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Lettre d'un harraga à Abdelaziz Bouteflika

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  • Lettre d'un harraga à Abdelaziz Bouteflika

    Parle-nous comme tu savais si bien le faire ! Tu étais le seul à pouvoir nous parler et nous te comprenions. Enfin nous le pensions. Ceux qui étaient supposés le faire à ta place n’ont pas réussi à nous rallier à leur vision. Nous, qu’on appelait « hitistes » et présentement « harraga », on te ressemble un peu. N’as-tu pas quitté les bancs du lycée pour rejoindre le maquis ?
    N’aviez-vous pas été, toi et tes compagnons, et pendant plus de sept longues années, des « harraga »... un peu comme nous ? Vous avez souvent, contre l’avis des grands, quitté le champ, le lycée et parfois même l’université pour briser le mur du silence. Vous vous sentiez étrangers dans votre propre pays; nous ressentons presque la même chose. On vous traitait de « renégats », de « poseurs de bombes » et de « fellagas ». Le contexte n’est plus le même nous diras-tu, mais l’injustice, le déni d’équité, le dénuement sont mieux acceptés quand ils viennent de l’autre... celui qui a toujours été « l’ennemi intime », mais quand cela vient des proches, nous n’avons comme alternative que la révolte ou le suicide collectif dans les abysses marines. Il y a quelques années de cela, le kif et la « harga »... ça ne se passait que chez nos voisins; nos responsables étaient fiers de nous; ils disaient même que notre jeunesse est « propre ». Malheureusement, ils n’ont pas assez fait pour la garder « au sec ». Leurs discours prometteurs et abstraits ont fini par la « mouiller ». Tous les dispositifs d’insertion des jeunes ont manqué de cohérence et de perspective durable. Le plus décevant a été le pré-emploi dans la fonction publique. Après une année renouvelable une seule fois, nous sommes mis à la porte; on nous offre la possibilité de nous réinscrire dans le dispositif du filet social. De statut de sans emploi, on nous offre celui de chômeur en quête d’une précaire planche de salut. C’est tout de même une évolution dans l’absurdité. Elaborés sans nous, tous les symposiums, recommandations et dispositifs en direction de la jeunesse ont été l’oeuvre de « vieux ». Après un long cheminement labyrinthique administratif, dans le cadre du micro-crédit et du crédit pour la petite entreprise, nous nous sommes retrouvés en face de dragons bancaires: apport personnel, garantie, etc. La durée la plus courte pour la création d’un petit projet a été celle de Sihem de Bordj El-Kiffan qui a mis 15 mois pour pouvoir avoir l’autorisation d’ouvrir son école de plongée sous-marine. Une aussi longue durée n’est pas faite pour encourager les volontés les plus pugnaces. Pendant tes deux campagnes électorales, nous t’avons soutenu, nous avons rempli les stades et grimpé aux arbres pour te voir, t’entendre et si possible te toucher. Tu nous parlais si bien, on te comprenait, tu ne lisais pas de discours... tu disais « ERFA’A RASEK YA BA ! ». Depuis ta maladie que nous avons vécue la peur au ventre et ton rétablissement « Oua lillahi el hamd », on te sent si loin de nous. Tu ne parles que dans les cérémonies officielles et en arabe classique... ou en français, on arrive difficilement à te comprendre. Tu sais bien que la plupart ont quitté prématurément l’école...ils ne comprennent ni l’arabe savant ni le français. Ils n’ont jamais été de bons élèves. Tu dois certainement te demander avec nous, pourquoi le nombre de « harraga » a suivi une courbe progressive comme celle du cours du pétrole. Nos compagnons d’infortune des pays voisins nous en veulent presque de vouloir envahir l’Espagne et la Sardaigne avec eux. Ils ne trouvent pas de raison logique à notre fugue. Les pays « hôtes » se posent la même question avec, cependant, le mépris en sus. Ils considèrent que nous sommes plus riches que les autres illégaux.

