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Le Parc National du Djurdjura

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  • Le Parc National du Djurdjura

    S'étendant sur 18 550 ha , le Parc National du Djurdjura est à califourchon entre les wilayas de Tizi Ouzou et Bouira. Son territoire baigne dans un écosystème botanique, faunistique et climatique particulier qui lui a valu des réflexions scientifiques depuis le 19e siècle pour son éventuelle classification en réserve de la nature. Les sites qui étaient les plus en vue sont Tikjda, Lalla Khedidja, Tala Guilef et la cédraie des Aït Ouabane. Pendant la colonisation, la zone de Tikjda a pu obtenir un statut spécial par rapport au reste du territoire, ce qui préfigurait déjà une ébauche de parc naturel.

    Sur le plan réglementaire, c’est en 1983 que le massif du Djurdjura accéda au statut de Parc National (PND) sous la tutelle du Muséum national de la nature, réorganisé par un décret datant du 9 février 1991 en Agence Nationale de la Nature (ANN) sous la tutelle de la Direction Générale des Forêts (DGF).

    Un ancien technicien autrichien, Mustapha Muller, ami de la Révolution algérienne qui a longtemps exercé dans l’activité des parcs en Algérie, témoigne : "Très rapidement après 1962, et avec tous les problèmes qu’il y avait, l’Algérie pensait à la création de ces parcs nationaux. Un des premiers accords que la jeune république avait conclus avec la Bulgarie était précisément un accord sur l’élaboration d’un pré-projet de recréation du Parc National du Djurdjura. 1983 était l’année de la légalisation de ces activités avec la promulgation du décret présidentiel portant ‘’statut-type des parcs nationaux’’. (…) Je vois le parc du Djurdjura en premier lieu dans un sens de préservation d’un ensemble d’écosystèmes extrêmement précieux qu’il faut ouvrir aux scientifiques et à un tourisme-nature. Pas n’importe quel tourisme. On ne va pas dans un parc qui a une faune et une flore rares pour se ‘’défouler’’ ! Certains parcs, comme le Djurdjura, pourront devenir des sources en devises fortes grâce à une clientèle étrangère qui viendrait voir, et en deux heures d’avion de l’Europe, une faune surprenante et en liberté".

    La mission dévolue aux parcs nationaux se répartit en plusieurs actions, à savoir la préservation de la flore et de la faune et de leurs biotopes, la conservation des sites archéologiques, spéléologiques et géomorphologiques et le développement des activités de recherche scientifique et de vulgarisation. A cela s’ajoute les activités de développement rural particulièrement à la périphérie des zones délimitées puisque la majorité d’entre elles sont fortement habitées hormis le Hoggar- Tassili.

    La défense de la biodiversité est inscrite actuellement comme l’une des priorités de la communauté internationale.

    L’Algérie, signataire des textes relatifs à la biodiversité, compte 3.200 espèces botaniques dont 640 sont menacées de disparition comme le cyprès du Tassili, le sapin de Numidie et le pin noir.

    La montagne du Djurdjura compte, dans l’état actuel de la recherche, 990 espèces de plantes dont 32 sont endémiques, 145 rares et 70 très rares.

    Sur le plan faunistique, des espèces en voie de disparition trouvent dans la réserve du Djurdjura le refuge idéal pour leur préservation. Il en est ainsi de l’hyène rayée, la mangouste, la genette et quelques rapaces comme le percnoptère, le gypaète barbu et l’aigle royal. L’animal emblématique de ces tréfonds de montagne est sans conteste le singe magot qui vous accueille par quelque voie que pénétriez dans le Parc.

    Les oiseaux sont également bien représentés puisqu’on y rencontre pas moins de 114 espèces dont 47 sont migrateurs.

    Pour sauvegarder l’écosystème en place, l’administration du Parc a du pain sur la planche d’autant plus que la zone est très peuplée sur les deux versants de la montagne. Environ 80000 habitants à la périphérie immédiate du Parc et 6000 à l’intérieur même de la réserve. L’action anthropique est souvent dictée par des besoins incompressibles de pâturage, de coupe de bois et d’autres actions qui portent d’une façon ou d’une autre atteinte à l’environnement.

    Sur les flancs de la dorsale du Djurdjura

    La délimitation du Parc du Djurdjura suit le contour des zones les plus sensibles écologiquement parlant, à savoir les forêts d’altitude (cèdre et chêne vert), les espaces intermédiaires qui pourront leur servir d’extension et les crêtes asylvatiques qui dominent les deux premières zones. Cela donne une superficie administrative de 18 550 hectares répartis sur deux wilayas : Bouira et Tizi Ouzou.

