-on à Tiers-Monde, afin de pouvoir importer les derniers nés de la production littéraire étrangère. Et éviter de se voir refuser ce droit sous prétexte qu’un container est à moitié vide. Les livres sont chers par rapport au pouvoir d’achat des Algériens, le faible poids du dinar face à l’euro n’arrange rien. Afin de baisser les prix, les taxes à l’importation ont été revues à la baisse en 2003 et 2004. Néanmoins, les décrets d’application n’ont pas suivi la loi de finance. Saïd Boudour, gérant de librairie, déclare qu’il n’y a pas encore eu d’effet sur les livres français, qui représentent la majorité de ses ventes.
    Deux solutions pourraient permettre aux Algériens de lire à moindre coût. La coédition est la voie souhaitée par les libraires, que conseille également le directeur de la Bibliothèque nationale. « C’est la solution la plus concrète et la plus facile à court terme », affirme le gérant de la librairie du Tiers-Monde. Mais tout dépend du bon vouloir des maisons d’édition étrangères. Il faudrait en effet qu’elles acceptent de céder leurs droits à des éditeurs algériens. Et pour le moment, le marché semble trop juteux pour qu’elles envisagent un tel sacrifice. La politique de l’Etat semble elle aussi en cause. Les autorités algériennes ont, jusqu’à présent, délaissé le secteur du livre. Et l’éducation des générations futures risque d’en pâtir. Interrogés, les libraires sont unanimes : l’Etat doit intervenir pour soutenir la production algérienne, en exonérant, par exemple, le papier et l’encre. Amine Zaoui est formel : si l’Etat ne change pas sa politique, si il n’aide pas les éditeurs algériens, le pays va passer à côté d’un « moment historique ». Le prêt de livre reste alors la meilleure alternative lorsqu’on ne peut se permettre de dépenser une fortune pour quelques bouquins. Or, le budget alloué à la Bibliothèque nationale est insuffisant. Les augmentations sont « symboliques », affirme Amine Zaoui. La Bibliothèque n’a pas les moyens de répondre aux attentes de ses lecteurs. Les livres sont chers et pourtant l’Algérie n’a jamais été aussi friande de lecture. A quand une gourmandise à petits prix ?
    Par François Cardona, El Watan

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    • #3
      Première Partie.

      Algérie: Pour la socialisation du livre

      La Tribune (Algiers)

      8 Novembre 2007

      Publié sur le web le 8 Novembre 2007
      Sihem Bounabi

      La promotion de la lecture doit impliquer tous les secteurs concernés.

      Une des caractéristiques qui ont marqué cette 12ème édition du Salon international du livre d'Alger (Sila) coïncidant avec les vacances scolaires, est la présence d'un nombre important d'enfants enthousiasmés par les différents ouvrages et le large éventail de choix qui leur est proposé.

      Au niveau des stands des éditions l'Odyssée, Rabah, douze ans, vient d'offrir à sa jeune soeur Melissa, âgée de six ans et sautillant de joie, un livre qu'il a payé avec son propre argent de poche. Il nous explique tout fier : «Je voulais faire plaisir à ma petite soeur et lui faire aimer la lecture, comme me l'ont appris mes parents. Je veux qu'elle aussi devienne une bonne élève pour que nos parents soient fiers de nous. Il nous ont acheté beaucoup de livres pendant ce salon et nous ont promis de nous en acheter d'autres au prochain Salon parce que certains livres, surtout les dictionnaires, sont vraiment chers.»