    On nous accuse de tous les maux. Il est même suggéré de nous surveiller étroitement lorsque quelques uns d’entre nous réussissent dans l’investissement agricole. Les engrais que nous utilisons peuvent servir à la fabrication d’explosifs ?! Nous avions lancé quelques signaux de détresse qui n’ont malheureusement pas été interceptés à temps. Notre premier appel a été lancé quand on réclamait des visas à Chirac qui t’accompagnait à Bab El-Oued, on introduisait en ta présence un dossier éminemment politique; malheureusement, les têtes qui se disent pensantes n’ont rien compris comme toujours. Elles nous traitaient, ce jour-là, de nouveaux harkis. Bien sûr qu’on aime notre pays...c’est nous qui avons inventé « one, two, tree... », c’est encore nous qui nous drapions de l’emblème national. Nous chantons l’Algérie à la manière de Baaziz ou de Lotfi Double canon; ils sont pour nous ce qu’ont été Driassa ou Saïd Sayah pour vous. Pendant que nous n’étions encore qu’un peu plus de 300 candidats en 2005, on n’a pas fait attention à nous, jusqu’à ce que nos corps, en perdition, flottent sur l’eau. C’est à ce moment que notre cri de détresse devint audible. On s’intéresse à ceux que certains qualifient d’épiphénomènes qui sont, en fait, une véritable tragédie nationale et qui interpellent la société dans toute sa composante. On nous consacre une grande émission télévisuelle; l’effet obtenu fut à l’inverse de celui attendu. Le théâtre filmique du documentaire présenté dans l’émission fut le théâtre tragique de la disparition d’une dizaine de « harraga » presque en live. Le silence religieux qui devrait accompagner ce drame ne fut pas de mise. L’une des reporters interviewées sur le plateau a même avancé que « la harga est un phénomène de mode » pour certains ?! Alors qu’on terminait à peine d’enterrer le dernier des naufragés, au propre et au figuré, on rebalançait le soir même la même émission. Décidément, Ahmed, le jeune de Tiaret qui a tenté six fois la traversée, n’a pas réussi à convaincre. Il ne cherchait pas un travail, il cherchait décidément un fonds pour le faire « rouler » dit-il. Il ne faut surtout pas lui en vouloir, il n’a pas la culture du travail manuel, il a grandi avec l’économie de bazar et du trabendo. La vraie réponse a été donnée par son père, ancien de Sonatiba, qui sait plus que tout autre que la cause du désespoir est dans le débauchage de plus de deux mille ouvriers dans deux entreprises publiques. C’est quand même deux mille familles qui n’ont plus de revenus ou presque plus. Au bord des larmes, le jeune chômeur d’Oran, dont le père est invalidé par la maladie, avoue la tête basse que seule sa mère qui travaille, pourvoit aux besoins nutritionnels d’une couvée composée de dix membres. On lui demande quel est son niveau d’instruction, comme si on allait l’embaucher sur le champ. Et comme si un niveau d’instruction pouvait dire quelque chose quand des détenteurs de diplômes d’études supérieures subissent eux-mêmes les affres du désoeuvrement.
    Le correspondant de la télévision en France n’a pas trouvé mieux que de montrer les antres où se cacheraient les « fauves » pour se dérober du regard de la Guardia ou des Carabinieri. Il en appelle au sens de l’honneur national et du patriotisme, etc., etc.; il ne ressent assurément pas ce que nous ressentons ! Quant au vieil émigré, apparemment en retraite, bénéficiant certainement de revenus en euros, il peut toujours gloser sur les conditions défavorables que vit l’émigration. Mais il ne nous dit pas pourquoi il n’est pas rentré définitivement au pays, lui qui n’a plus rien à faire là-bas ?
    Et si on me posait la question : Que nous faut-il faire ?....je dirais simplement Sid Erraïs que la maison a été construite en fausse équerre, elle ne peut avoir, dans ce cas, que des travers. Rien n’est encore perdu si...

