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La guerre de l’eau aura-t-elle lieu ?

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  • La guerre de l’eau aura-t-elle lieu ?

    L’agriculture occasionne environ 70 % de toute la consommation d’eau douce sur la planète.

    L’industrie est responsable d’environ 20 % de la consommation mondiale d’eau douce, et cette consommation industrielle augmente beaucoup depuis les années 1950. L’eau est en effet essentielle pour beaucoup de processus industriels : elle sert à refroidir, laver, lubrifier...

    Il faut 80 l d’eau pour produire 1 kg d’acier, 1 250 l pour 1 kg d’aluminium et 8 600 l pour produire une carte mémoire de six pouces
    (source : Wikipédia).

    La guerre de l’eau aura-t-elle lieu ?

    Saviez-vous que le Tibet était le quatrième plus grand réservoir d’eau douce de la planète et que la Chine envisageait le détournement de fleuves qui prennent leur source sur le Toit du Monde au risque d’une catastrophe écologique voire d’une guerre de l’eau ? Voici donc une introduction à l’un des enjeux géostratégiques les plus importants qui justifie à lui seul l’invasion et l’annexion du Tibet par la Chine.

    Cinq fleuves majeurs de l’Asie qui s’écoulent sur 3 à 6 000 km chacun, le Brahmapoutre, le Mékong, l’Indus, le Fleuve Jaune et le Fleuve Bleu ou Yangtsé, ont un point en commun : tous prennent leur source sur le plateau tibétain.

    Et ce plateau tibétain représente la quatrième plus importante source d’eaux douces de la planète après l’Islande, la Nouvelle-Zélande et le Canada.

    Voilà qui ajoute à l’importance géopolitique que la Chine accorde au Tibet. L’Empire du Milieu a pris pied sur le Toit du Monde parce qu’il a soif.

    Une soif qui, avec l’érection intempestive de barrages depuis les années 1990, notamment sur le Mékong, n’est pas sans créer certaines frictions avec le Myanmar (Birmanie), le Vietnam, le Laos, le Cambodge, la Thaïlande et l’Inde.

    Et pas moins de trois milliards d’être humains sont concernés par l’eau qui provient du Tibet.

    La guerre de l’eau aura-t-elle pour autant lieu au Tibet ?

    En 1993, Christian Chesnot fit grand bruit avec son ouvrageLa Bataille de l’eau au Proche-Orient. En effet, pour certains experts, cette dite « bataille de l’eau » représentait un gros enjeu de la fin du dernier millénaire.

    La question alimentait à l’époque certains conflits internes, les rebelles du Sud-Soudan, les Kurdes d’Anatolie ou les chiites du Sud de l’Irak s’y mêlaient. La guerre des Six Jours y avait aussi trouvé en partie son origine avec le projet de détournement du Jourdain. L’occupation de la Cisjordanie obéissait également à des impératifs de sécurité hydraulique. Turquie, Syrie et Irak étaient depuis longtemps concernés avec le Tigre et l’Euphrate.

    D’aucuns avaient prédit que « les guerres au XXIe siècle éclateront à cause de l’eau », déclaration que l’on attribue à Ismaïl Serageldin, vice-président de la Banque mondiale à l’époque, c’était en 1995, alors au début de ce nouveau millénaire, des voix s’élevaient à contre-courant. « La seule vraie guerre de l’eau connue remonte à 4 500 ans », remarquait dans une interview au Courrier de l’Unesco, paru en octobre 2001, le géographe américain Aaron Wolf qui ajoutait : « Elle a opposé deux cités mésopotamiennes à propos du Tigre et de l’Euphrate dans le sud de l’Irak actuel ».

    Certes, en 1979, le président Sadate clamait à propos du Nil que « l’eau était le seul mobile qui pourrait conduire l’Égypte à entrer de nouveau en guerre ». Et l’on a prêté des propos similaires au roi Hussein de Jordanie à propos du Jourdain. C’était en 1990.

    Le géographe américain note alors en 2001 : « Cependant, au cours des 50 dernières années, on ne s’est battu pour l’eau que 37 fois, dont 27 concernaient Israël et la Syrie, à propos du Jourdain et du Yarmouk ».

    Doit-on pour autant être définitivement rassuré ? En effet, les deux tiers des principaux fleuves du globe traversent plusieurs États. En 2005, on dénombrait quelque 269 bassins transfrontaliers contre 214 en 1978. 145 nations ont une partie de leur territoire située sur un de ces bassins dont 60 figurent en Asie.

    En Asie où se situe le Tibet.

    Pour Claude B. Levenson, spécialiste émérite des questions tibétaines, si « la guerre de l’eau n’est pas encore officiellement déclarée » celle-ci semble poindre à l’horizon. L’auteur fait état, et c’est dans son ouvrage Le Tibet publié dans la collection Que Sais-je ? (Puf, avril 2008), à une « sourde compétition entre les deux géants des lieux ». L’inde et la Chine, bien entendu.

    L’Inde et la Chine toutes deux tributaires, comme le Pakistan et le Bangladesh entre autres comme nous l’avons vu, des fleuves géants qui prennent donc leur source parmi les vertigineuses hauteurs tibétaines.

    « Pour l’heure », selon Claude B. Levenson, « la bataille de l’eau est certes engagée » même si « elle ne fait pas encore de vagues ».

    La Chine, en effet, a eu un autre gigantesque projet hydraulique après le « chantier pharaonique » du barrage des Trois Gorges. Le barrage fait 2,3 km de long et est haut de 185 m. Un budget de 30 milliards de dollars. Un lac de retenue de 600 km de long et 2 millions de personnes déplacées.

