Friedrich Wilhelm Nietzsche (né le 15 octobre 1844 à presbytère de Roecken, près de Leipzig en Allemagne et mort le 25 août 1900 ) est certainement le philosophe et philologue ayant le plus marqué le dernier siècle. Ses écrits sont connus pour être très critiques à l’égard de la religion et de la moralité. Nonobstant les commentaires qu’il puisse susciter sur la pertinence de sa pensée, il n’en demeure pas moins que ses idées restent d’actualité et inspirent toujours. Connaissons nous assez Nietzsche?
Non, sans s’en passer de faire une petite biographie de la personne, on esquivera également quelques points essentiels formant sa réflexion.
Friedrich Nietzsche est issu d’une famille luthérienne et son père Karl-Ludwig fut pasteur protestant. Il avait une sœur Elisabeth et un frère Ludwig Joseph. Alors qu’il n’avait que 4 ans Il perdit sont père âgé de 36 ans, qui souffrit d'une tumeur au cerveau, puis son frère une année après ce qui l'affecta profondément malgré son jeune âge. Nietzsche grandit alors dans un milieu exclusivement féminin, entouré de sa mère, de sa sœur, de sa grand-mère et de ses tantes. Après avoir renoncé à la carrière de pasteur, Friedrich Nietzsche étudie la philologie et il fut influencé par plusieurs grands auteurs notamment Lange, Von Hartmann, Emerson, Démocrite et surtout Arthur Schopenhauer et son célèbre livre « Le Monde comme volonté et comme représentation (il rejeta par la suite le pessimisme du Schopenhauer). Il devient professeur de philosophie en 1869 à l'université de Bâle, mais il doit s'arrêter d'enseigner en 1879 pour raisons de santé. Nietzsche se lie d'amitié avec Richard Wagner avec lequel il finira par se brouiller. De 1880 à 1889, Nietzsche publie ses principaux ouvrages : Le voyageur et son ombre (1880) Aurore (1880-1881) ; Le Gai savoir (188l-1882) ; Ainsi parlait Zarathoustra (1882-1885, il est le plus populaire de ses livres) ; Par-delà le Bien et le Mal (1886) ; La généalogie de la morale (1887). L'année 1888, qui précède l'effondrement final, est une année très riche pour Nietzsche. Il écrit Le crépuscule des Idoles, Le cas Wagner, L'Antéchrist, Ecce homo (ce dernier ouvrage ne paraîtra qu'en 1908). Bien sûre, on ne va pas omettre de citer ces premiers ouvrages qui sont : l’Origine de la tragédie (1871) et Humain, trop humain (1878)
S’agissant de sa pensée, j’ai choisi quelques axes que j’aie jugé très importants, mais cette discussion a t elle pour objectif d’être enrichie finalement. Je veux juste, avant, éclairer quelques concepts fondamentaux qui construisent la démarche du Nietzsche :
-la volonté de puissance, envisagée comme énergie conquérante et dominatrice, comme volonté d'un surplus de force active et dynamique, comme faculté créatrice et plénitude de l'âme ; elle consiste, sous sa forme la plus haute, à créer et à donner ;
-le surhomme : c'est l'homme libre d'esprit et de cœur, le créateur, le point le plus haut de la transcendance humaine ;
-l'esclave : il est le faible, celui qui est incapable de créer authentiquement et vit dans le ressentiment qui n’a pas cette volonté de puissance;
-le ressentiment : conçu comme sentiment de rancune et d'amertume, ressenti par les faibles devant les créateurs et les maîtres, et qui sera à l'origine des valeurs morales (…pêché original).
Revenant donc à sa pensée, qui fut, il faut l’avouer, exploiter à fond par les nazis et a servi de justificatif aux pires entreprises fascistes.
