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Hommage rendu au sociologue M'hamed Boukhobza

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  • Hommage rendu au sociologue M'hamed Boukhobza

    Des chercheurs, des sociologues et des amis de défunt M'hamed Boukhobza, assassiné par des terroristes en 1992, ont rendu hommage, samedi à Alger, à ce sociologue pour ses oeuvres, à l'occasion d'un colloque international intitulé "Connaître et comprendre sa société" et organisé par l'AADRESS. Ils se sont tous accordés à dire que Boukhobza, dont le dernier poste qu'il avait occupé était celui de Directeur de l'Institut national des études de stratégie globale (INESG), a laissé un héritage scientifique de "grande" valeur et plusieurs "ouvrages inachevés". Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, a indiqué à l'APS qu'il assiste à ce colloque en tant qu'ancien jeune enquêteur au sein de l'Association algérienne pour le développement et la recherche en sciences sociales (AADRESS) qu'avait dirigée Boukhobza de 1967 à 1979.


    M. Messahel a qualifié le chercheur de "grande personnalité" et "grande figure" de la sociologie en Algérie.

    "Il y avait de la rigueur, mais aussi de la souplesse dans le travail du défunt", a-t-il fait savoir, soulignant que Boukhobza donnait une "certaine liberté aux enquêteurs pour s'intéresser à des choses en dehors du questionnaire".

    M. Messahel raconte que souvent "nous nous intéressions aux questions des traditions qui diffèrent d'une région à une autre, ce qui a été utile comme repère dans nos études", estimant qu'il a pu connaître le pays à travers sa participation à deux enquêtes sur la consommation des ménages et le planning familial.

    De son côté, Mme Fatma Oussedik, sociologue à l'université d'Alger a affirmé que le défunt a réussi à former un corps d'enquêteurs "exemplaires", soulignant que "la sociologie à l'Association algérienne pour la recherche démographique économique et sociale (AARDES) est fondée sur des recherches réelles, basées sur des connaissances du terrain".

    "Nous devons cela à la rigueur et la modestie de Boukhobza", a-t-elle affirmé.

    Diplômée de l'université d'Alger en 1971, Mme Oussedik a indiqué que tous les jeunes, fraîchement sortis de l'institut de sociologie, avaient fait leur apprentissage à l'AARDES qui était, a-t-elle dit, un "vivier".

    "Aujourd'hui, quand on entame un travail sur la situation de l'Algérie on en revient toujours aux premiers travaux et résultats de l'AARDES" car, a-t-elle expliqué, "les critères dans le travail sont basés sur la rigueur, la rentabilité et la qualité de la production, à l'image de Boukhobza".

    La sociologue espagnole Rosa Cortes qui avait exercé au sein de l'AARDES n'a pas caché son "admiration" et son "respect" pour Boukhobza qui, a-t-elle dit, a été un "homme et un citoyen exemplaire".

    Estimant qu'il faisait partie des "forces vives et diplômées de la nation" au lendemain de l'indépendance de l'Algérie, elle a fait savoir qu'il se distinguait d'autres responsables par "la confiance qu'il accordait à ses collaborateurs".

    Elle l'a également décrit comme étant un homme d'une "profonde intégrité", ajoutant que "son amour total (était) pour son pays et ses gens". "Cette énergie qui l'animait (à) et son immense curiosité intellectuelle (à) ont fait pour l'Algérie un de ses hommes les plus admirables et, au sens plein du terme, un honnête homme", a-t-elle souligné.

    Mme Claudine Chaulet, qui a côtoyé le défunt, a estimé que c'est important de définir ce qu'a été l'apport de Boukhobza, faisant savoir qu'elle était amie avec lui et que tous les deux s'entraidaient en échangeant leurs études.

    Boukhobza, un sociologue aux ouvrages inachevés


    ALGER - Un héritage scientifique de grande valeur et des ouvrages inachevés ont été laissés par le sociologue algérien, M'hamed Boukhobza, assassiné en 1992 par des terroristes alors qu'il n'avait que 52 ans. Avec lui, disparaissait en fait un travail profondément ancré dans la société algérienne et "un chercheur de très haut niveau, d'une probité et d'une honnêteté intellectuelle exceptionnelle", de l'avis des participants au colloque international, organisé samedi et dimanche sous l'intitulé "Connaître et comprendre sa société", en hommage à M'hamed Boukhobza.

    Originaire d'El Bayadh (sud de l'Oranie) où il naquit en 1941 dans une grande famille d'éleveurs nomades (de la tribu des Ouled Aïssa de Brezina), Boukhobza fut un élève "studieux" et surtout "très curieux", ajoute un nombre de ceux qui l'ont côtoyés.

    Il a fréquenté l'école française, puis d'autres lieux et établissements qui lui avaient permis de découvrir la diversité de l'Algérie, mais aussi la réalité sinistre de l'occupation française.

    Durant cette période, il a assumé son devoir de militant de la cause nationale, d'autant plus que sa famille compte douze martyrs. Bien qu'il eut été emprisonné et torturé, cela n'a pas arrêté sa longue marche vers le savoir.

    Après l'indépendance, il décrocha un diplôme d'ingénieur des statistiques et de l'économie appliquée au Maroc et revient en Algérie où il occupera, par la suite, plusieurs postes de responsabilité.

    Ainsi, il a été l'une des "chevilles ouvrières" de l'organisation et de la mise en oeuvre du premier recensement national de la population en 1966, avant d'être nommé directeur de l'Association algérienne pour le recherche démographique économique et sociale (AARDES) en 1967.

    C'est ainsi que débuta la "riche" et "brillante" carrière de Boukhobza, marquée par une intense activité de recherche et de nombreuses publications scientifiques.

    Il a été l'architecte de base des sondages, des méthodes d'échantillonnage et des grilles de dépouillement de toutes les enquêtes réalisées par l'AARDES de 1967 à 1981.

    Il a également entamé des travaux de recherche en Algérie et en France, sa thèse de doctorat, dirigée par Pierre Bourdieu, ayant été consacrée aux mutations de la société pastorale algérienne (nomadisme et colonisation : analyse et mécanisme de destruction et de disparition de la société pastorale traditionnelle en Algérie).

    Il avait également réalisé une vingtaine d'études sur diverses thématiques, comme l'emploi et les revenus, les phénomènes migratoires, la consommation des ménages, la démographie, les circuits commerciauxà

    Boukhobza qui a été nommé conseiller auprès du ministre de la Planification et de l'Aménagement du territoire en 1982, a été chargé de créer l'Office national pour le suivi et la coordination de l'investissement privé (OSCIP), qu'il dirigea entre 1983 et 1984.

    Il a également été coordonnateur de la commission d'experts "Algérie-2005" qui confectionnera, pour la présidence de la République, le rapport du développement stratégique aux plans politique, économique et social.


    Par APS
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