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L'étain serait-il suracheté ?

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  • L'étain serait-il suracheté ?

    Record historique pour l'étain

    Après le nickel, l'or, le platine, le blé, le brut, le soja et bien d'autres matières comme le sucre ou le cacao, c'est au tour de l'étain d'atteindre sur les marchés à terme des niveaux de prix historiques. Le prix de l'étain a gagné 50% depuis le début de l'année et 130% sur un an, passant de 10 000 $ la tonne début 2007 à plus de 23 000 $ actuellement.
    Le contrat à six mois sur l'étain a atteint il y a huit jours les 24 300 $ la tonne sur le LME. Et rien que sur le mardi et mercredi qui ont précédé, le cours avait déjà gagné 11%.


    Sommes-nous confrontés à des fluctuations irrationnelles nées de la folie spéculative des investisseurs ? Où s'agit-il de fondamentaux bel et bien avérés ?
    Essayons d'y voir plus clair...
    Le facteur déclenchant ? La Chine...
    Toujours elle ! En effet, elle enregistre un recul de sa production domestique d'étain. Donc, forcément, les investisseurs spéculent sur une hausse de la demande d'étain sur les marchés internationaux. Car la Chine a besoin de cette matière première indispensable. Elle devra donc s'approvisionner en important du métal afin de compenser une production nationale insuffisante.
    L'Indonésie veut mettre en place des quotas
    C'est bien entendu le moment que choisit l'Indonésie, second plus gros producteur mondial, pour annoncer la probable mise en place de quotas à l'exportation, afin de limiter annuellement les sorties d'étain à 100 000 tonnes. Objectif : accroître la durée de vie de ses mines, réduire l'impact négatif sur l'environnement et empêcher l'extraction illégale d'étain.
    Au premier abord, cela semble effrayant, les producteurs d'étain étant peu nombreux et la demande forte. Mais relativisons les choses. L'an passé, l'Indonésie a produit 85 000 tonnes d'étain. Bien en deçà des 100 000 tonnes. Côté offre indonésienne, le marché restera donc tendu, mais pas plus que l'an passé.
    Cela dit, il est vrai qu'en 2006, l'Indonésie a produit 125 000 tonnes d'étain et 240 000 tonnes en 2005. Mais ça, c'était avant la fermeture des mines sauvages et illégales. Ce temps est révolu.
    La Chine devient importateur net d'étain
    Vous connaissez l'appétit gargantuesque de la Chine pour les matières premières. Premier producteur mondial, elle est aussi le premier consommateur d'étain et elle n'arrive plus à faire face à ses propres besoins. Depuis septembre 2007, la Chine importe de l'étain. Déjà en décembre 2007, ses exportations étaient en baisse de 52% et ses importations en hausse de 28% par rapport à décembre 2006.
    Au premier trimestre de cette année, la Chine a fortement augmenté ses importations d'étain en ponctionnant quelque 3 740 tonnes de métal sur les marchés internationaux. Soit un doublement du niveau de ses importations.
    En même temps, la production chinoise a baissé de 13,3% à 31 000 tonnes. Cela dit, ne prenons pas ces chiffres au pied de la lettre. Il est encore trop tôt pour dégager une tendance de fond. N'oubliez pas que la fête du nouvel an et les vacances qui l'accompagnent, peuvent fausser les comparaisons. Peut-être n'y aurait-il pas eu de recul de la production s'il n'y avait pas eu les fêtes du nouvel an chinois.
    Pourquoi tant de remous autour de ces chiffres ?
    Tout simplement parce que la spéculation entre ici en scène avec force et vigueur. Les rumeurs vont bon train et les investisseurs parient sur un changement fondamental du marché de l'étain.
    Leur pari ? La Chine, plus gros producteur et consommateur d'étain, pourrait cette année pour la première fois passer d'exportateur à importateur net d'étain. Même si les importations restent pour l'instant relativement minimes, nous pourrions bien assister à un changement fondamental de l'équilibre du marché, la Chine ayant, jusqu'à présent, toujours été un gros exportateur d'étain.
    Les taxes à l'exportation atteignent leur objectif
    La demande intérieure chinoise est si vigoureuse que les autorités ont décidé de taxer les exportations pour dissuader les producteurs d'exporter. Depuis le premier janvier, toutes les exportations d'étain sont donc soumises à une taxe de 10%. Encore un facteur de soutien au cours...
    L'objectif est double : réduire la consommation énergétique de cette industrie fortement énergivore en freinant les exportations d'étain (la Chine présentant structurellement un solde excédentaire sur ce marché). Selon certains producteurs chinois d'étain, exporter du métal est devenu très difficile, pour ne pas dire impossible. Il s'agit donc de garder la production domestique pour les besoins nationaux.
    Les fondamentaux de l'étain sont solides
    Pour mémoire, la Chine produit 32% de l'étain mondial, soit quelque 125 000 tonnes. Viennent ensuite le Pérou et l'Indonésie, avec respectivement 26% (85 000 tonnes) et 22% (38 000 tonnes) de la production, puis la Bolivie (18 000 tonnes). Ces quelques pays font l'essentiel de l'offre.
    L'offre est insuffisante, très concentrée et se réduit, la production chinoise ne suffisant plus et l'Indonésie souhaitant restreindre sa production. Même la Bolivie est confrontée à des problèmes de production.
    La demande d'étain reste forte, notamment la demande chinoise qui a grimpé de 30% entre 2002 et 2006, de quelque 9% en 2007 et de 5% en 2008 selon les estimations.
    L'industrie de l'emballage, grosse consommatrice d'aluminium, remplace de plus en plus l'alu par l'étain dans la fabrication des boîtes de conserve dont la demande s'envole ! La population chinoise migre vers les villes et est de plus en plus friande de boîtes de conserve qui se sont substitué au potager familial ! Un moyen rapide et pas cher de nourrir toute la famille...
    Quant au stock d'étain, s'il n'est pas au plus bas, il est tout de même relativement faible. Le LME dispose de seulement 7 900 tonnes d'étain en stock.
    Enfin, graphiquement, les traders visent les 28 000 $ à moyen terme.
    Mon avis ?
    Que le prix de l'étain soit élevé est fondamentalement justifié. Un cours de 15 000/18 000 $ se justifie. Mais pas une envolée à 24 300 $ ! Nous entrons ici dans le domaine de la spéculation pure, voire de l'irrationnel.
    L'étain est, à mon avis, suracheté et je m'attends à ce qu'il consolide pour revenir à des niveaux certes élevés, mais raisonnables. Reste à savoir quand...
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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