*La conception de l’homme supérieur( à ne pas confondre avec le concept du Surhomme) : La critique nietzschéenne du monde contemporain a pour corollaire la promotion de valeurs aristocratiques, telles la hiérarchie, la noblesse de sang, le commandement et la soumission, la guerre, etc. Voilà un passage d’un de ses livres qui en dit long :« Vivre, c'est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l'étranger, l'opprimer, lui imposer durement ses propres formes, l'assimile ou tout au moins l'exploiter » voir Par-delà le bien et le mal, § 259. Nietzsche serait il aussi cruel, lui qui écrit également dans le même livre qu’ « il serait plus aimable de nous attribuer, de nous imputer, de vanter en nous, au lieu de la cruauté, quelque chose comme un excès de sincérité - nous libres et très libres esprits. Et telle sera peut-être un jour notre gloire posthume » §230.Cette cruauté serait une dimension nécessaire de la volonté de puissance. Pour Nietzsche, il y a deux grandes directions de la volonté de puissance : l'actif et le réactif. Dans une volonté de puissance active, la force affirme sa différence d'avec les autres forces. Dans une volonté de puissance réactive, la force s'efforce de séparer la force concurrente de ce qu'elle peut. D’après sa réflexion, le monde n’est qu’un champ de forces qui soit s’opposent soit s’ordonnent dans un rapport hiérarchique sous la domination de l’une d’entre elles. La volonté de puissance, qui est le concept clé de la métaphysique du Nietzsche, implique qu'il n'y a de valeur qui s'impose, de force qui s'effectue, sans que d'autres valeurs ou forces soient rejetées ou dominées (voir également son livre Naissance de la tragédie).
*L'Éternel retour : un concept central de sa pensée et il est déduit de celui de volonté de puissance : l'être n'existe pas( nihilisme), l'Univers n'atteint jamais un état final, il n'a pas de but (ce qui implique aussi le rejet de tout modèle mécanique) ; en conséquence, l'Univers n'est ni devenu ni à devenir , il n'a jamais commencé à devenir (le rejet du créationnisme) ; l'Univers est fini (reconnaissance que l'idée d'une force infinie est absurde et reconduirait à la religion) ; la volonté de puissance est une quantité de force or, selon les points précédents, l'Univers est composé d'un nombre fini de forces et le temps est un infini. Toutes les combinaisons possibles doivent donc pouvoir revenir un nombre infini de fois.
*Elévation de l’homme (le surhomme) : Pour cela Nietzsche a souhaité la destruction des valeurs de l'idéalisme platonicien et chrétien qui ont gouverné jusqu'ici l'Occident et qui, selon Nietzsche, menacent de conduire l'humanité à son autosuppression. A préciser juste que les trois concepts là de volonté de puissance, de l’éternel retour et du surhomme sont imbriqués et se succèdent. Par exemple être « volonté de puissance », c'est ne jamais être identique à soi (avec l’éternel retour), c'est être toujours porté au-delà de « soi » (surhomme).
* Qu’en est t il de la religion chez Nietzsche ? La problématique pour Nietzsche était de comprendre l'extension de la religion sur les masses à partir de la sociologie. Pour lui les dieux ne sont pas descendus du ciel, tout casqués. Ils ont leur origine dans l'esprit des hommes. Ces dieux apparaissent dans" l'intellect d'une humanité primitive et sans maturité " ( voir son livre Aurore § 91). Cette humanité, désemparée devant les forces qui se manifestent dans la nature ou en l'homme, en cherche l'explication hors d'elle. Au lieu d'attribuer à une causalité naturelle les phénomènes qui s'y produisent, elle les met au compte de l'arbitraire et de la liberté d'une puissance supérieure. Ainsi, la religion apparaît à Nietzsche comme étant une illusion qui tient à une confusion psychologique entre la cause et l'effet. Incapable de maîtriser les forces qui le dominent, il entretient avec elles des rapports magiques. Pour amadouer ces dieux qui se dressent sur lui, l’homme recourt à des « des supplications et des prières, par la soumission, par l'engagement à s'acquitter d'offrandes et de tributs réguliers, par des célébrations flatteuses qu'il sera possible d'exercer une contrainte sur les puissances de la nature, en ce sens qu'on se les rendra favorables: l'amour enchaîne et on l'enchaîne" (voir Humain trop humain ap111). La fabrication des dieux relève pour Nietzsche de la pathologie et de délire. L’homme religieux est un malade qui s’invente une explication personnelle du monde.La religion vient de la scission de l’être humain. Comment Nietzsche explique cela ? D'abord, en comprenant comme une révélation d'en haut ce qui n'est qu'une émanation de lui-même, il soustrait sa propre croyance au doute. Ensuite, face à une vie sans joie, où le malheur guette à chaque tournant, il se donne le moyen d'y échapper et se console de sa dureté en vivant dans l'espérance d'une autre vie. Il n’en demeure pas moins qu’il déclare dans l’aphorisme 110 de Humain trop humain que la religion est utile, même nécessaire à l’homme en ce qu’elle lui donne la force de vivre.