    Cependant, la chaîne du Djurdjura va un peu plus loin en pénétrant dans le massif de l’Akfadou, dans la wilaya de Béjaïa. Des techniciens et professionnels du domaine ont toujours rêvé de créer un autre parc dans la forêt de l’Akfadou, qui aurait un pied à Tizi et un autre à Bgayet, en raison de l’existence d’un autre écosystème strictement forestier et proche de la mer.

    Les villages kabyles accrochés sur les deux faces de la montagne et qui pendent à mi-versant de celle-ci relèvent de plusieurs communes : Iferhounène, Abi Youcef, Akbil, Iboudrarène, Ouacifs, Aït Boumahdi, Agouni Gueghrane, Aït Bouadou, Assi Youcef, Boghni,…sur le versant nord, et Aghbalou, Saharidj, El Adjiba, El Asnam, Haïzer, Taghzout, Aït Laziz et Bechloul,sur le versant sud.

    Ce vaste territoire appartient à deux grands bassins versants : la Soummam qui rejoint la mer au niveau de la ville de Béjaïa, et le Sebaou qui termine sa course à Tagdemt à quelques encablures de la ville de Dellys.

    Le relief du Djurdjura est l’un des plus accidentés et des plus abrupts de l’Algérie. Les dépressions creusées à sa périphérie atteignent de très basses altitudes (300 à 400 m à Ouacifs, Ouadhias et M’chedellah), alors que les sommets de la chaîne caracolent à 2 123 m ( La Dent du Lion à Haïzer) et même à 2 308 m (Lalla Khedidja), ce qui le distingue notablement de l’Aurès ou du massif de Ouled Naïl où les reliefs les plus bas sont situés à 900 m, voire 1000 m d’altitude.

    Une très grande partie du massif du Djurdjura a été formée pendant l’ère secondaire (le jurassique et le trias), soit depuis environ 140 à 200 millions d’années. L’axe de la chaîne est formé de calcaires liasiques (jurassique inférieur), durs et compacts, en bancs fortement redressés. L’assise inférieure est dolomitique (carbonate de calcium et de magnésium).. Dans la partie supérieure, les calcaires deviennent marneux.

    Le relief d’altitude est de type karstique. Dès que la masse calcaire est en saillie au-dessus du niveau des rivières principales, les eaux de pluie s’infiltrent en profondeur. Elles taraudent la masse calcaire en utilisant les zones de faiblesse, les diaclases, joints qui vont s’élargissant. Les eaux organisent un véritable réseau souterrain comportant des puits verticaux qui crèvent la surface du plateau de gouffres appelés avens à l’exemple du gouffre d’Assouel qui descend à une profondeur de 900 m . D’autres multiples galeries garnissant les entrailles calcaires du massifs aboutissent à de vastes cavernes reliées par des boyaux étranglés, à l’exemple de la Grotte du Macchabée sur la façade d’Azrou n’Tidjer, dans la région de Aïn El Hammam.

    Cette grotte géante est splendidement ornée par des dépôts de carbonate de chaux, concrétions calcaires qui pendent au plafond de la grotte (stalactites) ou montent du sol (stalagmites). Les galeries de cette caverne sont étagées. Les plus hautes sont abandonnées par les eaux et les spéléologues qui les parcourent y observent des marmites torrentielles, des vasques et des cascades asséchées.

    Les eaux infiltrées dans la masse calcaire se rassemblent en véritables cours d’eau souterrains qui creusent leur lit comme le feraient des rivières superficielles.

    Les eaux finissent par ressortir en grosses sources appelées résurgences, comme les sources de Tala Boudi (à Aghbalou), L’Aîncer n’Vili (à Iferhounène), L’Aîncer Aberkane(à Saharidj avec un débit allant de 400 à 10.000 l/s) et la phénoménale source des Aït Ouabane captée pour les besoins en eau potable et pour la production d’électricité à Souk El Had des Yatafène.

    Tous les éléments de ce relief karstique aboutissent à des formes esthétiques qui rassasient les yeux, une architecture orographique faite de pitons, de crevasses, de gouffres et de brèches comme cette fenêtre unique en son genre appelée Le Belvédère, à quelques pas avant la belle pelouse d’Assouel. Le Belvédère ouvre une fenêtre dans la masse d’Azrou Gougane, juste à côté de Taltat appelée aussi Main du Juif. Il donne une vue exceptionnelle du massif de la Haute Kabylie (Beni Yani, Larbaâ Nath Irathène, Aïn El Hammam. En abaissant un peu les yeux, on peut admirer par voie aérienne, comme d’un avion, les pâtés de maisons de Timeghrass, Aït Boumahdi, Tiroual et Larbaâ des Ouacifs.