      Ali, le directeur des éditions l'Odyssée souligne qu'il a remarqué un certain engouement des plus jeunes lors de ce Sila. Il a déclaré : «Pendant le salon, il y a eu un intérêt certain des plus jeunes pour la lecture. Même s'il faut reconnaître que les livres du parascolaire se taillent la part du lion, il y a un engouement palpable pour les livres de contes et la littérature jeunesse. Il faut dire aussi que les parents tiennent à gâter leurs enfants en leur offrant la chance qu'ils n'ont pas eue.»
      Ainsi, il explique que depuis trois ans qu'il participe au Sila, il a remarqué un regain d'intérêt pour la lecture. Dès lors, la manifestation est en train de s'installer comme une tradition et une véritable fête du livre à laquelle participe toute la famille .
      Des bibliothèques pour les plus jeunes
      Au niveau du pavillon central, le stand des éditions La Bibliothèque verte, spécialisée dans l'édition, l'impression et la distribution de livres pour enfants, est assaillie de chérubins et de jeunes adolescents qui découvrent et feuillettent avec fascination les différents livres qui leur sont proposés. Usant de tous les moyens, ces jeunes lecteurs arrivent à négocier avec les parents pour les emmener jusqu'à la caisse. Il faut dire que les ouvrages proposés sont de bonne facture et sont proposés à des prix plus ou moins abordables.
      Idir Azibi, le responsable d'édition, précise à ce propos : «Au niveau de notre maison d'édition, on a essayé de mettre à la portée des plus jeunes des livres de qualité à des prix abordables, même si pour cela on doit négliger notre marge bénéficiaire. Sincèrement, la littérature jeunesse n'est pas très rentable. Mais on se dit que tôt où tard cela fonctionnera. Ce jour-là, on sera au moins présents dans le paysage éditorial. Si on voulait gagner de l'argent rapidement, il suffirait d'ouvrir une pizzeria. Mais à la bibliothèque, nous avons la foi et la passion de la lecture, c'est ce qui nous motive à persévérer dans cette voie.»
      Il nous explique également que la plupart des acheteurs de livres pour enfants n'achètent que le nécessaire et ce qui est utile à la scolarité de leurs enfants, c'est-à-dire tout ce qui est livre parascolaire et dictionnaire. L'achat de certains livres est considéré comme superflu pour beaucoup de parents, à l'instar des livres de contes et de la littérature jeunesse.
      A propos des difficultés rencontrées par l'édition dans la littérature jeunesse, notre interlocuteur explique : «A mon avis, il y a une crise de lecture qui est due à plusieurs facteurs, dont la cherté du livre. Il faut savoir que le livre fabriqué chez nous revient au même prix que le livre importé. Toute la matière première pour la fabrication d'un ouvrage, de la machine au papier et même l'encre, est achetée à l'étranger en devises. A cela, il faut ajouter les différentes taxes qui pèsent sur l'éditeur. Au final, le prix du livre est souvent hors de portée du pouvoir d'achat de la majorité des Algériens.»

      L'éditeur souligne l'importance des pouvoirs publics dans la socialisation de la lecture, en mettant en exergue le fait que «l'enfant, le collégien ou même le lycéen ne sont pas encore dans le circuit de l'argent. Pour les amener à s'intéresser à la lecture, il est important qu'ils aient d'abord un accès gratuit au livre. Ce qui va certainement, plus tard, susciter chez eux l'envie d'acheter des oeuvres qui lui plaisent». Il précise que cet accès au livre peut se faire à deux niveaux.
      D'abord au niveau, des écoles, ensuite, au niveau de la bibliothèque communale. Il déplore à ce propos que malheureusement de nombreuses écoles ne possèdent pas leur propre bibliothèque et que la majorité des bibliothèques communales qui existaient dans le passé aient disparu. Il déclare à ce sujet : «Il faut une véritable intervention du ministère de l'Education et de l'Etat pour la véritable relance de la lecture. Tant que ces bibliothèques ne seront pas opérationnelles, on ne pourra pas promouvoir la lecture chez les plus jeunes et les soustraire au mal du siècle que sont la télévision et les jeux vidéo sur Internet. C'est une véritable bataille pour la victoire de la lecture à laquelle l'Etat doit s'associer afin d'encourager les éditeurs.»

      Commentaire


      • #4
        Seconde et Dernière Partie.