Quant de l’Islam, il s’est montré plutôt admiratif et le considère comme une merveilleuse civilisation (voir l’Antéchriste).
Non, sans s’en passer de faire une petite biographie de la personne, on esquivera également quelques points essentiels formant sa réflexion.
Friedrich Nietzsche est issu d’une famille luthérienne et son père Karl-Ludwig fut pasteur protestant. Il avait une sœur Elisabeth et un frère Ludwig Joseph. Alors qu’il n’avait que 4 ans Il perdit sont père âgé de 36 ans, qui souffrit d'une tumeur au cerveau, puis son frère une année après ce qui l'affecta profondément malgré son jeune âge. Nietzsche grandit alors dans un milieu exclusivement féminin, entouré de sa mère, de sa sœur, de sa grand-mère et de ses tantes. Après avoir renoncé à la carrière de pasteur, Friedrich Nietzsche étudie la philologie et il fut influencé par plusieurs grands auteurs notamment Lange, Von Hartmann, Emerson, Démocrite et surtout Arthur Schopenhauer et son célèbre livre « Le Monde comme volonté et comme représentation (il rejeta par la suite le pessimisme du Schopenhauer). Il devient professeur de philosophie en 1869 à l'université de Bâle, mais il doit s'arrêter d'enseigner en 1879 pour raisons de santé. Nietzsche se lie d'amitié avec Richard Wagner avec lequel il finira par se brouiller. De 1880 à 1889, Nietzsche publie ses principaux ouvrages : Le voyageur et son ombre (1880) Aurore (1880-1881) ; Le Gai savoir (188l-1882) ; Ainsi parlait Zarathoustra (1882-1885, il est le plus populaire de ses livres) ; Par-delà le Bien et le Mal (1886) ; La généalogie de la morale (1887). L'année 1888, qui précède l'effondrement final, est une année très riche pour Nietzsche. Il écrit Le crépuscule des Idoles, Le cas Wagner, L'Antéchrist, Ecce homo (ce dernier ouvrage ne paraîtra qu'en 1908). Bien sûre, on ne va pas omettre de citer ces premiers ouvrages qui sont : l’Origine de la tragédie (1871) et Humain, trop humain (1878)
S’agissant de sa pensée, j’ai choisi quelques axes que j’aie jugé très importants, mais cette discussion a t elle pour objectif d’être enrichie finalement. Je veux juste, avant, éclairer quelques concepts fondamentaux qui construisent la démarche du Nietzsche :
-la volonté de puissance, envisagée comme énergie conquérante et dominatrice, comme volonté d'un surplus de force active et dynamique, comme faculté créatrice et plénitude de l'âme ; elle consiste, sous sa forme la plus haute, à créer et à donner ;
-le surhomme : c'est l'homme libre d'esprit et de cœur, le créateur, le point le plus haut de la transcendance humaine ;
-l'esclave : il est le faible, celui qui est incapable de créer authentiquement et vit dans le ressentiment qui n’a pas cette volonté de puissance;
-le ressentiment : conçu comme sentiment de rancune et d'amertume, ressenti par les faibles devant les créateurs et les maîtres, et qui sera à l'origine des valeurs morales (…pêché original).
Revenant donc à sa pensée, qui fut, il faut l’avouer, exploiter à fond par les nazis et a servi de justificatif aux pires entreprises fascistes.
*La conception de l’homme supérieur( à ne pas confondre avec le concept du Surhomme) : La critique nietzschéenne du monde contemporain a pour corollaire la promotion de valeurs aristocratiques, telles la hiérarchie, la noblesse de sang, le commandement et la soumission, la guerre, etc. Voilà un passage d’un de ses livres qui en dit long :« Vivre, c'est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l'étranger, l'opprimer, lui imposer durement ses propres formes, l'assimile ou tout au moins l'exploiter » voir Par-delà le bien et le mal, § 259. Nietzsche serait il aussi cruel, lui qui écrit également dans le même livre qu’ « il serait plus aimable de nous attribuer, de nous imputer, de vanter en nous, au lieu de la cruauté, quelque chose comme un excès de sincérité - nous libres et très libres esprits. Et telle sera peut-être un jour notre gloire posthume » §230.Cette cruauté serait une dimension nécessaire de la volonté de puissance. Pour Nietzsche, il y a deux grandes directions de la volonté de puissance : l'actif et le réactif. Dans une volonté de puissance active, la force affirme sa différence d'avec les autres forces. Dans une volonté de puissance réactive, la force s'efforce de séparer la force concurrente de ce qu'elle peut. D’après sa réflexion, le monde n’est qu’un champ de forces qui soit s’opposent soit s’ordonnent dans un rapport hiérarchique sous la domination de l’une d’entre elles. La volonté de puissance, qui est le concept clé de la métaphysique du Nietzsche, implique qu'il n'y a de valeur qui s'impose, de force qui s'effectue, sans que d'autres valeurs ou forces soient rejetées ou dominées (voir également son livre Naissance de la tragédie).
