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Le Tory Boris Johnson prend Londres au Labour

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  • Le Tory Boris Johnson prend Londres au Labour

    "Boris a le dernier mot", proclame le quotidien conservateur Daily Mail à propos du coup de tonnerre que constitue la victoire du tory Boris Johnson, 43 ans, à Londres, sur le maire sortant travailliste, Ken Livingstone, en quête d'un troisième mandat consécutif.

    "Je travaillerai d'arrache-pied pour mériter votre confiance", a déclaré le nouveau maire, sa légendaire chevelure blonde en bataille et l'émotion contenue à l'annonce de sa conquête du mandat municipal le plus important au Royaume-Uni, en termes de budget. Le député d'Henley-on-Thames a obtenu un beau score, avec 1 168 738 voix, contre 1 026 966 pour Ken Livingstone.

    Certes, comme l'atteste le thème de sa campagne, "le changement", le trublion tory a tiré profit de l'usure de l'équipe municipale travailliste au pouvoir depuis 2000, des scandales de corruption frappant l'entourage du maire, Ken Livingstone, et des prises de position controversées de ce dernier. Certes, l'ancien rédacteur en chef du magazine de droite The Spectator a été porté par le raz-de-marée conservateur au scrutin local en Angleterre et au Pays de Galles. Le Labour s'est classé en troisième position, avec 24% des voix, derrière les libéraux-démocrates (25%) et à vingt points des conservateurs (44%).

    Mais la victoire de cette figure extravagante de la droite va au-delà de ces facteurs. Cet étrange oiseau bariolé qui passe avec aisance de la scène à la ville a su ratisser large. Il a recueilli les votes de l'électorat blanc aisé. Mais il a aussi capté les voix du désarroi des faubourgs blancs, qui se sentaient délaissés par le City Hall et son ode au multiculturalisme. Plus frappés que les quartiers du centre par le délabrement des transports publics et des hôpitaux, la hausse de la délinquance et l'envolée des impôts locaux, ces arrondissements du nord comme du sud de la Tamise ont basculé à droite. L'électorat juif aussi, rebuté par les propos prétendument antisémites du maire, a voté pour le porte-drapeau tory.

    Il avait enfin le soutien indéfectible du seul quotidien local, l'Evening Standard, l'ennemi juré de Ken Livingstone, dont les sondages bidon sur Internet ont déstabilisé la machine travailliste.

    La chance de Boris Johnson, malgré ses accents populistes, a également été de ne pas apparaître comme un tory de la vieille école, hostile à l'immigration, à la libéralisation des mœurs et aux minorités ethniques. Sa percée, il la doit aussi aux bobos, qui ont une vision sociale-libérale du capitalisme, et sont modérés sur les grands problèmes de société, mais fiscalement conservateurs. Boris Johnson a su répondre à leurs attentes, comme l'atteste sa proposition d'amnistie des immigrés clandestins. Il a pratiqué l'ouverture, tendant la main au candidat libéral-démocrate Brian Paddick, ex-commissaire, pour l'aider dans la réforme de la police.

    "TENDANCE"

    Moulé au collège privé d'Eton, diplômé en lettres classiques d'Oxford, ancien porte-parole du cabinet fantôme pour les arts, auteur d'un roman intitulé Soixante-Douze Vierges, Boris était "tendance", un anticonformiste un peu à l'image d'une ville de huit millions d'habitants, bouillon de cultures, ombilic de la planète.

    Lutte contre la délinquance, amélioration du réseau du métro, élaboration de nouvelles règles pour protéger l'environnement, consolidation de l'économie en préparation des Jeux olympiques de 2012 : l'agenda du nouveau maire s'annonce chargé et lourd de conséquences pour les habitants de la capitale. Les hommes de talent connaissent tous la difficulté de choisir entre les grâces séduisantes de l'action et les lourdes nécessités de la gestion. Boris Johnson saura-t-il faire passer à City Hall le courant de 100 000 volts qui galvanisait sa campagne ? Il devra démontrer qu'il possède les aptitudes d'un administrateur, c'est-à-dire la capacité non seulement de concevoir et de décider, mais aussi de réaliser.

    Par le Monde

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