        Investir aujourd'hui pour «construire» le lecteur de demain

        Dans les catalogues des éditions Casbah, la littérature jeunesse a une place de choix avec différentes collections. Au niveau du stand, au milieu des adultes, on remarque des enfants dont l'âge varie de six à douze ans avec de grands livres qui leur sont destinés. Saïd Sebaoun, représentant des éditions Casbah estime au sujet de l'importance de la lecture chez les plus jeunes : «Le lecteur de demain, c'est le jeune d'aujourd'hui, si on ne lui offre pas ce qui peut lui plaire en ce moment, plus tard, cela aura de terribles conséquences sur la lecture publique.»
        «C'est la raison pour laquelle il est important de faire un investissement chez les jeunes et de mettre à leur disposition des livres qui puissent susciter leur intérêt et ainsi créer un véritable engouement et une passion pour la lecture», ajoute-t-il. Le représentant de Casbah éditions justifie ces propos en expliquant qu'il faut partir du fait que le livre est un acte qui s'acquiert et auquel l'enfant doit s'habituer. C'est dans cette optique que les éditions Casbah oeuvrent pour que la lecture devienne un réflexe afin de préparer le lecteur potentiel de demain.
        Saïd Sebaoun estime à cet effet que «le véritable enjeu aujourd'hui, c'est comment amener un jeune de cette nouvelle génération à devenir le lecteur potentiel de demain. C'est une question vitale pour la survie culturelle de notre pays». En conclusion, il dira que «la lecture est importante pour la formation de l'individu socialement et intellectuellement. Par ailleurs, la lecture, surtout celle des auteurs nationaux, amène à une meilleure connaissance de l'Algérie.
        Cela peut inévitablement amener les jeunes à aimer davantage leur pays.» Ainsi, il insiste sur le fait que «la réconciliation de l'Algérien avec son pays, passe par une réelle connaissance de la richesse culturelle de notre grand pays et c'est pour cela que la promotion de la lecture chez les plus jeunes est primordiale».
        Sila, l'arbre qui cache la forêt
        La plupart des éditeurs présents à la 12ème édition du Sila soulignent que, même si on note un certain engouement pour la littérature jeunesse durant la manifestation, cela n'a pas une incidence réelle sur la promotion de la littérature jeunesse le reste de l'année où la priorité est donnée aux ouvrages du parascolaire.
        A ce sujet, Ali Sebaoun déclare : «Le salon, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt. Certes, une véritable dynamique se crée au moment du Sila qui draine un nombre impressionnant de visiteurs, dont beaucoup d'enfants accompagnés de leurs parents. Mais cet enthousiasme retombe dès la clôture du salon. En vérité, beaucoup d'éditeurs sont désillusionnés car cela n'a pas une grande incidence sur le comportement livresque des Algériens. Cette dynamique et cette ambiance ne se perpétuent pas durant le reste de l'année où la lecture tourne au ralenti.»

        Quant à Idir Azibi des éditions la Bibliothèque verte, il estime que le Sila a son utilité, car il est considéré comme un événement culturel de premier ordre. Mais qu'au final, il n'y a pas de réelles retombées sur la vente du livre durant le reste de l'année, le lecteur n'est pas vraiment présent.
        Le directeur des éditions l'Odyssée souligne que «pour nous, les éditeurs, cela nous permet de faire découvrir notre catalogue destiné aux plus jeunes, d'augmenter aussi nos ventes de littérature jeunesse et d'établir des contacts avec d'autres maisons d'édition».
        Il estime toutefois qu'«Alger, ce n'est pas l'Algérie et cet engouement touche surtout les habitants de la capitale et un peu ceux des wilayas limitrophes. Pour cela, il faut sortir du conjoncturel à travers une réelle implication de tous les secteurs concernés pour une réel promotion et socialisation de la lecture au niveau national».

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        • #5
          Première Partie.