  • #2
    Une curiosité topographique et esthétique est perchée entre la station de Tikjda et la réserve de Tala Guilef. Nous sommes à 1 720 m d’altitude au sommet d’une crête qui n’en est pas une, et pour cause : Une vaste étendue d’eau dépassant la dimensions d’un stade de football chevauche entre les wilayas de Bouira et Tizi Ouzou. Il s’agit du fameux Lac Goulmim (Tamda Ugalmim) qui ne voit disparaître ses dernières congères qu’au mois de juillet. Le lac naturel ne possède qu’une seule ouverture, celle débouchant sur le talweg appelé Assif Assouki l’Hennouts qui descend vers Ath R’gane et Agouni Gueghrane, dans la wilaya de Tizi Ouzou.

    En été, ce lac est un lieu de pèlerinage et de bivouac pour les jeunes des Ouadhias et des Ath Bouadou qui y montent à pied et pour les jeunes de Bouira et de M’Chedellah qui peuvent, eux, y accéder par un véhicule tout terrain mais bien solide, car la piste ralliant ce site à partir des hauteurs de Aïn Alouane est très difficile. Il existe aussi un chemin pédestre, long et éreintant qui monte vers le lac à partir de Tala Guilef et ce pour les visiteurs qui viennent de Boghni. D’ailleurs, l’itinéraire Tala Guilef-Tikjda constitue une expédition classique pour nombre de visiteurs et d’étudiants ayant eu à plancher sur la géologie, la faune ou la flore du Djurdjura.


    Témoins d'une vie millénaire


    L’une des raisons essentielles qui ont attiré l’attention des pouvoirs publics et de la communauté scientifique pour classer la chaîne du Djurdjura en parc, cette réserve naturelle, c’est bien la présence de cette espèce devenue rare en Afrique du Nord, à savoir le cèdre de l’Atlas. La cédraie du Djurdjura est un tissu discontinu. Elle se répartit en plusieurs massifs plus ou moins importants sur les deux versants de la chaîne.

    Le versant nord comporte deux importants massifs : la forêt des Aït Ouabane qui s’étend de Tizi n’Kouilal au col de Tirourda, importante futaie traversée par la piste du Génie militaire, et la forêt domaniale de Bou Djurdjura s’étalant sur le site de Tala Guilef sur les hauteurs de Boghni. Quant au versant sud, il compte le massif de Lalla Khedidja (sur le piton duquel trône le point culminant de l’Algérie du Nord : 2 308 m ), les cantons de Tikjda et Taouialt, et enfin la cédraie de Tachgagalt sur les hauteurs de Haïzer et qui culmine à la Dent du Lion ( 2123 m ).

    Genre noble de par sa beauté, son port, ses ramures rayonnantes, la qualité de son bois et surtout la longévité de son espèce. En effet, certains sujets sont deux fois millénaires, ayant germé sous le règne de Massinissa ou sous l’épiscopat de Saint Augustin

    Le cèdre de l’Atlas, arbre altier et orgueilleux, a souffert de l’inconscience et de la cupidité des hommes. Le dernier drame qui l’a frappé remonte au 30 août 2000 lorsqu’un feu venu du piémont et attisé par le sirocco atteignit la cédraie de Tikjda dont il décima 145 ha en plus de 200 hectares composés par d’autres espèces (pin d’Alep et chêne vert). Une partie de la forêt considérée comme la vitrine de tout le massif et épargnée par les bombardements de la guerre de Libération venait de partir en fumée.

    Une autre espèce, le chêne vert, à l’état pur ou mélangé avec le cèdre, occupe le canton de Timerkoumine, les hauteurs d’Ighzer Ouakour et d’autres petites poches disséminées ça et là.

    Une espèce rare, endémique du Djurdjura, a été identifiée en 1927 après qu’elle eut été découverte par un gardien au début du siècle.

    Il s’agit du Pin noir (Pinus nigra mauritanica) se trouvant à une altitude de 1400 à 1500 m au niveau de Tikjda, sur une superficie de 2 hectares .

    La première étude qui lui est consacrée est une thèse d’ingéniorat d’État soutenue par M. Bouzid Chalabi en 1980. Il y montre la rareté et la fragilité de cette espèce. En effet, dans son gîte actuel à Tigounatine, il ne resterait que 12 sujets de Pin noir.

    Par Amar Naït Messaoud, la Dépêche de Kabylie




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