*L'Éternel retour : un concept central de sa pensée et il est déduit de celui de volonté de puissance : l'être n'existe pas( nihilisme), l'Univers n'atteint jamais un état final, il n'a pas de but (ce qui implique aussi le rejet de tout modèle mécanique) ; en conséquence, l'Univers n'est ni devenu ni à devenir , il n'a jamais commencé à devenir (le rejet du créationnisme) ; l'Univers est fini (reconnaissance que l'idée d'une force infinie est absurde et reconduirait à la religion) ; la volonté de puissance est une quantité de force or, selon les points précédents, l'Univers est composé d'un nombre fini de forces et le temps est un infini. Toutes les combinaisons possibles doivent donc pouvoir revenir un nombre infini de fois.
*Elévation de l’homme (le surhomme) : Pour cela Nietzsche a souhaité la destruction des valeurs de l'idéalisme platonicien et chrétien qui ont gouverné jusqu'ici l'Occident et qui, selon Nietzsche, menacent de conduire l'humanité à son autosuppression. A préciser juste que les trois concepts là de volonté de puissance, de l’éternel retour et du surhomme sont imbriqués et se succèdent. Par exemple être « volonté de puissance », c'est ne jamais être identique à soi (avec l’éternel retour), c'est être toujours porté au-delà de « soi » (surhomme).
* Qu’en est t il de la religion chez Nietzsche ? La problématique pour Nietzsche était de comprendre l'extension de la religion sur les masses à partir de la sociologie. Pour lui les dieux ne sont pas descendus du ciel, tout casqués. Ils ont leur origine dans l'esprit des hommes. Ces dieux apparaissent dans" l'intellect d'une humanité primitive et sans maturité " ( voir son livre Aurore § 91). Cette humanité, désemparée devant les forces qui se manifestent dans la nature ou en l'homme, en cherche l'explication hors d'elle. Au lieu d'attribuer à une causalité naturelle les phénomènes qui s'y produisent, elle les met au compte de l'arbitraire et de la liberté d'une puissance supérieure. Ainsi, la religion apparaît à Nietzsche comme étant une illusion qui tient à une confusion psychologique entre la cause et l'effet. Incapable de maîtriser les forces qui le dominent, il entretient avec elles des rapports magiques. Pour amadouer ces dieux qui se dressent sur lui, l’homme recourt à des « des supplications et des prières, par la soumission, par l'engagement à s'acquitter d'offrandes et de tributs réguliers, par des célébrations flatteuses qu'il sera possible d'exercer une contrainte sur les puissances de la nature, en ce sens qu'on se les rendra favorables: l'amour enchaîne et on l'enchaîne" (voir Humain trop humain ap111). La fabrication des dieux relève pour Nietzsche de la pathologie et de délire. L’homme religieux est un malade qui s’invente une explication personnelle du monde.La religion vient de la scission de l’être humain. Comment Nietzsche explique cela ? D'abord, en comprenant comme une révélation d'en haut ce qui n'est qu'une émanation de lui-même, il soustrait sa propre croyance au doute. Ensuite, face à une vie sans joie, où le malheur guette à chaque tournant, il se donne le moyen d'y échapper et se console de sa dureté en vivant dans l'espérance d'une autre vie. Il n’en demeure pas moins qu’il déclare dans l’aphorisme 110 de Humain trop humain que la religion est utile, même nécessaire à l’homme en ce qu’elle lui donne la force de vivre.
Quant de l’Islam, il s’est montré plutôt admiratif et le considère comme une merveilleuse civilisation (voir l’Antéchriste).
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