          De la providence à la connivence

          Par : Ameziane Ferhani. El Watan (01/11/2007)

          De l’achat de livres par couffins, nous sommes passés à l’ordonnance homéopathique. Au-delà de la nostalgie, comment traite-t-on le sevrage livresque des Algériens ? Il fut un temps où l’Etat Providence s’occupait autant des tomates que des livres. Ces derniers, subventionnés, étaient vendus bien en deçà de leurs prix réels.

          Période bénie, encore qu’elle ait entrainé chez les Algériens le réflexe conditionné d’une lecture par l’achat quand, dans le monde entier, la bibliothèque supplante la librairie. Mais l’un dans l’autre, ceux qui s’en souviennent, en comparant le marasme actuel à cette ère d’abondance des années quatre-vingt, où l’on prenait un couffin pour acheter des livres, ne peuvent qu’en concevoir un immense sentiment de nostalgie et d’amertume. C’est qu’après, nous sommes entrés dans l’économie de marché avec un engouement libéral extrême qui a conduit, entres autres, à l’abandon de l’action publique pour la chose culturelle. Le livre en a pâti, devenant plus ou moins disponible selon les périodes, mais de moins en moins accessible, plus d’ailleurs à cause du pouvoir d’achat, qu’en raison de son coût. Pourquoi serions-nous plus libéraux que des pays qui l’ont toujours été et disposent pourtant de politiques du livre et de mécanismes de soutien à l’écriture, à l’édition et à la diffusion ? Bref, face à l’état du livre, que fait l’Etat ? C’est ce que nous sommes allés chercher au ministère de la Culture auprès du directeur du livre et de la lecture publique. Sur une table, la maquette d’un coffret de recueils de poèmes de Messaour Boulenouar, cette immense poète négligé. Rachid Hadj Naceur, nous signale que le ministère soutient ce projet avec les éditions Dalimen, ajoutant qu’il vient de recevoir les enfants de l’auteur, hélas malade. Remontée dans le temps et d’abord aux Assises de 2003. Tant d’espoirs alors qui ont justifié a postériori le désenchantement. « Le ministère n’a pas abandonné cette ligne, précise notre interlocuteur. Les Assises ont permis de dresser un état précis des lieux et surtout de collecter les propositions des professionnels. La synthèse a été confiée à une équipe de juristes qui a formulé en 2006 un projet de loi sur le livre ». Cette Loi devait constituer le cadre juridique d’une politique du livre. Entre temps, la démarche a changé. Priorité désormais à la création d’un centre national du livre, une structure semblable à celle de plusieurs pays et en avance sur l’idée d’un observatoire du livre, formulée aux Assises et lors de la journée d’étude de 2005. Le CNL devrait, outre l’élaboration de statistiques et d’analyses, agir concrètement et apporter des aides diverses. Ses textes seront soumis dans les prochains jours au gouvernement. Il devrait démarrer au 1er trimestre 2008. Pour Hadj Naceur, le CNL sera un outil précieux de promotion du livre et permettra au ministère de se consacrer entièrement à sa mission de régulation et de développement de la lecture publique. Mais surtout, les opérateurs du livre (auteurs, éditeurs, diffuseurs…) seront représentés au sein du Conseil d’administration. « Il s’agit de consacrer le caractère spécifique du livre. C’est l’objectif principal. Aujourd’hui, le livre est traité comme n’importe quel produit… Il faut que lui soit reconnu son caractère public et d’intérêt national. Si nous parvenons à ce résultat, l’essentiel aura été fait. » Nous faisons remarquer à notre interlocuteur que la loi visait le même objectif avec, de plus, la prééminence que lui confère la Constitution. Mais il apparaît que le ministère, plus pragmatique, compte, avec le CNL, d’abord associer les professionnels à la gestion de l’aide publique au livre et disposer ainsi d’une force de proposition à même de formuler des mesures légales ou règlementaires. Il est certain qu’une mise en place par décret exécutif est infiniment moins longue et ardue que le parcours d’adoption d’une loi.