    === MODERATION ===
    Indiquez des titres explicites pour vos sujets de discussions, SVP : http://www.algerie-dz.com/forums/faq...edaction_topic
    Dernière modification par Hope_WIMP, 27 avril 2008, 22h50.
    Connaître les autres, c'est la sagesse. Lao Tseu

  • #2
    Très émouvante et tellement pleine de vérités......
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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    • #3
      Décidément, Ahmed, le jeune de Tiaret qui a tenté six fois la traversée, n’a pas réussi à convaincre. Il ne cherchait pas un travail, il cherchait décidément un fonds pour le faire « rouler » dit-il. Il ne faut surtout pas lui en vouloir, il n’a pas la culture du travail manuel, il a grandi avec l’économie de bazar et du trabendo. La vraie réponse a été donnée par son père, ancien de Sonatiba, qui sait plus que tout autre que la cause du désespoir est dans le débauchage de plus de deux mille ouvriers dans deux entreprises publiques. C’est quand même deux mille familles qui n’ont plus de revenus ou presque plus. Au bord des larmes, le jeune chômeur d’Oran, dont le père est invalidé par la maladie, avoue la tête basse que seule sa mère qui travaille, pourvoit aux besoins nutritionnels d’une couvée composée de dix membres
      Je pense que la video suivante se rapporte à ce passage




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      • #4
        C'est dingue, dingue, dingue

        QUASIMENT IMPOSSIBLE DE TRAVERSER LA MEDITERRANNEE EN BARQUE
        LES GRANDS BATEAUX MARCHANDISES S'ARRETENT PAS , ILS VOIENT PAS TOUJOURS OU NE PEUVENT PAS VOIR

        Reste la Sardaigne et la region Espagnole de Cartagène et Almeria

        MAIS C'EST TROP LOIN , TROP RISQUE en barque



        La misere en Algerie, le deni du Droit OK mais la misère algerienne n'est pas vraiment reconnue à l'etranger.
        L'Algerie n'est pas considérée à l'etranger comme la Somalie, le Cambodge des années 70, Elle n'est pas considérée comme une dictature invivable, ni comme un pays en voie de sous developpement. La parenthese 90 a été refermée

        Inutile de tenter ces fuites suicidaires . Ceux qui peuvent emigrer par d'autres biais moins risqués OK mais pour les autres inutile de risquer votre vie en mer. Abandonnez ce phenomene de Harraga

        Et y a plus grave que cette misere algerienne.........par exemple La leucemie d'un enfant, le Sida, les cancers , sclerose en plaques, un enfant victime de pedophilie etc etc etc

        Allez harragas d'Algerie , votre depit est comprehensible mais arrêtez ce desastre, vos tentatives suicidaires .

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        • #5
          Je suis emue par la vidéo.
          Emue de voire ces jeunes avec autant de désespoire et qui n'attendent rien de la vie.
          On dit notre jeunesse est désoeuvré mais ceux la voudraient bien qu'on les laissent travailler.

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          • #6
            Terriblement désespérant

            Tous ces jeunes désespérerés qui n'espèrent plus rien, juste mourir, quel grand échec, quel gâchis, ....
            Je suis père et fais de mon mieux au regard de cette citation :
            L'exemple, c'est tout ce qu'un père peut faire pour ses enfants. Thomas Mann

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            • #7
              Le Sioux

              Et y a plus grave que cette misere algerienne.........par exemple La leucemie d'un enfant, le Sida, les cancers , sclerose en plaques, un enfant victime de pedophilie etc etc etc

              Allez harragas d'Algerie , votre depit est comprehensible mais arrêtez ce desastre, vos tentatives suicidaires .
              Cette misère est pour eux pire qu'un cancer et il n'existe nul médicament qui le guérisse. Des mots ne suffiront pas pour les arrêter, c'est des actes sur le terrain dont ils ont besoin pour leur redonner un peu d'espoir....
              Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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              • #8
                je lis souvent "qu'on est fiere de notre pays". Fiere de quoi ?
                Je lis souvent "je préfere la misère de mon pays que le deserter" ?
                Je lis souvent " nos martyrs se sont fierement battus pour le pays" : Résultats ?
                Je veux dire simplement à tous ceux qui sont fiers de leur pays, quelle solutions peuvent t-ils apporter à ces malheureux ?
                J'ai remarquer que ceux qui étaient fières de leur pays, n'étaient pas toujours près de nous, mais à l'étranger.
                Y en à marre de pleurer, pas un seul jour sans une larmes.
                Avant d'être fier de quoi que ce soit, regardons autour de nous !!!
                Sommes nous un pays maudit ? NOus avons tous pour être heureux (pétrole, agriculture, climat, etc..) mais chétan vit avec nous !

