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Le père de l'urologie à Oran: le Professeur Maâmar Bennaï

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  • Le père de l'urologie à Oran: le Professeur Maâmar Bennaï

    Durant la sombre période de l'OAS, Maâmar Bennaï reçoit l'ordre du FLN de rejoindre le centre médical Tombouctou se trouvant à M'dina Jdida. Il avait pour mission de se charger des blessés victimes des attentats de cette organisation terroriste.

    Vite, il comprit l'ampleur de la tâche qui attend son pays qui s'apprêtait à accéder à l'indépendance et, surtout, le manque à combler en matière de cadres, notamment dans le domaine de la santé. Accumulant les tâches volontairement, il se lança dans la formation des infirmières.

    Son statut à l'époque ne lui permettait pas d'autres prétentions. Mais en se portant volontaire, il cherchait peut-être à rattraper le temps perdu. En effet, entre 1954 et 58, le Professeur Bennaï, confronté à un dilemme, ne travaillera pas. Exercer en tant que médecin, alors que la lutte de Libération nationale venait d'être déclenchée, lui semblait se compromettre avec l'occupant. En même temps, il ne pouvait se résoudre à rejoindre le front. C'est en 1958, quand il emmena un de ses enfants malade chez un médecin à Chlef, qu'il décida de remettre son tablier. Vite, « El djebha » prit contact avec lui. De temps à autre, il devait faire des sauts au maquis pour soigner ou opérer des blessés. Sa voiture, de marque Opel, servira pour la fuite de deux prisonniers appartenant au FLN de la maison d'arrêt de cette ville. Laissant son épouse et ses enfants encore en bas âge, il continuera, mais cette fois-ci à visage découvert, sa mission de médecin au service d'une cause. Une fois l'indépendance proclamée, il sera installé au CHU Oran, pas encore doté de statut d'institution universitaire. Il chapotera le service de chirurgie. Entre-temps, il reprendra ses études.

    Apparemment, son projet de mettre en place un service d'urologie avait mûri dans sa tête. Il a fait partie de l'équipe du Professeur Zmirli à Alger, un algéro-tunisien, initiateur incontesté de l'urologie en Algérie. Il obtiendra son agrégation avec Kaüss Anderson, une sommité dans la discipline à cette époque. Dès son installation par l'ALN au CHU Oran, il tentera de « pomper » le maximum du Professeur Paress, qui assurait les opérations relevant de cette discipline au niveau de cet établissement hospitalier.

    En 1972, quand l'urologie sera dégagée de la chirurgie et dotée d'un service à elle, donc reconnue en tant que spécialité à part entière, il se lancera dans la seconde mission de sa vie, de loin la plus importante : la formation. Il ramènera une équipe de coopérants qu'il dirigera. Elle était composée d'un Egyptien (Ahmed Al Atribi) formé à Oxford, de deux Tchèques (Kopeski Edouard et Vach) et d'une Polonaise (Mme Laska).

    Tirant le maximum de ces confrères, il s'essayera de transmettre son savoir à ses résidents qu'il menait à la baguette. Certains d'entre eux évoquent toujours son caractère intraitable avec ses étudiants. Mais on lui reconnaît la formation de la centaine d'urologues qui encadrent les établissements hospitaliers de tout l'ouest algérien et qui, à leur tour, ont formé d'autres urologues. Pour atténuer quelque peu l'image qu'il s'est faite au sein de ses étudiants, il répétait « nous les médecins on est mal aimé. Parce que nous avons l'habitude de voir les gens dénudés ». A un de ses résidents, il dira « Monsieur je ne vous aime pas, mais j'ai beaucoup de respect pour vous ».

    Convaincu de la portée de sa mission, il ne mâchait pas ses mots. Mieux, ne craignant pas d'être « dépassé » par ses émules, il n'a jamais hésité de les envoyer à l'étranger pour compléter leur formation. A tour de rôle, ils bénéficiaient de bourses de formation dans les universités françaises. Un de ses étudiants reconnaît qu'il avait une longueur d'avance par rapport à son temps. En 1979, dira-t-il, il a ramené le Professeur De Bernard, un pionnier dans le domaine de la greffe, pour superviser une opération d'autogreffe réalisée sur un chien. Déjà, à cette époque, il envisageait la greffe d'organes, notamment des reins, estime notre interlocuteur.

    Dans la profession, quand on évoque son nom, on lui reconnaît sa fermeté sans méchanceté. Toujours élégant, maîtrisant l'art de la réplique, il n'était pas d'abord facile. « On n'osait pas franchir le seuil de son bureau », dira un de ses étudiants. Aussi, il est réputé par son caractère foncièrement réfractaire à la compromission. Il a occupé le poste de vice-recteur de l'Université d'Oran qu'il a quitté quelque temps après. Son épouse exprimera cette exigence de tempérament de son mari mais autrement. Quand il a décidé de s'installer à Oran en 1962, il rejettera les propositions qui lui ont été faites d'occuper une villa de son choix quitte à chasser ses occupants. « Je refuse les demeures des larmes », répétait-il. En plus, souligne-t-il, dès le départ, il avait décidé d'acquérir une habitation en fonction de ses moyens. Finalement, son choix se fixa sur celle que lui a vendue Mme Delon, se trouvant à la rue Boughalem Abdelkader ex-Caporal Jean Pierre. Parmi ses choix qui ont pesé dans sa vie et celle de sa famille, son renoncement à son cabinet médical se trouvant au boulevard Front de mer pour se consacrer au service public. Dès que la décision interdisant aux médecins d'exercer partiellement dans le privé en même temps que dans le secteur public, il céda son cabinet à un de ses fils. Un membre de sa famille nous dira qu'il vouait un respect énorme à Boumediene, lui qui entretenait l'apparence d'un bourgeois bien installé.

    Le sort s'est abattu sur ce professeur qui avait consacré l'essentiel de sa vie à la formation des médecins. Après la perte d'une fille de 16 ans, il enterra un de ses frères. Il prendra sa retraite aux débuts des années 90. Parallèlement à sa profession, il dirigeait une équipe d'équitation. Il supervisait une équipe de basket. En dehors du CHU Oran, il était quelqu'un d'autre, nous dira un parent à lui. « On ne lui connaît pas ce caractère strict qu'on lui attribue », souligne-t-il.

    Ironie de l'histoire : le Professeur Bennaï est mort le 10 Octobre 2000 suite à un cancer de la vessie. Une tumeur qu'il avait traînée au moins deux ans. Lui qui a mis en place le service de l'urologie...

    Par Le Quotidien d'Oran

  • #2
    Aaaah mercii je l'utiliserai cet article !!

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