          Cap sur les bibliothèques !

          On relève au ministère que l’évolution des revendications et attentes des professionnels, comme de la société, montre que la situation a elle-même évolué. « L’édition s’est assez bien développée, affirme le directeur du livre. De nouveaux auteurs apparaissent. La qualité n’est pas toujours au rendez-vous, les difficultés et contraintes sont là… Mais nous sommes loin de la pauvreté généralisée qui a longtemps sévi ». De même, il souligne le nouvel engagement des pouvoirs publics en faveur du développement culturel et l’adoption par le Conseil du gouvernement du 26 septembre 2007 de schémas directeurs pour l’ensemble des disciplines. On peut cependant se demander en quoi un schéma directeur peut constituer une politique culturelle ? Pour y répondre, il serait sans doute indispensable que le ministère reprenne ses consultations avec les professionnels et que ces schémas soient communiqués au- delà du laconisme d’un communiqué. Sans adhésion des concernés, comment espérer leur participation ? D’autant, comme l’affirme Hadj Naceur, que « les relations avec les acteurs du secteur sont excellentes. Nous sommes en contact étroit avec les éditeurs et même les auteurs ». A notre remarque sur le caractère sans doute positif mais aléatoire de tels contacts, il reconnaît que « ces canaux devraient être formalisés, approfondis et disposer de cadres représentatifs, » avant d’ajouter que « c’est, entre autres, ce que nous poursuivons avec le projet de CNL, d’autres cadres et voies restant à imaginer et créer ». Des échéances à 2009, 2014 et même 2025 augurent d’une vision de long terme mais, faute de communication, peuvent paraître de la science-fiction. La lecture publique y tient une belle part. Cap sur les bibliothèques ! Deux réseaux sont concernés : celui du ministère de la Culture et celui des bibliothèques communales. Le premier comprend 34 bibliothèques ou espaces de lecture intégrées aux Maisons de la culture. En 2009, ce chiffre devrait atteindre 48, soit une par wilaya. Le programme a retenu la création de 300 autres bibliothèques ou espaces du livre. La BN a mis en œuvre la création de 35 annexes d’ici à 2014. Etat actuel : 3 déjà fonctionnelles (Béjaïa, Béchar et Frenda) et 11 livrables au 1er semestre 2008. Le deuxième réseau compte environ 500 bibliothèques communales « d’inégale valeur ». Dépendantes des APC et donc, en amont, du ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales, le programme les concernant prévoit 1184 créations. Les études ont été lancées et « une grande partie » devrait être livrée en 2009. Principe : les lieux sont réalisés par le ministère de l’Intérieur et aménagés, dotés et gérés par celui de la Culture. Les deux départements travaillent conjointement à ce projet. Résultats : un état des lieux « exhaustif », achevé en 2005, l’adoption de normes conformes à celles de l’Unesco, la réalisation de cahiers des charges selon la taille des agglomérations. Il reste à trancher sur le « petit fonctionnement », ces histoires de gardiennage, de maintenance, de nettoyage, etc. qui peuvent faire capoter les plus prestigieuses entreprises. Référence : les écoles primaires qui dépendent sur ce plan des APC et, pour le reste, de l’Education nationale, et où le remplacement d’une ampoule devient parfois épique… Les bibliothèques du MC disposent depuis peu d’un statut (J.O. 19 septembre 2007). Ce n’est pas encore le cas des communales. En outre, des fonds énormes devraient être mobilisés (équipement, dotation en livres, fonctionnement). C’est donc main dans la main que « l’Intérieur » et « la Culture » se sont adressés à « Sa Majesté financière », pour reprendre l’expression savoureuse de Brassens. Wait and see… Sur la question des librairies, Hadj Naceur, déplorant leur déperdition (notamment celles de l’ex-ENAL), souligne l’absence d’emprise juridique du ministère, leur statut relevant du droit privé. Il nous apprend qu’une enquête nationale sur le réseau des librairies va être lancée.

