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La mondialisation de l'économie et la doctrine socialiste

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  • La mondialisation de l'économie et la doctrine socialiste

    Le Parti socialiste français aura été le dernier, parmi les partis socialistes européens, à faire sa mue idéologique. Il vient de rendre publique une déclaration de principe, à soumettre pour adoption au congrès qui doit se tenir le 14 juin 2008.

    Dans cette déclaration, le Parti socialiste français souligne qu’il n’est plus «un parti de classe qui a pour but de socialiser les moyens de production et d’échange», comme il le déclarait en 1905.

    De même, le PS n’est plus «un parti essentiellement révolutionnaire... qui a pour but... d’abolir les classes sociales» (déclaration de 1946). Rappelons aussi qu’en 1969 le PS français estimait «qu’il ne peut exister de démocratie réelle dans la société capitaliste» et que le but final est «non d’aménager un système mais de lui en substituer un autre».

    Le Parti socialiste français a été depuis sa création un parti anticapitaliste, un parti révolutionnaire et les évolutions doctrinales et idéologiques ont été marginales. Ce n’est qu’en 1990, au lendemain de la chute du Mur de Berlin, que cet enthousiasme révolutionnaire est tempéré pour ne pas dire mis au placard, puisque la déclaration adoptée à cette date soulignait que «le parti de rassemblement, le PS, met le réformisme au service des espérances révolutionnaires...

    La faillite des sociétés bureaucratiques ne doit pas faire oublier que le capitalisme produit des inégalités». Notons les notions de réformisme et l’expression faillite des sociétés bureaucratiques (comprendre les anciens pays socialistes).

    Et pour la première fois, le PS se dit «favorable à une société mixte» reconnaissant «les règles du marché». Dans sa récente déclaration de principe, rendue publique mardi 22 avril (voir Le Monde du 22/04/2008), le Parti socialiste français assume pleinement sa nature social-démocrate, «réformiste » ainsi que sa volonté «d’exprimer l’intérêt général du peuple français», conscient que «la transformation sociale radicale... ne se décrète pas» et qu’il est prêt à «changer la vie par la loi et le contrat».

    Fini le «grand soir», finie la rupture révolutionnaire, finie la lutte de classes.

    Le texte publié établit l’obligation de «garantir pour tous la sécurité des personnes et des biens, sans laquelle il n’y a pas de liberté réelle». La nation est définie «comme un contrat entre citoyens libres et responsables». Ainsi avec ces «correctifs» de la doctrine du PS français, le socialisme universellement admis aujourd’hui devient «économie de marché, démocratie sociale, citoyenneté, protection sociale et solidarité».

    Dans le domaine économique, l’article 6 de la déclaration de principe du PS affirme : «Les socialistes sont partisans d’une économie sociale et écologique de marché, une économie de marché régulée par la puissance publique ainsi que par les partenaires sociaux. Le système voulu par les socialistes est une économie mixte, combinant un secteur privé dynamique, des services publics de qualité, un tiers secteur d’économie sociale».

    On se met à rêver d’un tel système économique pour l’Algérie.

    Surtout lorsqu’on lit aussi dans la déclaration du PS : «La régulation... est un rôle majeur de l’Etat pour concilier l’économie de marché, la démocratie et la cohésion sociale».

    Et voilà formulé le triptyque qui devrait inspirer un projet pour l’Algérie :
    - Economie de marché
    - Démocratie
    - Cohésion sociale.

    Le modèle économique à construire est défini dans l’article 07 de la déclaration : «Un modèle de développement durable qui conjugue la croissance, l’innovation technologique, l’impératif écologique, la création d’emplois, la protection sociale.»

    Travailler à rendre compatibles ces objectifs est assurément une aventure qui vaut d’être lancée en Algérie, pays où le combat pour l’Etat social est inscrit dans l’histoire du mouvement national.

    Cet Etat social, qui «privilégie d’abord l’investissement productif au détriment de la rente, assure une protection contre les risques sociaux ; repose sur une redistribution assumée». Ici aussi, beau programme pour l’Algérie. Et enfin «l’Etat moderne doit être un Etat qui investit et émancipe en privilégiant l’éducation, la recherche, l’innovation, la culture ». Comme on peut le constater, la mondialisation de l’économie a eu raison des dernières velléités de placer le social avant l’économique. Les socialistes français reconnaissaient déjà lors de leur dernière campagne présidentielle qu’ils «savaient redistribuer, mais qu’ils ne savaient pas produire».

    Sans renier l’Etat social, ils reconnaissent la nécessité du combat de la compétitivité, celui du calcul économique.

    Mais comment concilier Etat social et compétitivité économique, croissance de l’entreprise et redistribution ? Bien évidemment, il ne peut y avoir ici que «des solutions concrètes à des situations concrètes».

    Par Abdelmadjid Bouzidi, Le Soir
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