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                • #9
                  Sommes nous un pays maudit ? NOus avons tous pour être heureux
                  Nous avons tout pour être heureux mais notre esprit reste accroché aux années 60, 80..On est fière de l'équipe nationale de 80, fière des moudjahidines de la guerre d'indépendance...on est tellement content qu'on a peur d'effacer leurs histoires
                  On se sent pas capable de faire mieux...Ou avons nous peut être peur d'échoué malgré que rien n'est fait...?

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                  • #10
                    on ne vit pas dans le passé. On ne l'oublie pas non plus.
                    il faut aller de l'avant. Mais comment faire ?
                    Mr Propre et un bon grattoir ont devraient y arrivée.
                    Vivement les nouvelles générations, malheureusement, il faut ENCORE attendre !

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                    • #11
                      il faut aller de l'avant. Mais comment faire ?
                      L'education..un moyen de faire decouvrir d'autres histoires que celle de la guerre d'independance, faire decouvrir d'autres cultures : Asie, Amerique..
                      leur apprendre a se projeter dans l'avenir...

                      Vivement les nouvelles generations mais qui va eduquer la nouvelle generation ?

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                      • #12
                        faut pas exagerer , ,..il faut sauver celle là déjà les plus de vingt ans .

                        On peut se former à un nouveau metier à 30 ou à 40 ans voire 50 ans.

                        L'Algerie est obligée de multiplier les centre de formations pour jeunes et adultes ( plus les sortis du systeme scolaire)..et de remunerer ces personnes en formation.

                        Y a les moyens et en plus ils vont consommer avec cet argent.

                        On peut former en 6 mois, 1 an , 2 ans selon les metiers

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                        • #13
                          Tant qu'il y aura des haragas qui arrivent à l'autre rive et qu'ils trouvent du travail (contrairement qu'en algerie) payés en plus en euro, le phénoméne ne s'arrêtera jamais.
                          En général, quand ils trouvent du travail c'est au noir dans le batiment, restauration ou autres et ils sont payés dans les 1200 euors donc
                          (~140 000 DA) voir plus, ils enlevent dans les 700 euros pour vivre, et ils leur reste 500 euros, donc ils économisent 6000 euros par/an (~700 000 DA). Au bout de 4 ans ils ont une petite somme de (~2 000 000 DA) ou plus, avec laquelle ils rentrent en Algerie pour créer une petit entreprise individuelle.
                          D'autres prennent malheuresement un autre chemin, celui du trafic de drogue et autres (Allah YAGHFARE).
                          Sauf si le gouvernement Algerien les aide à monter leurs entreprises individuelles et les aider pour faire tourner ces entreprises, ou leurs verser une pension de chomage (correcte), je ne vois pas d'autres solutions.

                          ALLAH YARHAME EL MAOUTA ET APPORTE ESSABRE A LEURS FAMILLES
                          L'ennemi n'est pas forcément celui contre qui l'on se bat Mais celui qui profite des dégâts

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                          • #14
                            A vous de répondre Monsieur le président
                            Viendra le jour où tout deviendra claire

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                            • #15
                              En général, quand ils trouvent du travail c'est au noir dans le batiment, restauration ou autres et ils sont payés dans les 1200 euors donc

                              au noir ça donne pas toujours 1200 € dans la restauration, ou le btp


                              Actuellement à Milan ou Paris ou Marseille..dans le BTP...le manoeuvre un peu maçon au noir touche pas beaucoup

                              Dans le BTP les plus qualifiés peuvent aller jusqu'à 50€ la journée

                              Il a été recensé un emploi BTP Porte de la Chapelle Paris pour 30 € la journée .

                              a suivre

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