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Les banques publiques mettent la main à la poche

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  • Les banques publiques mettent la main à la poche

    Les banques publiques sont de plus en plus sollicitées pour le financement de l’économie nationale.

    Selon le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, sur les 28 milliards de dollars qui seront consacrés à des projets en pétrochimie, 20 milliards de dollars seront fournis par les banques publiques. Ces dernières ont souvent été critiquées pour leur contribution dérisoire dans le financement de l’économie nationale, au point de gagner la réputation de simples guichets de collecte d’épargne, alimentant la surliquidité bancaire.

    Et si jamais elles consentaient à accorder des crédits d’investissement, cette opération s’accompagnait de conditions telles que peu d’investisseurs pouvaient prétendre à ce type de prêts. Il faut dire qu’après les nombreux scandales qui ont émaillé le secteur bancaire public, le gouvernement a pris des mesures draconiennes pour prévenir ce genre d’incident.

    Mais la décision du président de la République d’interdire aux entreprises publiques le recours à un endettement externe a donné un nouveau rôle aux banques publiques qui se retrouvent en pole position pour le financement des nombreux mégaprojets, lancés à travers le territoire national. Cette nouvelle donne a poussé ces banques à diversifier leurs produits afin de répondre à cette demande croissante tirée par les programmes sectoriels dans le cadre de la relance économique.

    Nouvelles mœurs financières

    C’est ainsi que le project finance a fait son apparition. Selon le PDG d’Algerian Energy Company (AEC), sur treize stations de dessalement réalisées ou en cours de réalisation, 12 sont financées grâce à un tel montage financier. L’apport des banques publiques se situe entre 70 à 80%. « C’est un montage un peu particulier. Deux entités se rencontrent, une entité algérienne et une entité étrangère dans ce cas. Elles créent un spécial « purpose vehicle », c’est-à-dire l’entreprise qui va gérer le projet de bout en bout et c’est elle qui prend en charge l’aspect endettement. C’est un projet qui va se faire rembourser par lui-même. C’est le produit des ventes qui va permettre aux sociétés de rembourser le crédit », explique Mohamed Ghernaout, expert en finances, qui signale que la particularité de ce genre de projets est qu’il est basé en général sur des contrats « take or pay ».

    Ainsi, le client paye sur un prix fixé d’avance qu’il prenne livraison du produit ou non. M. Ghernaout voit d’un très bon œil l’introduction de la pratique du « project finance » dans les mœurs financières des banques publiques. Il y perçoit un signe de modernisation. Il s’interroge cependant sur l’indépendance de ces institutions financières qui, rappelle-t-il, étaient « en surliquidité, car elles accordaient de moins en moins de crédits ».

    D’après lui, ces banques n’avaient pas d’autre choix que de financer ces projets. « Il y a un coup de pouce pour ne pas dire injonction de l’Etat qui a procédé à la recapitalisation de ces banques », souligne-t-il. Et d’enchaîner : « Recapitaliser pourquoi ? C’est comme si l’Etat leur dit, je vous donne de l’argent mais utilisez-le comme je le recommande. » L’inconvénient avec les projets financés est qu’ils concernent des « produits dont le prix n’est pas fixé par le marché mais par l’Etat. Donc la marge de manœuvre de l’entreprise qui finance est très faible », note-t-il encore.

    Plus de prêteurs sur gages

    D’ailleurs, selon la même source, c’est la raison pour laquelle les banques privées étrangères ne se lancent pas dans ce genre de projets. « La rentabilité est très faible, » soutient-il. Il en veut pour preuve le peu d’empressement des banques privées étrangères à financer les unités de dessalement, alors que certaines d’entre elles se sont engagées dans la cimenterie d’Orascom. « Il y a une tension sur tout ce qui touche au bâtiment et les prix flambent alors que ce n’est pas possible avec l’eau dessalée », relève l’expert. Il estime aussi que la formule de « project finance » doit aussi profiter aux entreprises algériennes.

    Un autre expert en finances relève, pour sa part, que la formule en question n’est pas exactement du « project finance ». « Le montage financier suivi s’apparente imparfaitement à la technique du project finance, puisqu’on ne retrouve pas tous les éléments de ce mode de financement en raison des contraintes liées à la réglementation bancaire en vigueur », rapporte-t-il.

    Notre interlocuteur considère que ce type de financement est avantageux pour les banques publiques algériennes. « Il leur permet en effet de s’éloigner de leur fonction actuelle qui les a transformées en ‘’prêteur sur gages’’ et de revenir à l’intermédiation bancaire. » Pour lui, il est tout à fait normal que des banques publiques algériennes financent des projets à hauteur de 70 à 80%, alors que les sociétés mixtes créées dans le cadre de ces projets sont détenues à 51%, voire plus par des entreprises étrangères. « Le financement en ‘’project financing’’ est une chose et le niveau de participation des entreprises étrangères dans le capital social de la société, qui réalise le projet, est autre chose. Elles apportent la technologie, une partie des financements et elles sont impliquées dans toutes les étapes de la gestion du projet et son exploitation après son entrée en production » a-t-il conclu. Une source proche des milieux bancaires algériens plaide de son côté pour la diversification des produits bancaires afin de faire face aux besoins de l’économie. « Il faut aller du financement à court et moyen termes au financement long terme, nécessaire au tissu économique et à la consolidation des activités productives », avance cette source. Selon la Banque d’Algérie, les crédits à l’économie ont atteint les 2182,1 milliards de dinars en 2007, dont 1213,4 milliards de dinars au secteur privé et 958,4 milliards de dinars au secteur public.

    Nora Boudedja (El Watan)
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