    Or, le projet de méga-barrage aurait été d’une capacité deux fois supérieure à celle de ces fameuses Trois Gorges sur le Fleuve bleu (Yangtsé) à Yichang au Hubei.

    Le début des travaux était prévu pour 2010. L’ouvrage d’art devait s’élever sur le site des gorges du Saut du Tigre dans la province du Yunnan. Là, au nord-ouest de Li Jiang, les gorges, profondes de 4 km et enserrées entre les chaînes du mont de Jade Vert (5 596 m) et du mont Haba (5 396 m), voient dévaler les torrents - 18 rapides - sur quelque 17 km.

    Un barrage de 276 mètres de haut devait néanmoins entraîner le déplacement de 100 000 autochtones et faire appel à des « explosifs nucléaires » pour percer un tunnel qui aurait relié directement à travers la montagne le début et la fin du coude du fleuve appelé en ces lieux « rivière aux Sables d’or ». Le parcours des eaux aurait été ainsi raccourci de 100 à 15 km.

    A la fin de 2007, le projet a été finalement abandonné suite aux virulentes protestations des autochtones, lit-on par ailleurs, une organisation écologique chinoise, la « Green Watershed », ayant réussi à fédérer avec succès le mécontentement populaire.

  • #2
    Grâce à la même organisation environnementale, un autre projet de 13 barrages sur la rivière Nu, voisine, a lui aussi été rangé au fond des tiroirs après intervention du Premier ministre chinois Wen Jiaobao. C’était en 2004.

    En 2006, la Chine a admis avoir construit un barrage sur la Sutleg comme elle l’avait fait auparavant sur le Mékong au grand dam des pays situés en aval. La Sutleg prend sa source au mont Kaïlash au Tibet et arrose le nord-ouest de l’Inde. Ce barrage chinois sur la Sutleg, au Tibet donc, avait-il été responsable six ans plus tôt d’inondations inexpliquées, mais dévastatrices descendues brutalement en Himachal Pradesh où s’écoule le fleuve dans l’Himalaya indien ?

    Ce que, dans son petit ouvrage Le Tibet, laisserait volontiers entendre Claude B. Levenson qui remarque aussi qu’à l’est de l’Inde encore, l’Arunachal Pradesh avait été de même victime de telles inondations impromptues, « sans raison apparente puisque ces deux régions d’altitude ne reçoivent guère de pluies de mousson ».

    Un autre projet peut-être encore plus inquiétant prévoit de détourner les eaux du Brahmapoutre vers le Fleuve Jaune. Or le Brahmapoutre arrose l’Assam en Inde et le Bangladesh jusqu’à son delta. Ce projet a été inspiré par un ouvrage intitulé Les Eaux du Tibet pour sauver la Chine dont l’idée centrale est redevable à l’hydrologue Guo Kai.

    Projet soutenu par certains, comme Li Guoying, directeur de la Commission de conservation des eaux du Fleuve Jaune, mais rejeté par d’autres comme le ministre chinois des Ressources hydrauliques, Wang Sucheng, qui le jugeait « inutile, infaisable et non scientifique ». Le ministre des Affaires étrangères est quant à lui resté laconique : « La Chine ne prévoit pas de barrage ni de détournement des eaux tibétaines vers le Fleuve Jaune ». C’était en 2006.

    Que va-t-il en être à l’avenir ?

    Si un tel détournement des eaux du Brahmapoutre devenait effectif, il faudrait craindre une « catastrophe humanitaire » pour le Bangladesh, ses sols étant privés des « sédiments nourriciers charriés par les flots » sans parler de la disparition vraisemblable de « l’ultime réserve naturelle du tigre des Sundarbans, dans le delta » (Le Tibet, op., cité).

    Pour reprendre les termes mêmes de Claude B. Levenson, « la Chine, assoiffée d’eau et d’énergie, n’hésite pas à mettre en danger l’équilibre écologique de ses voisins, et au-delà de l’ensemble du continent ».

    Donc tout est à craindre

    Sachant que comme le notait en 2001 le géographe américain Aaron Wolf dans le Courrier de l’Unesco : « Sur le plan stratégique, se battre pour de l’eau est absurde : on n’accroît pas ses réserves en faisant la guerre au voisin, à moins de s’emparer de tout son bassin hydrographique et de le vider de ses habitants et ce, au risque de terribles représailles ».

    L’Armée rouge de Mao a envahi le Tibet en 1950 sans encourir aucune de ces terribles représailles. Puis la Chine a annexé le pays tout en le découpant en morceaux et en veillant à ce que les Tibétains deviennent minoritaires sur leur propre terre.

    On comprend donc mieux ainsi le pourquoi du comment de la présence de la Chine au Tibet et l’acharnement quasi pathologique de Pékin à voir dans la terre ancestrale des Tibétains une partie inaliénable de la « patrie » chinoise !

    Par le passé, à l’époque du « Grand Frère soviétique », on s’était en Asie centrale rendu coupable d’une gigantesque catastrophe écologique aux fins d’irrigation en détournant les eaux de deux fleuves, le Syr-Daria et l’Amou-Daria, alimentant la mer d’Aral. Étendue d’eau autrefois grande comme le Portugal, la mer d’Aral est devenue un lac salé qui se dessèche au milieu d’un désert.

    Va-t-on, sur le Toit du Monde, laisser Pékin jouer les apprentis sorciers avec les prodigieuses ressources hydrauliques du plateau tibétain ?
    Et, si Pékin en venait tôt ou tard à mettre en œuvre ses projets de détournement des grands fleuves qui prennent leur source au Tibet, « partie intégrante de la Chine », qui aurait-il le pouvoir de s’immiscer dans ses « affaires intérieures » ?

    - Agoravox

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