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          • #6
            Seconde et Dernière Partie.

            Au-delà des événements...

            Entre temps, est venu Alger, capitale de la culture arabe ! Sur les 1001 titres prévus, 800 sont parus, le reste devant sortir d’ici la fin de l’année et, probablement, au début 2009, au vu des capacités d’édition et d’impression. Comme il a eu déjà à le faire, le directeur du livre affirme qu’aucune censure n’est en vigueur : « Une simple visite des librairies permettrait de le constater. Il y a eu des choix contestés, mais nous ne pouvons soutenir tout le monde au même moment. Sur 1001 livres programmés, on ne peut soutenir que 1001 livres. Et dans l’ensemble, nous avons veillé à répondre au maximum de projets. » Il est vrai que de nombreux éditeurs ou auteurs ont bénéficié de la formule. Jamais sans doute l’Algérie n’aura édité autant. On le « sait », mais nous ne pouvons le mesurer. Aucune statistique, mises à part celles du dépôt légal de la BN qui mériteraient d’être affinées pour être exploitables. Cette absence de données est la cause de débats stériles, chacun arguant de ses propres observations, intérêts ou fantasmes. Mais faut-il attendre le CNL ? Les « années-évènements » ne faisant pas le printemps, quid du soutien ordinaire ? Il existe un fonds, le FDAL (développement des arts et lettres, hors cinéma). Doté de 50 millions de dinars par an, un tiers revient au livre, ce qui doit bien faire 16 millions de dinars. Une misère en se livrant au calcul suivant : mettons un livre basique de 300 DA à 1500 exemplaires, soit 450 000 DA, ce fonds ne peut donc financer que 35 livres et demi ! Doté en 1998, il fonctionne surtout depuis 2002. Un projet de modification de son décret a été introduit. Mais un fonds spécifique au livre, lié au futur CNL, apparaît comme la voie la plus adaptée. S’agissant des mesures fiscales, la prochaine loi des finances, en libérant les importateurs de livres et autres produits culturels de l’obligation de disposer d’un capital de 20 millions de dinars, devrait booster ce volet. « Nous serions satisfaits, poursuit M. Hadj Naceur, si un allègement fiscal des entreprises du livre pouvait être adopté. Avant chaque Loi de Finances, nous consultons les professionnels. Actuellement, le poste le plus lourd est celui du papier. La volonté ne manque pas. Il était question un moment de le soutenir, mais comment distinguer le papier destiné aux livres de celui des emballages ou publicités ? » Notre interlocuteur a tenu enfin à rendre hommage à tous les acteurs du livre. Nous l’avons quitté en jetant un œil sur la magnifique vue d’Alger, pensant que si des choses se font du côté de l’Etat, on ignore encore jusqu’où elles iront et elles mériteraient une information active. D’ici, le Plateau des Anasser paraît plus isolé avec la fermeture de la route pour cause de construction d’un viaduc. Viaduc, voilà ce qui manque entre ces programmes et les « gens du livre ». De la providence dépassée, l’Etat est appelé, dans le livre, comme ailleurs, à créer une connivence avec la société.

            Ameziane Ferhani

            Commentaire


            • #7
              Pas de lecture à Boufarik

              Absence de la lecture chez les Boufarikois Je croyais qu'une ville comme Boufarik, zone tampon entre Blida et Alger, possédait des traditions de lecture. ERREUR !


