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Gyanendra, le dernier roi du Népal

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  • Gyanendra, le dernier roi du Népal

    La victoire des maoïstes aux élections du 10 avril dernier laisse peu de doute sur la fin de la monarchie au Népal. Le roi Gyanendra devrait être, comme l'avaient prédit les astres, le dernier de la dynastie des Shah, vieille de 239 ans.

    La rumeur.

    C'est ainsi que tout a commencé pour Gyanendra Bir Bikram Shah Dev, il y a sept ans, et c'est ainsi que tout est en train de s'achever. Le 4 juin 2001, après l'ahurissant massacre de son frère, le roi Birendra, et d'une bonne partie de la famille royale, celui qui n'avait jamais été le successeur en titre accède au trône, devenant le treizième souverain de la dynastie des Shah, qui règne sur le Népal depuis 1768. Il en rêvait depuis si longtemps ! Est-ce la raison pour laquelle la plupart des Népalais le soupçonnent, aujourd'hui encore, d'avoir commandité le crime ?

    Gyanendra ne se trouvait pourtant pas à Katmandou en cette soirée fatale qui a vu disparaître en un quart d'heure tous les héritiers potentiels du trône. À part lui, donc, et son fils Paras. Au contraire de son père, ce dernier a été témoin de la tuerie. Mais, fait troublant, il en est sorti miraculeusement indemne. Ce qui n'a pas manqué de renforcer les soupçons pesant sur le nouveau monarque, dont tout le monde savait qu'il militait pour un retour à la monarchie absolue. Gyanendra ne se privait pas de reprocher à son frère d'avoir cédé aux pressions de la rue, en 1990, et instauré une monarchie constitutionnelle. Aussi, lorsqu'ils sont descendus de nouveau dans la rue, il y a deux ans, pour réclamer la République cette fois, les manifestants n'ont pas hésité à hurler : «Gyanendra, assassin de ton frère !» Ils n'étaient pas tous maoïstes. Mais tous en avaient assez de leur souverain et de son arrogance. Autant ils avaient aimé Birendra, autant ils détestaient Gyanendra et Paras.

    Retour sur un drame à la Shakespeare, tel qu'il se déroula le 1er juin 2001, au petit royaume hindou du Népal. Comme tous les vendredis, une vingtaine de personnes s'étaient réunies pour le traditionnel dîner familial, dans l'enceinte du palais royal de Narayanhiti, au cœur de Katmandou. Seule dérogation à la règle, la table avait été dressée dans les appartements du prince héritier Dipendra et non pas dans ceux de la reine mère, qui était souffrante. Arrivé très en retard, le prince héritier «totalement ivre ou drogué», selon des témoins, entame une dispute. Renvoyé dans sa chambre, il revient dix minutes plus tard vêtu d'un treillis et armé d'un fusil d'assaut. Il tire d'abord sur son père, puis il abat tour à tour ses sœurs et une de ses tantes. Il sort de la pièce, rencontre sa mère, la reine Aishwarya, accompagnée de son jeune fils, le prince Nirajan. Il les tue avant de se tirer une balle dans la tête. Grièvement blessé, Dipendra est transporté à l'hôpital. Il y passe trois jours dans le coma, au cours desquels il est couronné roi, comme le veut la Constitution, avant de succomber à son tour. «Personne n'a jamais cru à la culpabilité de Dipendra», raconte Manjushree Thapa, auteur de Forget Kathmandu (*). Mais personne n'a jamais su non plus ce qui s'est réellement passé. Alors, la rumeur s'est transformée en vérité : le coupable, c'est Gyanendra. N'est-ce pas à lui qu'a profité le crime ? Réalisant un vieux rêve d'enfant, celui de régner à nouveau. Car il avait été déjà roi… pendant deux mois. C'était en 1950 et il n'avait que 3 ans.

    Son grand-père, quasiment dépossédé de ses pouvoirs par les Ranas, d'influents aristocrates, était allé chercher en Inde l'aide de Delhi pour rentrer dans ses droits, laissant au petit garçon la garde du trône. Manjushree Thapa raconte aussi qu'elle a vite compris que l'assassinat du roi Birendra sonnerait le glas de la démocratie au Népal. «Même lorsqu'il n'était que prince, Gyanendra Bir Bikram Shah n'a jamais été populaire. Mais il est devenu encore plus impopulaire depuis, ne serait-ce que parce qu'en dissolvant le Parlement, en octobre 2002, il a réimposé la monarchie absolue au pays», écrit-elle. Il fera pire encore trois ans plus tard, en s'arrogeant les pleins pouvoirs, le 2 février 2005.

    «Les Népalais ne veulent plus du roi parce que celui-ci est particulièrement odieux. Mais si, il y a deux ans, ils ont été prêts à mourir pour se débarrasser du régime, c'est aussi parce qu'ils ne croient plus depuis longtemps au pouvoir de droit divin du monarque», confiait récemment Chandra Bandhari, un jeune politicien proche du parti du Congrès. Il ajoutait : «Quant à cette histoire que le monarque est l'incarnation de Vishnou (dieu hindou, porteur de paix), elle a fait long feu. Seule la presse internationale continue d'en faire ses choux gras.» Maintenant que voici Gyanendra Bir Bikram Shah Dev à coup sûr arrivé au terme de son parcours royal, les bruits les plus contradictoires courent à nouveau dans la vallée de Katmandou. Certains affirment qu'il tentera de s'accrocher au pouvoir, qu'il refusera de quitter le palais ; d'autres le disent prêt à partir en exil en Inde. Il est à parier qu'en homme d'affaires avisé, il continuera tout bonnement de s'occuper de son florissant business : hôtels, plantations de thé, etc. Et de s'adonner à ses passions favorites : la poésie, la musique, les chevaux. Et, par-dessus tout, l'astrologie ! Une seule chose est sûre. Le mot FIN, le treizième descendant de la dynastie des Shah l'aura écrit lui-même au bas du parchemin de la monarchie népalaise. A-t-il réalisé que sa soif d'absolutisme, son mépris des partis, qu'il a balayés d'un revers de la main lors de son coup d'État du 2 février 2005, ont fini par le laisser en tête-à-tête avec les maoïstes, et que cela lui a été fatal ?

    (*) Manjushree Thapa «Forget Kathmandu», 2005 Penguin India


    Par Le Figaro




  • #2
    La Chine ne pouvait laisser plus longtemps, un royaume pro-indien à ses frontières.

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