              Cela m'inspira une randonnée du côté de nos voisins.
              BOUFARIK, Que le livre est loin !
              Par quartiers entiers, par cités et par îlots résidentiels, la trace du livre est absente non pas faute de lectorat mais d’une volonté de l’administration publique de réserver des espaces de lecture. M. Aïssa qui animait dans un passé récent la bibliothèque « Espace lecture » évoque avec amertume les 350 jeunes adhérents à la rue Allili, éparpillés aujourd’hui dans la nature. « J’avais même des femmes au foyer qui venaient emprunter des livres et montraient leur joie à apprendre. » Faute d’honorer les engagements locatifs, la bibliothèque a fermé ! Au grand désarroi de jeunes qui iront jusqu’à chercher d’autres locaux pour leur bibliothécaire : « Un gosse a vu son père pour louer un local à bas prix » confiera M. Aïssa qui révèle que pas moins de 47 cartons font état de dépôt pour les ouvrages en attendant leur alignement sur des rayonnages. « J’ai trouvé une cabine saharienne et un emplacement dans un quartier à forte concentration urbaine, avec tous les désagréments à deviner mais l’apc n’a pas voulu débourser les 36 millions de centimes nécessaires à son achat » dira l’auteur des initiatives individuelles à la rue Abdelli où s’organisaient des rencontres avec des écrivains, notamment M. Zaoui, directeur de la Bibliothèque Nationale. Nous apprendrons par ailleurs que même la petite bibliothèque communale, au centre de la ville, est devenue un service d’état civil rattaché à la commune et les livres, là-bas également, sont entassés dans des cartons. Les jeunes de Boufarik, scolarisés ou non, sont dans la rue, errent sans but précis et « tuent » le temps avant de retrouver leur espace pour dormir la nuit. Même les salles de cinéma ont disparu : Club, Tivoli, Royal étaient des lieux de projection sans parler du Colisée. Une sécheresse culturelle totale. Zemmouri, Aïssaoui et d’autres cinéastes sont issus de cette ville mais qui s’en soucie ? 3ème ville de la wilaya après Blida et Ouled Yaïche, elle s’affirme comme seconde par ses traditions, sa culture et son histoire. Près de 80 000 habitants sans même une bibliothèque, sans salle de cinéma et un mouvement associatif parmi les plus faibles. Même le club de football local se morfond dans les profondeurs des divisions inférieures et ne draine plus cette foule susceptible d’être canalisée, orientée. Les lycées de la ville, Ibn Toumert entre autres, souffrent de cette absence d’activités culturelles extra scolaires, de l’absence de lieux de convivialité et quand il est appris que près des 2/3 des effectifs scolarisés sont des filles, on devine aisément le désert culturel. La ville de Bougara, commune de moindre importance, vient de vivre sa semaine du théâtre. Comment susciter l’esprit d’initiative chez des élus locaux non combatifs ? Pour les uns, c’est la timidité et l’absence d’expérience alors que pour les autres, l’intérêt porté à ce genre de créneau est nul.
              A. Mekfouldji

              Et il y aura toujours des personnes qui vont affirmer le contraire !



              Source

              Commentaire


              • #8
                Bonsoir toi.

                Ça fait beaucoup, on a du mal à suivre le fil.

                Quels sont les chiffres qui t'intéressent ?

                Tiens , en ce moment je suis sur cet ouvrage Ecole, population et société en Algérie ", Kamel Kateb, L'Harmattan, 2005, il est fort intéressant, il regorge de données statistiques.

                C'est une critique du système éducatif algérien, une espèce d'évaluation.



                .
                “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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                • #9
                  Bonsoir Ma Chère.

                  Je voulais un peu remettre les idées en place car sur un autre sujet, il paraît qu'en Algérie, la lecture ne trouve pas grâce aux yeux de la population
                  Alors avec un peu de chiffres, dire qu'il existe des gens qui savent lire et écrire et avec des articles qui attestent bien de cette envie de lire mais que bien sûr les moyens ne sont pas au rendez vous....
                  J'ai un défaut je parle peu alors j'ai préféré ouvrir ce fil
                  Je connais cet auteur, j'ai un de ces ouvrages, je ne sais pas si tu connais: "la fin du mariage traditionnel en Algérie? 1876 - 1998. Une exigence d'égalité des sexes" Préfacé par Hervé le Bras....

                  Merci pour le lien

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